Par Hong Kong Fou-Fou
C'est écrit dans la colonne de gauche, en haut, juste en-dessous de ce satané compteur qui n'avance guère : début mars, c'est l'anniversaire de Fury Magazine. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter cette année encore pour célébrer cet événement et, accessoirement, remotiver les troupes ? Sept ans, déjà... Le chiffre 7, c'est un chiffre important dans la culture populaire que nous défendons. "Les sept samouraïs", "The magnificent 7", "Les 7 vampires d'or", l'épisode "Le dernier des sept" des Avengers. "Sinbad, la légende des sept mers". "Le clan des sept" par Enid Blyton. "La septième victime" de Robert Sheckley. La Lotus Seven. "Les sept boules de cristal". "Return of the los Palmas 7" me souffle Wally.
Sans parler de 007. Comme lui, nous traquons le mal. Même si pour nous le mal peut se manifester sous la forme d'un pantalon trop large ou d'une nuque trop longue. Même si pour éradiquer ce mal, nous n'utilisons pas un Walther PPK mais un clavier AZERTY (et un clavier AZERTY en vaut deux). Nous avons le permis de huer.
Sept ans, donc. Jamais je n'aurais pensé que ça durerait aussi longtemps. Faut vraiment qu'on s'enquiquine...
Pour vous remercier de votre fidélité, chers lecteurs, je vais entrouvrir les portes de la rédaction et vous faire partager une journée à Fury Magazine.
5h30
Au son de "Dawning of a new era" des Specials, les rédacteurs sortent de leur casernement, en short et en petite foulée. En peignoir de soie et mules de velours, Hong Kong Fou-Fou fait l'appel. Comme chaque matin, l'élève Moinet est en retard. Wally retourne le chercher et le ramène manu militari. Il faut dire à la décharge du pauvre Moinet qu'il dort mal, tous les soirs ses confrères lui font le lit en portefeuille.
5h35
Pour faire la guerre au mauvais goût et à la pensée unique, il ne suffit pas d'un humour féroce et d'un esprit vif qui ferait passer Maître Capello pour un primate, il faut également une condition physique exceptionnelle. Séance de gymnastique et de close-combat sous la direction de Oddjob.
HKFF s'en est bien sûr dispensé, il est rompu à toutes les techniques de guérilla urbaine. Il déguste son Darjeeling accompagné de force viennoiseries en regardant ses collaborateurs ahaner dans l'effort.
6h30
Suite à une planchette japonaise mal dosée de Wally, l'élève Moinet part à l'infirmerie. Les autres prennent leur frugal petit-déjeuner, une biscotte sans sel et une tasse de café, pendant que HKFF leur fait l'un de ses vibrants discours pour les stimuler et leur expliquer pourquoi ils ne seront pas payés ce mois-ci encore. Barbidule profite de l'absence de Moinet pour dévorer sa biscotte.
6h33
Début de la séance de travail de la matinée.
L'élève Moinet, Oddjob, Getcarter et Barbidule rivalisent d'efforts pour pondre l'article qui leur vaudra le tant espéré "Mmmmmouais, pas mal..." de leur patron si sévère mais si juste. Moinet est un peu handicapé par son bras plâtré mais heureusement, son esprit, acéré par des années de lecture de "L'Equipe", est intact. Wally, lui, fait des coloriages. HKFF prend un bain parfumé aux pétales de lotus puis feuillette un catalogue Kuoni pour choisir la destination de ses prochaines vacances, bien méritées cela va sans dire.
11h50
Les genoux flageolants, chaque rédacteur vient présenter son travail à HKFF, qui garde les meilleurs articles pour les signer de son nom. Il félicite Wally qui a colorié sans dépasser.
12h
Comme ils ont bien travaillé, les rédacteurs peuvent déjeuner en regardant "Papa Schultz" à la télé. HKFF se délecte de succulentes cailles sur canapé, tandis que ses cinq collaborateurs ingurgitent un gruau insipide propice à maintenir vivace leur dégoût du monde moderne. HKFF est fier de ses cinq ascètes. Et de ses jeux de mots, aussi.
12h30
Connaître l'ennemi pour mieux le combattre, c'est l'un des fondements de Fury Magazine. Les rédacteurs doivent regarder les nouvelles émissions de télé-réalité, lire les dernières bandes dessinées des éditions Soleil ou Delcourt, écouter les nouvelles découvertes formatées du Top 50.
13h30
Début de la séance de travail de l'après-midi.
L'élève Moinet répond au courrier de son lecteur. Oddjob termine une analyse exhaustive du western tchécoslovaque de janvier à avril 1963. Barbidule et Getcarter échafaudent des plans d'évasion. Wally fait des découpages.
18h30
Si leur travail est validé par HKFF, les rédacteurs peuvent aller voir leur famille pendant une demi-heure.
19h
Dîner. Pas question de laisser son cerveau au repos, le potage est dégusté devant un enregistrement des "Jeux de 20h".
20h
Veillée, détente. Getcarter explique comment doit être confectionné un bon costume sur mesures, Wally explore les tréfonds de sa conscience, Barbidule tente de convaincre Oddjob que le western tchécoslovaque, c'est de la gnognotte à côté de son homologue yougoslave, l'élève Moinet se livre à une désopilante imitation de Beldar Conehead.
21h
Toilette. A l'eau froide, vous l'avez deviné. L'eau froide raffermit les chairs, et la volonté. Pendant que Moinet se brosse les dents, ses camarades vont lui faire son lit en portefeuille.
21h15
Extinction des feux.
Afin d'assurer la promotion de Fury Magazine, HKFF part dîner en ville et danser dans les endroits chics où son nouveau kimono en pongé de soie fait fureur.
5h30
En rentrant ivre mort, il croise les rédacteurs, stoïquement alignés dans la cour des locaux de la rédaction, attendant impatiemment de se mettre à l'ouvrage.
En ce jour d'anniversaire, vous êtes décidément gâtés, lecteurs : voici quelques saisissantes images des rédacteurs de Fury Magazine, prises sur le vif par notre faux tographe.
L'élève Moinet découvre les mystères de l'Univers.
Getcarter et Oddjob débatent de la longueur que doit avoir une fente dans une veste de costume.
Toujours serviable, Wally Gator est allé à Pôle Emploi chercher des candidates pour le poste de nouvelle secrétaire.
Barbidule n'a vraiment pas la tête à écrire des articles. Il ne veut pas que l'ancienne secrétaire s'en aille.
Hong Kong Fou-Fou étrenne son nouveau pyjama à mules intégrées.