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Halte à l'urbanité culturelle envahissante !

Publié le 29 avril 2008 par Gnomeinwonderland

La France est très majoritairement urbanisée, et j'ai vécu mes premières 17 années en banlieue parisienne. Maintenant que je suis un rural... que fait-on des non-urbains ? Et moi, rural de la montagne ? Voici un regard sur les réseaux sociaux et leurs tendances à considérer que seul le monde urbain existe...

Si vous êtes habitué(e) des réseaux sociaux, vous avez-peut-être comme moi (grand spécialiste de la "lecture 3ème degré" des choses) été saisi par la tendance à la normalisation urbanisante des profils des membres.

Un certain décalage...

Essayez MySpace, Facebook, LinkedIn, Viadeo... et tous ceux (nombreux) que je ne cite pas, et vous verrez : la tendance est identique sur chaque plateforme. La normalisation que l'on y trouve est étouffante :

  • vous observerez les photos des profils : quand celles-ci sont "vraies", rares sont les coins de ciel. Les murs, les ambiances "ville" ou "résidentielle" sont omniprésentes.
  • vous observerez les descriptions : on y trouve de grands concours de langue de bois, qu'elles soient techniques ou artistiques, ou plus largement culturelles... Un seul point commun : le gavage, comme si l'internaute de passage était une oie à préparer pour le foie-gras...
  • beaucoup de choses (tout ?) peut se résumer à des joutes verbales et de signes. Il s'agit d'accumuler une somme impressionnante de signes de distinction sociale de toutes sortes : via des citations, des images, des photos, des extraits sonores...

Bref... la visite de l'immense majorité des profils que l'on trouve dans les réseaux sociaux est en profond décalage avec ce que nous sommes et ce que nous vivons, nous, "ailleurs qu'en ville".

Notre vie ne peux pas être la même

Notre vie quotidienne ne peut pas être la même. Nos loisirs ne peuvent pas non plus être les loisirs des urbains. Nous vivons là où nous pratiquons nos activités professionnelles ET nos activités de loisir. Chez nous, on ne fait pas du fitness : on fait du sport. La vie non-urbaine, c'est notre quotidien, nos loisirs quotidiens. Pour nous, la non-urbanité n'est pas forcément synonyme de vacances.
L'urbanité ou la ruralité, sauf dans le cadre d'un confort de vie (que personnellement je n'ai pas eu), ça ne se choisi pas. On choisi rarement d'être ceci ou cela. Un truc qui m'a toujours dérangé, c'est de tenir un discours en ométtant de considérer qui on est et dans quelle position on se trouve, parce que ça explique en général pouquoi on tient ce discours... Soit, en d'autres termes :

  •  je suis un urbain alors j'emet des signes d'urbanité dans mes profils de réseaux sociaux;
  •  je suis un rural alors j'emet des signes de ruralité dans mes profils.

Cette dernière proposition pourrait s'appliquer à moi. Mais vous aurez remarqué à quel point le Yet Another Blog développe et joue d'une syntaxe et d'une haute distinction typiquement urbaine en leur associant toute une sémiotique ruralo-paradigmatique afin d'habilement jouer à la fois de la ruralité de montagne et de l'urbanité, comme en pâlirait sûrement de joie l'immense Roland Barthes  ;-)

L'urbanité-isation des esprits

Ce qui me dérange le plus, c'est la "ruralisation des esprits", dont les réseaux sociaux font preuve. Très probablement d'ailleurs parce que leurs membres sont très largement urbains plutôt que ruraux, et que oui, forcément, des logiques identitaires sont en jeu dans les réseaux sociaux.
Plus ennuyeux encore est le fait que beaucoup de logiques qui nous sont proposées répondent à un schéma urbain.
Je vous donne un exemple stupide : ça fait 3 ans que je ne trouve plus de quoi me chausser ! Sorti des chaussures "sport", j'ai en gros le choix entre des escarpins en cuirs ou des chaussures de bowling... Qu'est-ce que vous voulez que je fasse avec ça ? Dites-moi comment je fais l'hiver pour marcher sur une couche de neige, même pas très épaisse et bien tassée ? J'ai l'air de quoi ?
La fréquentation des réseaux sociaux me fait ressentir une "urbanisation des esprits", avec un  modèle culturel urbain qui hélas s'impose dans les esprits jusque dans les modèles de consommation et puis dans les modes de vie. Et je trouve ça malheureux.
Il me semble que dans cette mesure, faire sa place à l'identité rurale ne peut pas se limiter à une lutte identitaire juste par opposition à l'identité urbaine...


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