Quand JFK s'en prend, ou du moins, croit... s'en prendre aux médias dominants, médias de masse... c'est Papy qui fait de la résistance... avec des armes en plastique et des fusils painball face à un ennemi pourtant redoutable : les actionnaires des médias et l’Etat.
Car, après Pierre Carles, Acrimed, et tout dernièrement, le sociologue allemand Niklas Luhman qui nous montre que les médias n’informent pas sur le réel mais le sélectionne par bribes et le fabriquent (à propos de Luhman, c’est ICI)… force est de constater que la dernière publication de JFK, "L'Horreur médiatique" (chez Plon, 178 p., 10 euros que vous n'aurez nul besoin de dépenser... rassurez-vous !) ne se donne les moyens de rien et sûrement pas de nous expliquer quoi que ce soit sur qui que ce soit.
En effet, tout au long de l'ouvrage, JFK évite de poser la question suivante : pourquoi les médias se refusent à toute analyse exhaustive pour une représentation objective, contextuelle et prospective des personnalités, sujets, catégories et pays suivants :
- Dans un premier temps : Poutine, l'Iran, le Hamas, Dieudonné, Mélenchon,Tariq Ramadan, Alain Soral, Hugo Chavez, Taddéï, les représentants syndicaux en rupture de ban et grandes gueules, les classes populaires, les rappeurs, les Musulmans, les femmes voilées, les économistes alternatifs, les partisans d'une autre Europe avec ou sans l'Euro, la critique de l'Otan, les anti-nucléaires…
- Et dans un second temps : - Pourquoi les médias ne s'autorisent plus aucune critique des USA et d’Israël ?
- Pourquoi les médias sont complaisants avec les Femen et impitoyable avec les représentants de "la manif pour tous" ?
- Pourquoi les médias refusent, à propos des conflits dans lesquels sont impliqués les USA, Israël, l'Arabie Saoudite et le Qatar, toute mise en perspective géopolitique, historique et économique qui prendrait en compte les intérêts de toutes les parties concernées, du Liban à la chute du mur de Berlin, de la Somalie aux événements du 11 Septembre, de l'Afghanistan à l'Irak, la Libye, la Syrie et la menace qui pèse sur l'Iran... jusqu'aux derniers soulèvements de l'Egypte... quand on sait qu'en dernier ressort, ce sont rarement les peuples qui décident de leur avenir mais plutôt les véritables protagonistes-instigateurs de tous ces conflits… car, se refuser à toute mise en perspective globale, c'est encore une fois prendre le risque de déconsidérer la profession de journaliste à propos de laquelle la rumeur va bon train : "Qu'est-ce qu'il y a de plus bête qu'un journaliste ? Un autre journaliste, grand-reporter de préférence !"
Aussi, à propos de toutes ces questions, notre réponse ne se fera pas attendre.
Sont en cause...
1 - Les actionnaires de ces médias : la Banque, l’Industrie du luxe et de l’armement, tous voués, l'Etat compris, à la cause d’une mondialisation sans scrupules, sans honneur ni justice, dévastatrice des cultures, des peuples, des nations, des démocraties, des souverainetés, des régimes et de la moindre aspiration à plus de justice pour tous dans un environnement qui aurait pris toute la mesure de la nécessité de repenser la complexité du monde, pour mieux nous proposer un monde virtuel, sans altérité ni pluralisme.
2 – Les salariés de ces médias, plus connus sous le nom de "journalistes"… qui occupent ce qui n'est plus que des « jobs » dont on n’ose à peine montrer la feuille de paie, de honte et de peur du ridicule selon le principe suivant : « Dites-moi combien on vous paie et je vous dirai quelle idée on se fait de l’emploi que vous occupez ». Et puis, les gros salaires de« patrons de presse » qui, dans les faits, ne sont que des salariés sur-payés dont la tâche principale consiste à maintenir un statu quo autour du métier de journaliste - Laurent Joffrin qui vient d’être remercié par les actionnaires du "Nouvel Observateur" pour mauvais résultats, tout chef de vente qu’il était… et sûrement pas pour manquement à ce pour quoi il était payé : « pas de vague, pas de vague, surtout pas de vague ! Profession chaque jour humiliée : une formation au rabais, un statut précaire, pas de culture politique, moins encore… de connaissances géopolitique, philosophique et historique ; quant à l’économie… en dehors du crédo libéral voire ultra libéral... « le marché, tout le marché rien que le marché et Wallstreet !»… on déplorera une méconnaissance abyssale des « théories de rupture économique » ; profession dans laquelle une soumission totale est exigée… sinon... c’est la porte et Pôle-emploi avec obligation de reconversion car la presse est un petit milieu ; on a vite fait d’être black-listé.
3 - La passivité des lecteurs car il semblerait que... très vite, tout abonné qui pense avoir trouvé son journal fasse rapidement le choix de se réfugier dans une acceptation quasi totale de ce qui lui est à la fois donné à lire et de ce qui ne lui est jamais donné à découvrir et à comprendre, sans doute dans le souci d'une tranquillité d'esprit et d'un meilleur confort mental car, il est vrai que rien n'est plus anxiogène que la dissidence quand on n'y est pas préparé soit en tant qu'acteur ou soit en tant que témoin-lecteur-téléspectateur.
