Test : NuWave PS-Audio

Voici pour ce mois de mars le test du NuWave PS-Audio … Un DAC abordable donc proposé par la marque Américaine

Si l’on appréhende assez naturellement les principes de fonctionnement de la plupart des éléments d’une chaîne audio, ampli, haut parleur, lecteur de CD, voir même la structure d’un fichier son … Il n’en n’est pas de même pour cet objet encore ésotérique pour beaucoup : le DAC.
Composant longtemps ignoré car dissimulé au sein des lecteurs CD. Quel est ce mystérieux appareil, capable de transformer la raideur glaciale d’une suite binaire vers la beauté envoûtante du concerto pour violon de Tchaikovsky, comment passer de cette sphère numérique au monde de l’émotion humaine ?

La question reste posée, et nous n’y répondrons pas dans ces lignes, mais elle définit l’importance de cette strate au sein de l’empilement des technologies mises en oeuvre dans un ensemble de traitement des sons.

Un bon DAC livrera un signal analogique fidèle nuancé et cependant nerveux avec du corps et de l’espace … en un mot avec « musicalité », il participera donc pour beaucoup sur la présence de cette qualité bien difficile à définir.

Beaucoup d’amateurs ont compris l’importance de posséder un DAC performant, les constructeurs répondent à cette demande ; il existe aujourd’hui sur le marché de nombreux produits, à tous les prix de 200 à 10.000 € et plus.

C’est la société britannique « Musical Fidelity » qui a ouvert le bal en démocratisant ces dispositifs avec son fameux « VDac », qui malgré son âge ne démérite pas.

Aujourd’hui, nous avons porté notre attention sur un produit récent, le NuWave PS-Audio proposé par le constructeur américain PS-Audio qu’on ne présente plus.

Paul Mc Gowan (le P de PS) est l’un des deux co-fondateur de cette entreprise qui a vécue quelques péripéties financières, depuis quelques années, il est à nouveau directeur générale et a confirmé l’orientation de PS-AUDIO vers les technologies numériques. L’entreprise, développe des convertisseurs numériques/analogiques depuis plusieurs décennies ainsi que de nombreux matériels, dont certains assez originaux, tel un conditionneur de courant très haut de gamme. PS-Audio présente la particularité de réaliser sa production aux Etats-Unis à proximité des montagnes rocheuses, à Boulder Colorado.

Le NuWave PS-Audio est un DAC « d’entrée de gamme », mais pas de n’importe quelle gamme ! C’est l’entrée de gamme du haut de gamme. Ainsi, il bénéficie, d’évidence, du savoir faire et la maîtrise des laboratoires PS-Audio dont est issu le célèbre « Perfect Wave Dac Mark II », produit d’exception, dont le prix ne le rend accessible qu’à quelques heureux audiophiles fortunés.

NuWave PS-Audio, une élégance spartiate…

Le NuWave PS-Audio s’inscrit dans l’esthétique générale des produits de la marque. Le châssis est inséré dans un ruban d’aluminium noir ou argent, les angles sont arrondis, l’ensemble est sobre, élégant et reflète sans aucune agressivité une réelle robustesse.

La partie supérieure est fermée d’une plaque d’altuglass noire ; ce matériaux très esthétique semble cependant vulnérable et craint les rayures, il conviendra donc d’en prendre le plus grand soin notamment en cas d’empilement d’appareils.

A la mise sous tension, le logo de la société, ainsi que les différents voyants indiquant le statut de l’appareil s’éclairent d’un bleu particulièrement bien choisi, en harmonie avec la distinction générale du design.

Six diodes et deux boutons poussoirs permettent de choisir la source numérique et de sélectionner le mode « Natif » ou « 192 Htz ».

