Les débuts (suite)
Les aspirants écrivains qui tiennent absolument
à voir leur signature imprimée dans une revue ou un journal et qui d’autre part
n’ont pas le temps d’écrire une œuvre, ou encore qui ne sont pas capables de
l’écrire, n’ont qu’à faire une enquête littéraire.
C’est facile. Vous dénichez
un sujet palpitant. (Exemples : 1° Les hommes de lettres peuvent-ils porter des bas à jour, sans courir le
risque d’être ridicules ? 2° Quelles
œuvres auriez-vous écrites, si vous aviez été Victor Hugo ?)
Vous
faites imprimer l’une ou l’autre question sur trois ou quatre cents feuilles de
papier à lettre que vous adressez à trois ou quatre cents littérateurs. Lorsque
vous aurez recueilli de nombreuses réponses, vous les publierez, sans un mot de
commentaires, en imprimant froidement votre nom ou votre pseudonyme au bas de
ce gentil travail.
Vous pourrez même éditer votre enquête en volume, avec une
préface de M. Jean Aicard, de l’Académie française, qui par la même occasion
vous fera décerner, à la plus prochaine distribution de récompenses, un prix
Monlyon de cinq cents balles.
C’est simple, de bon goût et… productif, comme on
le voit.
P.-S. La présentation de cette série d'articles publiés dans L'Aurore en 1914 se trouve ici. Ils ont été retrouvés grâce à Gallica.