Parution en 2005
L'histoire : Maximin est un tout jeune homme révolté et la tête plein de rêve. Il vit avec sa mère, ses frères et soeurs à Bras la Boue, un bidonville proche de St Denis, à la Réunion. Son quotidien, c'est ennui, désoeuvrement, misère, poussière, petits boulots minables et une collection de "Non" quand il se présente pour un emploi. Alors que pas très loin, vit l'autre société Réunionaise. Les riches, dans leur villa, belle voiture, beaux vêtements, poste dans l'administration.
Mais Maximin a entendu des rumeurs.... Il existerait, sur l'île une multitude de trésors encore cachés. Des trésors datant de l'époque des pirates et de flibustiers. Maximin part, se promettant de découvrir un trésor, et ainsi, de gagner sa place au soleil.
tentation : Le pitch, l'exotisme
Fournisseur : Ma PAL (livre acheté lors de mon voyage à la Réunion)
Mon humble avis : C'est une bien belle histoire que nous conte là Bernadette
Thomas et mes mots sont choisis... En effet, on n'est pas loin du conte, de la fable... qui s'adresserait plus, je pense, à un lectorat adolescent, même s'il n'est pas interdit encore
aux adultes de rêver. Cette jolie histoire, celle d'une quête, est plutôt simple, comme le message qu'elle distille : Pour trouver un trésor, encore faut il ouvrir les yeux... le trésor
c'est le bonheur et le bonheur, c'est les autres. Bref, il en faut un peu plus, à moi la quadra désabusée, pour m'extasier devant une telle évidence
Je veux ma place au soleil nous emmène dans la Réunion loin des cartes postales et des circuits touristiques, donc la Réunion
que je n'ai pas vraiment vu lors de mes vacances là-bas il y a déjà un an et demi
Comme dit dans la quatrième de couv, Bernadette Thomas nous montre une Réunion à deux vitesses et s'attache particulièrement à décrire la Réunion des oubliés, et ce de l'intérieur. Le premier tier du livre nous fait évoluer dans un microcosme on ne peut plus créole, dans un bidonville de la banlieue de ST Denis. C'est cette partie là que j'ai préférée. Très intéressante, vivante, ponctuée de quelques phrases créoles (très compréhensible). On y constate la débrouille des uns et des autres, le courage des mères malgré leur ignorance culturelle et alphabétique. L'espoir ou "l'attrappe couillon" représente l'école pour certains. La poussière, les cases qui tiennent à peine debout. Les us, les coutumes, les légendes, les croyances. La soumission des ainés à un système qui les écrase mais qu'ils n'ont pas la force de combattre, et la peur qu'ils ont de perdre le peu qu'ils possèdent. Et la révolte sous-jacente des jeunes devant ce à quoi ils n'ont pas accès. Et surtout, l'auteur se penche de très près à l'hypocrisie des visites politiques officielles. En effet, le quartier de Bras la Boue reçoit la visite de la Première Dame... Dès ce passage annoncé, alors là, la commune transforme ce bas quartier en un semblant de petite banlieue où il fait bon vivre, multipliant les caches misères.
Puis, avec Maximim, nous quittons Bras la Boue pour l'intérieur du pays, les montagnes, puis la côte Sud et Sud Est. Les gens y ont une autre mentalité, qui n'ont jamais vu la ville, voire jamais quitté leur village. Oui, là où mécaniquement un touriste peut faire le tour de l'ïle en une journée (sans rien voir, on est d'accord), certains réunionnais ne le font jamais en une vie. C'est un constat qui ne manque jamais de m'ébranler.
Ce livre est donc très instrutif à plus d'un titre : humainement, culturellement, "botaniquement".... Il est toujours intéressant de savoir comment l'on vit à l'autre bout du monde, qui plus est un bout du monde qui s'appelle aussi la France et qui lui donne aussi son visage si multiple et cosmopolite. Ce livre est à mettre dans toute les mains d'une jeunesse qui rêvent parfois d'un ailleurs avec les mauvaises cartes en main. Et puis rappelons le, l'histoire est mignonne malgré tout, même si trop mignonne pour moi en fait.
Il est temps aussi de remarquer le style et l'écriture magnifiques de Bernadette Thomas qui use à bon escient d'une très belle poésie. J'ai ressenti la chaleur étouffante, la verdure, le souffle des alizés. J'étais là-bas en fait.