Chialer et se plaindre, c'est bon... un moment. Pas trop quand même! Autrement, c'est trop risqué de sombrer dans la déprime.
Justement, c'est une théorie que j'essaie d'inculquer à MissPuDeLulu. Depuis le début de l'année, dans sa classe, il y a une période de "jasage" le vendredi après-midi. Chacun peut mettre un sujet de discussion (un problème, un événement, un truc qui lui arrive, etc.) dans une petite boîte durant la semaine et ensuite le vendredi, les suggestions sont pigées une à une. Et tout le monde peut donner son avis ou ses conseils. Je trouvais l'idée chouette... au début! J'aime bien l'idée qu'on se défoule, qu'on ne garde pas en soi ses problèmes, qu'ils discutent, qu'ils s'écoutent, etc. Il est toujours bon de ventiler pour ne pas rester seul avec son problème. On en a tous besoin.
Toutefois, là, je trouve que cette idée est plus compliquée. Énoncer un paquet de trucs, se plaindre et chialer, c'est facile. Mais ensuite? Il faut réfléchir, se repositionner, recommencer, essayer de nouveau, se poser des questions et se mettre en mode action.
Je n'ai pas ben ben de patience pour le chialage sans actions. La plaignardise, très peu pour moi. Et je constate que MissPuDeLulu a tendance à sombrer du côté obscur et voir son verre à moitié vide. Oh! elle est capable de dire ce qui ne va pas, mais n'arrive pas ensuite à mettre en place un plan d'action pour que les choses changent. Ce n'est pas tout de râler, il faut se bouger. La sur-enchère du malheur est-elle une tare de la préadolescence? Je ne sais pas, mais là mon plus grand défi est de lui montrer qu'il est facile de se plaindre, mais que passer une vie à se gratter les bobos, ça ne fait pas une vie intéressante (et les autres ne nous trouvent pas plus intéressantes!). Oui, on en parle; c'est bien. Je ne le nie pas du tout. Mais après, on se trouve une carotte pour se motiver à changer...
Au début du secondaire, je gardais, après l'école, des enfants dont un enfant très difficile. Très. Je rentrais chez nous en pleurant chaque soir, épuisée et découragée. Mes parents m'ont écouté me plaindre, mais un jour, ils m'ont donné un truc. "Là, tu ne pourras pas brailler à tous les jours. Trouve-toi une motivation, un but à aller garder là!" Bien sûr, ça aurait été plus facile de me dire d'abandonner, mais ils me suggéraient d'essayer au moins de me motiver autrement pour réussir et trouver mes heures de gardiennage moins pénible. J'avais 13 ans et ce qui me faisait envie était un jeu de hockey sur table pour m'amuser les weekends avec ma gang d'amis. Le jeu valait 120$. J'ai découpé l'image dans un circulaire et je l'ai mis en évidence dans mon agenda. J'avais ma première carotte. Depuis, je fonctionne avec des carottes pour me motiver à faire un effort, essayer de voir les choses sous une autre perspective et me pousser vers l'avant.
Une carotte, ça demande un 2e effort, mais ça fait de nous des gens qui n'abandonnent pas et qui se donne le moyen de marcher vers son but. Tranquillement par bout, mais en ayant un objectif en tête. Ce n'est pas facile, mais ça donne un sens à ce qu'on fait... et aux longues heures de travail, les journées plus difficiles, etc.
Ah! Et puis, je vous partage ma carotte du moment: un weekend avec trois amies sur le bord de la mer au début de juin. Avouez qu'elle est belle ma carotte (surtout en journée post-tempête!).
Et vous, quelle est votre carotte présentement ?