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Monuments Men

Publié le 12 mars 2014 par Pauline R. @Carnetscritique

de George Clooney.

Sorti le 12 février.

[Critique] Monuments Men

           En 1944, une équipe d’hommes, tous issus du milieu de l’Art (conservateur, historien, architecte…), est dépêchée par le gouvernement américain pour sauver de précieuses œuvres d’Art, pillées par les Nazis sur ordre d’Hitler. La course contre la montre commence pour ces « Monuments Men », qui doivent à tout prix retrouver des chefs d’œuvre pour éviter leur destruction programmée lorsque le Führer comprendra qu’il a perdu et qu’il ne pourra créer son Führermuseum.

   On attendait donc du film de George Clooney une tension et un rythme qui relèvent de l’urgence, dans laquelle ces hommes ont agi (le film se base sur une histoire vraie). A franchement parler, on est vraiment déçu. Une vague impression de déjà vu plane sur le film. Stones (George Clooney) recrute ses hommes comme Danny Ocean le fait dans Ocean’s Eleven, et les traits d’humour qui ponctuent le film, s’ils étaient les bienvenus dans le film de Soderbergh, tombent ici à plat. La situation est pourtant grave. La guerre, bien que presque terminée, fait encore rage et on se bat toujours en Europe. Il est donc difficile de s’imaginer une bande de potes se tapant parfois sur l’épaule dans un climat aussi pesant. On est pourtant loin de La 7ème Compagnie, et le sujet aurait pu être passionnant. On est surpris de voir George Clooney, modèle de maîtrise, d’engagement et de rigueur dans ses précédents films (on pense notamment à Good Night and Good Luck et aux Marches du Pouvoir), s’enliser dans des scènes qui ne sont ni drôles ni sérieuses et profondes. Le film est découpé en scènes qui sont souvent lourdes, aux dialogues sans rythme. Les silences sont pesants, les boutades parfois maladroites. Après avoir souri et/ou ri, on a du mal à adhérer à cette histoire terrible. Difficile alors d’accorder du crédit (qu’ils méritent pourtant !) à ces hommes, tous civils et quinquagénaires, qui se plongent dans la guerre pour l’amour de l’Art. Lorsqu’ils sont finalement confrontés à l’horreur (des morts, des balles qui fusent, de la destruction), il manque cette cohérence : même lorsqu’ils sont loin de la guerre, en train d’échafauder leur plan de sauvetage, ils ne se préparent pas pour un camp scout. Ils savent qu’ils peuvent se faire tuer, mais la légèreté avec laquelle tout cela est traité est déséquilibré.

   La musique contribue beaucoup à la déroute du spectateur. Pourtant composée par l’excellent Alexandre Desplat, les roulements de tambour et la musique sautillante (là par contre, on pense vraiment à La 7ème Compagnie) alourdissent certaines scènes et les déplacements des personnages d’une ville à l’autre. Le score est bon, mais on a le sentiment que ce n’est pas le bon film que l’on est en train de voir. Monuments Men n’est pas un film de guerre, mais ce n’est pas une comédie non plus. La musique est trop légère ou trop grandiloquente, et jamais au bon moment. La voix-off (dite par Stones/Clooney) au discours pétri de bons sentiments, est sincère mais trop présente. L’environnement sonore du film n’est donc pas des plus heureux…

   Le casting de Monuments Men est prestigieux…mais sans surprise. On l’a déjà dit, on retrouve un George Clooney que l’on connaît et Matt Damon joue son bon pote. Bill Murray fait du Bill Murray et John Goodman fait du John Goodman. Soyons clair, on adore Bill Murray et John Goodman, mais le film aurait certainement demandé une direction d’acteur plus engagée. Hugh Bonneville (Lord Grantham, dans Downton Abbey) est excellent en anglais sauveteur de Madone et Jean Dujardin est bon, mais là encore on le retrouve sans surprise. La vraie « surprise » provient de Cate Blanchett, engagée pour jouer Claire, une conservatrice de musée française. Le gros problème est que, lorsqu’elle parle français, c’est avec un tel accent qu’on la comprend difficilement. Ce n’est sûrement pas un problème pour le public américain (on se souvient de l’accent horrible de Julia Ormond dans Mad Men), mais tout de même ! Pourquoi ne pas avoir casté une actrice française sachant parler anglais? Come on George, be serious !

   Jusque-là sans faute, le parcours de George Clooney réalisateur se remettra sûrement de cet écart qui laisse un goût d’inachevé dans la bouche. 

                          Pauline R.

[Critique] Monuments Men


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