Quatrième de Couverture
Axel est généreux. Axel est amoureux. Axel est trop gentil. Aujourd'hui, il doit traverser la France pour acheminer un héritage. Célia est fière. Célia est implacable. Célia est un loup-garou. Aujourd'hui, secondée par deux jeunes de sa meute, elle doit retrouver l'objet responsable d'une vieille malédiction.
À la croisée des chemins, le piège se referme dans le Massif Central. Prête à tout pour mener à bien sa mission, Célia n'hésitera pas à détruire la vie d'Axel s'il le faut. Le jeune homme a de la résistance à revendre et des amis prêts à l'aider. Pourtant, cette fois, il pourrait bien finir broyé au nom de l'Ouroboros d'argent.
L'artefact vaut-il seulement tous ces sacrifices ?
Mon avis
L’Ouroboros d’Argent d’Ophélie Bruneau est un roman de bit-lit qui se lit sans prise de tête et qui, pourtant, se savoure. A la mort d’un loup-garou qui n’a jamais fait l’unanimité au sein de son espèce, les représentants de deux clans se lancent à la poursuite d’un objet qui lui appartenait, un objet important aux yeux de Célia, amenée à devenir la dominante du clan de Dijon. En effet, l’histoire de son grand-père a été marquée par l’ouroboros. Ce dernier est un objet que doit retrouver Axel, envoyé par la meute de Nantes, s’il veut pouvoir sortir du traquenard dans lequel il est tombé : Célia est persuadée que l'ouroboros fait partie de l'héritage promis au dominant de Nantes.
Les événements s’enchaînent alors à une vitesse folle, les personnages mêlés à l’affaire se retrouvent pris dans une spirale où l’on se laisse entraîner avec eux. Pas de blanc ou de noir ici, juste des personnages avec leurs propres intérêts et aux méthodes complètement opposées mais surtout des personnages qui suivent les mêmes règles, celles des garous. Personne ne contacte la police : les humains n'ont pas à se mêler des affaires des garous, et personne ne cherche à échapper à son devoir : chacun accomplit ce que l'on attend de lui, quelles que soient les réticences qui pourraient se faire sentir.
Je ne suis pas une grande fan de bit-lit même si j’en lis et là, j’ai été conquise. Le mythe du loup-garou est revisité avec brio, Ophélie Bruneau a fait un choix risqué mais récompensé. J’ai complètement adhéré à sa vision des choses. L’histoire est courte mais haletante du début à la fin : une fin abrupte qui nous coupe littéralement dans notre élan et nous fait regretter de ne pas avoir plus. C’est toujours dans ces moments-là que je sais que j’ai aimé un livre : quand je veux plus, quand je veux une suite, retrouver les personnages, suivre une nouvelle fois leurs aventures !
Le monde des créatures magiques est revisité : on reste évidemment sur une base commune à tous les romans du genre avec des garous, des sorciers, des êtres féériques… Mais l’impression de renouveau reste présente du début à la fin du roman et c’est rafraîchissant. Je regrette d’ailleurs de ne pas avoir pu en savoir plus sur les petites fées qui se baladent, invisibles aux yeux de tous. C’est vil de ne donner que si peu !
Les personnages sont nombreux et ont tous une personnalité propre, bien développée pour un roman de cette taille. Axel, le chevalier en armure qui n’a rien demandé à personne et dont la vie bascule d’un seul coup, est le personnage qui ressemble le plus à un héros sans peur et sans reproche mais qui possède ses failles et qui lui aussi fait des erreurs aux conséquences dramatiques. Célia est l’incarnation du personnage mauvais et pourtant, elle n’est pas le stéréotype du personnage noir (avouons que souvent, dans les romans de bit-lit, le méchant est mauvais uniquement parce qu’il en faut un et que les raisons passent souvent à la trappe) et n’a pas des intentions moins nobles que d’autres. La garou est agaçante, ses méthodes sont tout sauf subtiles, ses réactions me semblaient un peu exagérées parfois pour paraître réalistes, mais Célia est développée et possède un réel caractère, pas simplement quelque chose de survolé pour feindre de donner le change. D’autres personnages apparaissent évidemment dans ce roman : Léonie, dont la spontanéité et la générosité ont su m’enchanter, Capucine dont la fragilité et la douceur m’ont touchée, Dérénik dont le comportement marginal semble si naturel que c’est un plaisir de voir qu’il existe encore des auteurs capables de faire preuve de cohérence, le fils du défunt qui, malgré sa nature humaine, fait tout pour aider les « camarades » de son père… Aucun personnage mêlé à l’action n’est bâclé, chacun a sa pierre à apporter à l’édifice, chacun possède son utilité propre. Un panache de personnalités qui offre un roman à la hauteur, voire plus : je ne pensais pas prendre autant de plaisir en lisant ce livre.
Evidemment, l’écriture y est aussi pour quelque chose. Les citations qui introduisent chaque chapitre peuvent paraître superflues et pourtant, j’ai à chaque fois pris le temps de les savourer. Certaines m’ont même complètement surprise : je ne m’attendais pas à retrouver La Rue Kétanou dans un roman de bit-lit par exemple. Me laisser surprendre par une simple citation n’a fait qu’ajouter une part de plaisir à ma lecture sans que je ne sache expliquer pourquoi et je ne chercherai pas à comprendre : à trop décortiquer les émotions, on finit par perdre le ressenti brut.
Le style de l’auteur n’est pas transcendant mais il colle parfaitement au roman : les mots sont justes et permettent de comprendre les émotions des personnages, de visualiser les décors, de plonger sans problème dans l’histoire. La spontanéité de Léonie a, par exemple, été très bien retranscrite à travers les dialogues et c’est une chose qui n’est pas aisée : son humour a atteint son but.
Il y a tant de choses à dire sur des détails de l’histoire, sur l’ouroboros et ce qu’il en advient à la fin, sur le dénouement de l’affaire, sur ce qu’il arrive aux personnages… Mais trop s’étaler reviendrait à dévoiler des clés du livre que je préfère garder pour ne pas gâcher la lecture de ceux qui se laisseraient tenter par cette aventure. Ce n’est pas un livre époustouflant, il ne révolutionnera pas le genre mais du moment qu’il se savoure, pourquoi s’embarrasser de longs discours ? J’ai aimé et cela me suffit amplement.
Je remercie les Editions du Chat Noir ainsi que le forum Accros & Mordus de Lecture pour cette découverte. J’espère secrètement pouvoir un jour passer de nouveaux bons moments avec les garous du roman, ou au moins de nouveaux personnages sortis de l’imagination d’Ophélie Bruneau.