Hiver 1947-1948
La lutte contre la famine et contre les effets délétères des radiations se poursuit avec une virulence toujours aussi acharnée. Les plus faibles continuent de céder à la fatigue et à cette « maladie de la bombe » qui explique en partie l’occupation du territoire par l’armée américaine. Jusqu’alors, la cohabitation semblait avoir été bien toléré par Gen et ses proches bien que les militaires, avec leurs manières de pachas bien nourris et dominateurs, n’aient pas hésité à asservir les gamins japonais en les poussant à mendier de la nourriture par des chants et des spectacles bouffons. Mais lorsque la mère de Gentombe malade et qu’un médecin inexplicablement charitable vient l’observer et lui conseille de se rendre à l’A.B.C.C., une nouvelle facette de l’occupation américaine se dévoile à leurs yeux. L’A.B.C.C. désigne l’Atomic Bomb Congressional Commission dont la mission est de récolter les informations concernant les radiations atomiques et leurs effets sur les êtres vivants. Ces informations, dans la rivalité avec l’U.R.S.S., doivent être tenues dans la plus haute confidentialité et ne servent absolument pas aux premières victimes des radiations, cobayes condamnés par avance.
Chaque volume de Gen nous fait découvrir de nouvelles aberrations. Entre temps, la lutte contre la faim et la débrouille entre gamins se poursuit, couronnée par une force vitale et une espérance acharnées qui sont admirables. La misère semblerait presque pouvoir sévir autant qu’elle le veut tant que de petits îlots de solidarité continuent à atténuer les souffrances. De telles dispositions sont-elles faites pour durer ?
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