A l’occasion de la Journée de la Femme Digitale, L’Atelier a rencontré Aulia Halimatussadiah, multi-entrepreneuse indonésienne passionnée de technologie et de littérature.
Une innovatrice ? Oui et une passionnée de littérature. La découverte du monde littéraire après un évènement autour du livre est pour elle un point déterminant dans sa vie. Celle qui préfère se faire appeler « Ollie » décide alors de s’inscrire à un atelier d’écriture à l’université de Jakarta, aujourd’hui son 28ème livre est en cours de préparation.
Autre souvenir mémorable qui l’a marqué dans sa jeunesse: sa première prise en main d’un ordinateur à l’âge de 13 ans. Très vite, elle veut créer son propre site internet. Issue d’une famille d’ingénieurs, elle nous confie qu’elle ne voulait pas vraiment être programmeuse. "Mais quand je me suis renseignée on m’a dit que je devais apprendre à coder si je voulais créer moi-même mon site, alors je suis allée à l’Université d’informatique". Après la fin de ses études, parmi les 20% de femmes de sa promotion, seules 20% d’entre elles poursuivront une carrière, Ollie elle, décide très vite de quitter son travail pour être une “techpreneuse”.
L’idée disruptive ? A vrai dire, il y en a plusieurs. Passionnée de littérature, Ollie réalise très vite que l’accès aux livres dans son pays est très difficile. "En Indonésie, nous n’avons pas de lieu dédier aux livres, j’ai voulu remédier à cela.". Et en 2006, Ollie lance Kutukutubuku.com, une librairie en ligne, un concept très peu développé à l’époque. "Si nous développions une librairie en ligne, plus de personnes pourront accéder à la lecture en Indonésie. C’est un archipel composé de plus de 13 000 îles et les personnes y sont peu connectées, le numérique pouvait changer cela".
Puis en 2010, Ollie prend le temps de vivre sa passion, "j’ai voyagé, j’ai lu, j’ai écris, et un de mes livres a été rejeté par la maison d’édition". Cet évènement s’avèrera être le moteur de sa seconde grande idée. "En Indonésie, lorsque la maison d’édition rejette votre livre, vous perdez votre chance d’être publié et l’aventure s’arrête là", mais Ollie ne décida certainement pas de s’arrêter là. « C’est fou ! Le contenu de votre livre peut être très important mais s’il ne correspond pas aux idéaux de votre éditeur alors personne n’y aura accès. Je trouvais cette idée inacceptable et j’ai décidé de lancer alors un projet permettant de changer cette situation". Ollie lance alors Nulisbuku.com, l’une des premières plates-formes d’auto-édition en ligne "le principe est très simple, c’est à la demande, vous n’avez pas besoin d’éditeur, vous ne payez rien et quand votre livre est commandé vous recevez alors les royalties".
Pourquoi s’y intéresser ? Ces entreprises réunissent les deux passions d’Ollie : la technologie et la littérature mais permettent aussi de se battre pour ses idées. Ollie est très engagée pour encourager l’entrepreneuriat dans son pays mais aussi impliquée dans la cause des femmes. Elle croit très fort dans la puissance de la communauté comme en témoigne son implication au comité de #StartupLokal, plus grande communauté de startups, investisseurs et incubateurs. Ollie pense que le numérique peut apporter énormément à la société et "connecter les personnes entre eux". "Avec Nulisbuku, je crois que nous avons changé beaucoup de vies, beaucoup d’auteurs ont pu s’exprimer et être reconnus à leur juste valeur".
A l’avenir ? "Accroître encore et encore mes entreprises et continuer d’écrire". Selon Ollie, "l’écriture et la lecture peuvent changer les vies" alors elle veut continuer d’œuvrer pour l’accès aux livres. "Dans mon dernier livre Girls&Tech, je partage mon expérience de femme dans les nouvelles technologies, je veux véhiculer l’idée que c’est possible, que l’on peut faire ce que l’on veut aussi loin que l’on s’en donne les moyens". Ollie a également prévu de consacrer du temps à son dernier projet: Salsabeela By Ollie, sa propre marque de vêtements. Un rêve d’enfance qu’elle a réalisé !