ALCOOL: Quand et comment il mène à l'agressivité – IREB

Publié le 13 mars 2014 par Santelog @santelog

Approfondir la compréhension de l’ivresse et de l’utilisation de l’alcool dans les situations de conflit, c’était le thème -trop peu souvet abordé- de la 43ème Matinée scientifique de l’Institut de Recherches Scientifiques sur les Boissons (Ireb), consacrée à la relation entre la consommation d’alcool et les comportements agressifs ou violents. Les dernières données et expertises confirment que l’alcool et notamment l’ivresse s’avèrent bien globalement associés à l’agressivité et à la dangerosité, pour les buveurs et pour ceux qui les entourent. Ces ivresses répétées expriment aussi une grande souffrance qu’il convient, aussi, de prendre en charge.

Durant cette matinée, un panorama des études internationales conduites sur le sujet, des recherches expérimentales menées par l’Ireb et l’intervention experts ont permis d’approfondir le lien entre l’alcool et les comportements agressifs. Cette revue des données disponibles confirme l’existence d’une relation de cause à effet et permet d’éclairer le mécanisme sous-jacent à cet effet de la prise d’alcool.

Des données épidémiologiques confirment la réalité du lien et suggèrent que moins d’alcool équivaudrait à une baisse des violences. Plusieurs. Ainsi l’Ireb cite différentes sources associant alcool et violence ou agressivité :

·   Les sources policières et judiciaires estiment entre 30 à 70%, l’incidence de la présence d’alcool chez l’auteur et/ou les victimes de violences.

·   Des études géo-spatiales conduites aux Etats-Unis concluent à une certaine coïncidence entre les lieux d’homicides et l’implantation des débits de boisson.

·   D’autres sources, comme des données auto-déclarées ou relatives aux violences faites aux femmes, montrent aussi une présence de l’alcool.

·   Des études expérimentales indiquent une relation dose-dépendante (entre la dose consommée et les comportements agressifs).

Les effets de l’alcool ne sont pas homogènes, cependant, et vont dépendre de l’environnement social.

Expliquer cet effet spécifique de l’alcool passe par

·   l’effet pharmacologique (effets psychomoteurs, contrôle inhibiteur…) qui favoriserait  » la myopie alcoolique « , un phénomène qui tend à exacerber le rôle du contexte environnant vers un comportement agressif en cas de conflit.

·   les effets d’attente, c’est-à-dire liés aux croyances des consommateurs, sont également invoqués.

Une «  exception  » : Une étude conduite à Grenoble par l’équipe de Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale à l’université Pierre Mendès-France de Grenoble montre cependant que la mesure d’agressivité est bien corrélée avec le profil psychologique des volontaires mais non à la dose d’alcool (vs placebo). Mais l’Ireb, dans son communiqué précise que cette étude singulière ne peut être opposée à elle seule aux méta-analyses ayant montré clairement un lien alcool/violence.

·   Différencier l’ivresse de l‘alcoolisme chronique -qui peut perdure pendant plusieurs décennies : L’ivresse du buveur non alcoolique est en cause dans les violences éruptives, non préméditées, dénuées de tactiques, comme de stratégies froidement conçues en amont du boire, comme le vol ou la vengeance.

·   La violence du buveur alcoolique qui bat sa femme pendant des années est liée à soit un délire de jalousie typique de sa pathologie, soit à un système de croyance culturelle : il la bat quand il a bu et aussi quand il n’a pas bu. Dans ce cas, l’alcool est un déclencheur du passage à l’acte violent, mais pas sa cause unique.

Les autres facteurs de confusion ou déclenchants peuvent être la grande fatigue, le manque de sommeil chronique, la précarité, les situations douloureuses, l’effet de simplification que produit le choix de la haine, qui peut être un puissant psychotrope antidépresseur et anxiolytique.

Les situations d’ivresse sont très hétérogènes. Elles peuvent comprendre, au début, une jubilation collective, un changement de temps social mais aller jusqu’à l’acte violent sans conscience et sans préméditation. Ce sont à la fois la désinhibition et une sorte de coupure d’avec le monde réel qui rendent la situation dangereuse pour le buveur et son entourage.

Il ne faut pas enfin oublier que l’agressivité du buveur ivre est une réponse à une souffrance et il convient de prendre en charge cette souffrance pour réduire cette propension à l’ivresse, a fortiori si elle est chronique.

Source: Compte-rendu de l’Ireb Matinée Alcool et agressivité (Visuel Fotolia)

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