Caractéristiques et spécificités du NuWave PS-Audio

Quelques chiffres sortis de la fiche constructeurs :

• Convertiseur Bur Brown 24/192 (SRC4192)
• Etage analogique pure classe A (transistors FET)
• Filtrage analogique passif
• Distortion harmonique 0,0005%
• Marge dynamique 123 db
• Entrées :
• 1 Optique Toslink
• 1 S/PDIF coaxiale
• 1 USB 2.0 asynchrone – 24 bits et 192 kHz compatibilité directe Mac, driver nécessaire avec Windows
• Sorties :
• Stéréo RCA
• Stéréo XLR
• Dimensions L/H/P : 215 x 355 x 69 mm
• Poids : 6 kg
• Couleurs: silver ou noir

C’est le transformateur, qui est responsable du poids élevé du NuWave (6kg). Il s’agit d’un modèle toroïdal de forte puissance, énorme par rapport aux besoins réels de cet appareil.

Le « sur-dimensionnement » des alimentations apporte aisance et spatialité dans la reproduction des sons, le courant fourni par cet impressionnant transformateur est filtré, régulé et stabilisé par des composants de qualité, l’ensemble fournit un système d’alimentation linéaire performant.

Tous les composants logent facilement dans le boitier pourtant de taille plutôt modeste par rapport à la folie des grandeurs qu’affichent d’autres constructeurs … bien souvent pour ne rien mettre dans des « carcasses » d’apparats.

Deux modes d’échantillonnage sont disponibles, le mode « Natif » qui respecte l’intégrité du flux numérique entrant et le mode « 192 kHz » qui sur-échantillonne, systématiquement à cette fréquence et sur 24 bits, les données quelque soit la fréquence et le format d’origine. Une touche sur la face avant permet de basculer d’un mode vers l’autre.

Sur le principe et l’utilité de ces modes les avis sont partagés, beaucoup de DACs n’offrent pas d’options, ils sur-echantillonnent par défaut. Il semble de bon sens de penser que la qualité d’un enregistrement est strictement liée au format d’origine, le sur-échantillonnage qui impose un traitement supplémentaire ne pouvant qu’apporter distorsions ou artefacts. D’autres pensent que l’inclusion de bits de données intermédiaires ajoute à la précision du message ? A chacun sa religion. Concernant notre NuWave, la différence entre les deux modes est tellement subtile que la question se pose à peine, nous avons ressenti un très léger élargissement de la scène sonore en mode « 192 kHz », mais la restitution semble plus naturelle en mode « Natif » (mode recommandé par PS-Audio !).

L’interface USB est réputée performante, asynchrone XMOS, elle traite les flux dont la résolution peut atteindre  192 Htz sur 24 bits. Elle est directement compatible avec un MAC, mais nécessitera l’installation d’un pilote spécifique pour une utilisation sous Windows, téléchargeable depuis le site PS-Audio. Rien n’est précisé quant à une connexion Linux.

Le filtrage analogique utilise une technologie passive par conversion de tension, à l’aide de composants discrets. PS-Audio précise que ces circuits fournissent un son plus naturel, exempt de sonorités artificiellement brillantes voir métalliques.

L’étage de sortie est lui aussi réalisé avec des composants discrets de qualité audiophile, aucun ampli opérationnel intégré n’est utilisé. Ce circuit fonctionne en pure classe A.

Enfin, la connectique est disposée sur la face arrière de l’appareil, et comporte deux types de sorties analogiques RCA et XLR, et de manière classique trois entrées numériques USB, Optique et Coaxiale.

L’écoute est elle en rapport avec la technologie ?

L’écoute est d’entrée de jeu très agréable, les sonorités sont flatteuses mais cependant homogènes. Bien que les médiums soient très légèrement en avant,  la cohérence des fréquences est bien respectée ; cette géométrie ajoute un léger relief à la scène sonore. Les aigues sont clairs, précis, sans agressivité ni sifflement, les basses, naturellement présentes, sont sèches et bien tenues, l’espace est très aéré et la scène sonore bien respectée tant en panoramique qu’en profondeur, avec beaucoup de détails sur l’ensemble des registres. On oublie totalement l’origine numérique de la source.

Comme la plupart des DAC de cette gamme, le Nu-Wave a parfois quelques difficulté à disséquer les messages très complexes, dans ce cas un léger flou peut être ressenti.

