How I Live Now (Maintenant c’est ma vie) // De Kevin Macdonald. Avec Saoirse Ronan et George Mackay.
Voilà un film bien étrange. Etrange car je m’attendais à quelque chose de poétique et d’ambitieux mais ce film est finalement un vrai trou d’air bourré d’anxiolytiques. Kevin
Macdonald, à qui l’on doit notamment les très bons Le Dernier Roi d’Ecosse ou Jeux de Pouvoir, tente ici quelque chose d’un peu plus petit et personnel.
On sent que ce récit de science fiction, nous racontant les aventures d’une adolescente new-yorkaise qui se retrouve en plein milieu d’une guerre. Dans le genre récit d’anticipation, cela me
rappelle énormément Les Derniers Jours, un film espagnol sur l’arrivée d’un virus. C’était tout aussi conformiste et ennuyeux que How I Live Now. Disons que ce
qui manque à ce récit c’est de l’ambition. Ce qui aurait très bien pu faire la base d’un très bon film se termine en queue de poissons où le film ne fait finalement pas grand chose pour
surprendre le téléspectateur si ce n’est nous offrir un périple qui ne cherche même pas à faire de beaux effets de mise en scène. Danny Boyle en aurait certainement fait quelque
chose de brillant et soigné, là où Macdonald se contente d’une recette éculée.
Daisy, une adolescente new-yorkaise, passe pour la première fois ses vacances chez ses cousins dans la campagne anglaise. Rires, jeux, premiers émois… Une parenthèse enchantée qui
va brutalement se refermer quand éclate sur cette lande de rêve la Troisième Guerre Mondiale…
Si je devais comparer How I Live Now, je pense que je le comparerais avec Les Fils de l’Homme de Alfonso Cuaron. Ce dernier ne montrait pas
grand chose et jouait beaucoup plus sur l’intimisme, comme c’est le cas dans ce film. Sauf que voilà, celui-ci souffre d’un manque cruel de dialogues soignés. Le tout tente de mélanger tellement
de genres (Malick, Cuaron, Boyle), sans jamais réussir à les faire se rejoindre dans une histoire suffisamment soignée. Kevin
Macdonald choisit donc pour nous mettre en scène son récit d’anticipation une sorte de paradis lumineux (la maison au bord du cours d’eau) mais voilà, bien rapidement cela commence à
devenir pâteux tant le film n’a rien à raconter. La vision que le scénariste apporte est par ailleurs très naïve. Et pourtant, le fond aurait mérité d’être gratté (la bombe nucléaire,
l’asservissement des hommes et des femmes, etc.). Mais voilà, plutôt que de se concentrer sur les bons ingrédients, How I Live Now se concentre sur les plus mauvais. Comme quoi…
c’est bien la preuve qu’il n’y avait pas bien grand chose à sauver.
Autre chose que je ne comprends pas c’est comment une aussi bonne actrice que Saoirse Ronan a pu se retrouver dans un truc aussi bouffi. J’ai beaucoup de sympathie pour cette
actrice mais malheureusement son personnage ne lui donne rien à jouer. Elle erre donc ici et là à la recherche d’un nouveau paradis perdu sans jamais réussir à le trouver réellement. La relation
qu’elle entretient avec les autres personnages n’est jamais creusée puisque Kevin Macdonald se contente de faire dans le contemplatif. C’est quelque chose qui ne lui réussi pas
tant que ça. Le réalisateur est bien mieux dans d’autres registres, plus énergiques mais surtout beaucoup plus dialogués. Il sait très bien mettre en scène ce genre de choses. Ici, il y a
tellement peu de dialogues que l’on sent qu’il y a du bouchage de trous au kilomètre. Je suis pourtant quelqu’un qui est séduit par le contemplatif au cinéma (je suis un très grand fan du cinéma
de Malick par exemple) mais là il ne se passe rien. Et pire… les émotions tardent à venir. Dommage.
Note : 2/10. En bref, ce qui au départ pouvait être un film d’anticipation passionnant se termine en queue de poisson pas très digeste.