Surprenant la rapidité avec laquelle des lecteurs et autres auditeurs renoncent à chercher à savoir ce qu'ils ignorent sous prétexte qu'ils croient que leur journal ou leur radio leur dit tout ! Et comment tout esprit critique leur apparaît soudain comme une attaque frontale intolérable contre ce nouvel ordre médiatique auquel ils ont choisi de se soumettre. Il est vrai que le meilleur des esclaves est celui qui se passe lui-même la chaîne autour du coup avant de verrouiller le cadenas et de jeter la clé.
Arrive alors la certitude suivante chez des lecteurs critiques et avisés : si d'aventure, un journaliste devait penser différemment, il ne pourrait à aucun moment l'écrire. D'où, les raisons du discrédit de ces médias (83% des Français ne leur font pas confiance) dont les propriétaires refusent que des points de vue divergents puissent s'exprimer au sein des rédactions car toutes doivent converger : du Nouvelobs au Figaro ; et c’est la raison pour laquelle tous vont et viennent d’une rédaction à l’autre ; il suffit de penser à un Franz-Olivier-Giesbert : il les a toutes faites !
Sans doute dans le souci d'échapper à une mise en accusation redoutable, quasi mortelle professionnellement, commercialement et socialement - à savoir : l'accusation de conspirationnisme contre tous ceux qui auraient la malveillance de voir un tout petit peu plus loin que le bout de leur nez et leur fiche de paie -, les rédactions demeurent comme pétrifiées et redoutent le faux pas, celui que leurs actionnaires et leurs alliés - la caste politico-économique et quelques leaders communautaires et d'opinions -, ne lui pardonneront pas.
Et pourtant... souvenez-vous : il y a 40 ans, les "conspirationnistes" d'aujourd'hui portaient tout simplement le nom de "journaliste d'investigation". Mais alors... comment en 20 ans est-on passé d'un journalisme spécialisé et d'investigation à la parole d'experts à la solde des multinationales et des chancelleries, jusqu’à l’arrivée d’Internet qui permet aujourd’hui une prise en charge alternative de cette information qui n’est plus... car, n'étions-nous pas tous en droit d’espérer que les médias soient un outil dédié à la diffusion... à partir d’une actualité donnée, un fait de société, une préoccupation d’ordre politique ou économique, une question qui toucherait à l’éthique, de toutes les analyses disponibles émanant d'acteurs avisés et informés ?
Ou pour le dire autrement : n'étions-nous pas tous autorisés à appeler de nos vœux des médias ouverts à tout ce qui se pense sur un sujet en particulier et pas simplement à ce que la rédaction du journal souhaite donner à penser à ses lecteurs car, à bien y réfléchir, les journaux indépendants financièrement (après tout, le groupe médias Lagardère est lui aussi financièrement indépendant !), sont libres de tout sauf de l’opinion de ceux qui les financent, lesquels sont à l’origine de tous les choix éditoriaux qui sont faits. Or, des choix éditoriaux n’ont jamais fait avancer l’information quelle qu’elle soit sur quelque sujet que ce soit car, si un journal peut être libre, il ne l’est sûrement pas de sa propre propagande – choix par avance biaisé donc parce qu’en faveur d'une information aux couleurs du drapeau de la rédaction du journal.
Pour cette raison, l’avenir n’est pas à « une information libre » qui n’est qu’un slogan. Non, l’avenir est bien à toute l’information disponible sur un sujet donné ; une information qui, à un instant T, reprendrait toutes les analyses produites. Et cet avenir-là, qu’on le veuille ou non, souhaitable ou pas, c'est Internet et son temps réel qui l’a déjà sculptée et rendue quasiment inévitable.
Aussi, le constat suivant s'impose, un rien terrifié : en l'absence d'Internet, force est de constater qu'il n'y aurait aujourd'hui plus aucun moyen de diffusion d'une liberté de penser qui ne doive rien à des médias sous influence et qui, pour leur déshonneur, ont réduit cette liberté à une peau de chagrin.
Mais alors, est-ce à dire qu'il y aurait un ange qui veille sur nous ? Car si Internet permet encore la liberté d'expression, Internet, c'est aussi la balle qu'un système verrouillé à double tour, est encore capable de se tirer dans le pied, et ce à notre grande satisfaction.
Décidément, personne n'aura ce qu'il veut ! Ni eux qui ne veulent rien pour nous, ni nous qui voulons tout face à ce rien qui nous est proposé, car Internet, aujourd'hui, c'est bien toute la mémoire du monde ! Et moins on oublie, plus on se souvient... et plus on se souvient, plus difficile est le mensonge.
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Allez papy JFK... encore un effort ! Côté dissidence, t'y es presque même si... à des années lumière !
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