Quelques retour d’écoute …

Les Basses Réunies – Bruno Cocset : Gabrielli : La Nascita del Violoncello» (Grave – presto e spirituoso)

Cet enregistrement de Bruno Cocset, est réussi. La présence du violoncelle est remarquable, servi par une maitrise sans faille, les attaques sont franches et viriles, la sécheresse naturelle des basses ajoute à la pureté du message. La restitution offerte par le NuWave, est  transparente, avec une fidélité des détails remarquable, chaque coup d’archet est ressentis avec ce petit grincement spécifique  à cet artiste. Il est à noter que Bruno Cocset utilise un violoncelle  dont l’architecture favorise les aigus.

Jacques Duphly (C. Rousset)  (1er livre – Rondeau en do)

Ce disque, enregistré dans le même esprit que le précédent,  devient sophistiqué par sa sobriété, sa simplicité et la qualité exceptionnelle de prise de son. Le clavecin est présent avec cette réverbération particulière due à la structure de l’instrument. La musique est magnifique, et l’on perçoit avec  précision  les petits bruits de la vie et de la mécanique du clavecin. Notre DAC fait le job, et pourtant il sait se faire complètement oublier.

Antonio Vivaldi « La Violle de Gambe en Concerto » Jordi Savall (Concerto con 2 Violini e Viola da gamba – II. Allegro, adagio e spiccato)

Un enregistrement difficile ; très peu d’équipements s’en sortent indemnes … Le message est tellement riche et complexe, qu’il devient difficile  à certains moments de séparer les instruments, c’est ici que le léger flou indiqué plus haut se fait remarquer, toujours à la marge et juste lorsque la charge des violons est à son paroxysme, tout reprend sa place dès que l’interprétation se simplifie. On pardonnera aisément ce petit « défaut » qui n’est apparu que sur cet enregistrement.

The Bassface Swing Trio-Plays Gershwin » (I Got rythm) 16/44.1 khz

Cet enregistrement est remarquable par la clarté et la « brillance » de la batterie, ainsi que par la réalité du piano, sec et percutant à souhait, l’ensemble installé dans un espace bien délimité dans toutes les dimensions entraîne l’auditeur dans une salle de répétion de dimensions modestes, c’est vivant et humain.

Là encore aucun reproche à formuler. Le NuWave  confirme ses qualités en restituant un message musicale fidèle, modelé, bien timbré, exempt de défauts.

Virginie Teychene – Bright and Sweet  (Shiny Stockings)  16/44.1 khz

Bien que française cette chanteuse à choisie de s’exprimer en anglais sur ce disque intimiste mais relativement sophistiqué.

La batterie et  la réalité des cymbales occupent toute la place,  suivi de près par un piano incisif et même parfois en décalage. Le chorus de trompette tombe à point et  inhibe complètement l’impression intimiste du début.

Donc un morceau avec une ambiance et une histoire que  le DAC raconte avec fidélité et transparence, la musique est vivante avec ce petit plus du au relief, apporté sans doute par la très légère mise en avant des médiums.

Conclusion …

Ce DAC, on l’aura compris nous a séduit, pour l’ensemble de ses qualités. Les technologies mises en oeuvre démontrent leurs efficacités notamment en supprimant toute fuite numérique et assurant ainsi une quasi disparition d’agressivité et de timbres métalliques. Nous sommes réellement dans un monde analogique s’approchant de la douceur d’un vinyle avec la dynamique en plus. Les timbres font preuve  d’une réalité surprenante, les dimensions de la scène sonore, définies avec précision, révèlent un véritable espace en trois dimensions.

La fabrication sérieuse de cet objet augure d’une bonne robustesse,  et le design est particulièrement réussi. Le NuWave, dispose des fonctions nécessaires et suffisantes pour un produit de cette gamme ; un second jeu d’entrées aurait cependant été bien venu.

Le prix en France reste raisonnable, puisque ce DAC est actuellement proposé pour moins de 900€. Voici un produit de qualité, parmi les meilleurs de cette gamme, d’un bon rapport qualité/prix qui saura plaire à de nombreux audiophiles, quelque soit le type de musique  choisie.