"Autant mourir en martyr
sur le chemin du théâtre"
Le héros est un comédien. Un comédien palestinien qui vit à Ramallah. Son quotidien, c'est le survol de la ville par les hélicoptères, menace permanente dans le ciel bleu, mais aussi les crachats. Ceux des jeunes qui se regroupent chaque jour rue Roukab. Mais pourquoi crachent-ils donc ainsi ? C'est ce à quoi s'emploiera à répondre le spectacle. En nous faisant au passage toucher du doigt ce que c'est que de vivre là-bas, chaque jour sous la pression.
Sur la scène, Mounir Margoum se confond parfaitement avec le personnage. Le comédien s'adresse à nous directement, nous transmet une rage sourde devant l'injustice de cette situation, nous fait sourire aussi. La mise en scène de Laurent Fréchuret, très sobre, sans décor, joue sur les ruptures de rythme.
A portée de crachat est une pièce engagée. Légèrement, par petites touches, le message passe. Cette violence quotidienne, banalisée est-elle acceptable ? Pas pour le héros de l'histoire en tout cas. Il fuit Ramallah et s'installe à Paris. Six mois d'insouciance avant l'appel de la terre natale. Oui mais voilà, quand on est Palestinien avec un passeport israélien, mieux vaut éviter de prendre l'avion vers le 11 septembre (d'autant que l'on est en 2002!). Mieux vaut aussi éviter de parler arabe dans un café de Tel Aviv ... Malgré tout, ne pas s'énerver, garder son calme coûte que coûte et finalement cracher aussi. "Survivre, tenir bon, tel est devenu l'objectif de ceux qui crachent" confie alors le protagoniste.
A Portée de crachat de Taher Najib, mise en scène Laurent Fréchuret, traduction de l’hébreu Jacqueline Carnaud. Avec Mounir Margoum. Au Théâtre du Rond-Point, à 18h30 jusqu'au 12 avril 2014 (relâche le lundi et le 16 mars 2014). Réservations au 01 44 95 98 21. Durée : 1h15.