Deuxième revue de presse de l’année, peu de lectures intéressantes en vérité au regard des préoccupations qui sont les nôtres ; heureusement, nous avons été sauvés in extremis par la parution du dernier numéro de Monocle, entièrement consacré aux aspects positifs de la culture et de l’économie italiennes, dont le sommaire, détaillé plus bas, devrait en titiller plus d’un.
Ce que vous auriez pu rater en février 2014 :
Une veste en Donegal fatta a mano a Napoli
Elle est signée des Luciano père et fils (Orazio et Pino) pour The Armoury, Hong Kong. Le meilleur de la tradition napolitaine au service du meilleur de l’Irlande, pas mal ! (Même si la cravate et la pochette – comment dire ?) Photo : Rugged Old Salt.
Une visite dans les archives de Vitale Barberis Canonico
Fondée en 1663, la maison Vitale Barberis Canonico est à la fois le plus ancien fabricant de tissus en Italie et celui qui a le mieux compris l’intérêt de soigner sa communication. Après avoir célébré en décembre dernier son 350e anniversaire au Palazzo Della Permanente à Milan, l’entreprise basée à Pratrivero (près de Biella) avait décidé d’aller plus loin en dévoilant ses archives à la presse : des centaines de liasses dont les plus anciennes remontent à 1876 et qui seront bientôt informatisées. Fabio Attanasio y était. Il en a rapporté quelques photos fort sympathiques, à compléter par le film de présentation de VBC.
C’est à lire dans la revue Monocle
Le numéro de mars de la revue Monocle pourrait s’intituler sobrement « Les atouts de l’Italie ». Il faut dire qu’il tombe à pic. Alors que Matteo Renzi a annoncé son intention de faire subir au pays un électrochoc économique, nous voici plongés au cœur des industries qui fonctionnent déjà, conviés à visiter le Cavour (le nouveau porte-avions italien, symbole du Made in Italy, où nous attend la dernière-née du constructeur Maserati), à découvrir Schweitzer, l’un des leaders mondiaux de l’installation de boutiques, partis à la rencontre des étudiants de la SDA Bocconi School of Management, premier établissement supérieur du pays. Bien entendu, ce tableau très positif n’oublie pas les problèmes qui minent la péninsule (chômage chronique, corruption, obstacles professionnels faits aux jeunes), mais rappelle que les Italiens, en dépit des difficultés qu’ils rencontrent, se sentent globalement plus heureux que d’autres peuples, grâce notamment aux traits et qualités qui sont les leurs (et que leur prêtaient déjà, il y a plus d’un siècle et demi, un certain Stendhal – c’est moi qui rajoute). Parmi la multitude de sujets traités, trois m’ont particulièrement intéressé : la présence japonaise en Italie, l’originalité de Naples en matière de travail, et enfin l’apprentissage d’un jeune homme chez un fabricant de chaussures réputé.
Les Japonais en Italie
Trois parcours singuliers, trois artisans uniques en leur genre : Hidetaka Fukaya, le bottier prodige installé à Florence depuis une quinzaine d’années, et dont la production oscille entre 60 et 70 paires par an ; Yasuhiko Tsuchida, maître-verrier venu chercher technique et inspiration à Murano (en photo, un vase « Bamboo » de 1999) ; et enfin Kotaro Miyahira, tailleur plus florentin que les tailleurs florentins eux-mêmes.
Naples l’industrieuse
Du fabricant de parapluies Mario Talarico, 84 ans, aux élèves de l’école de tailleurs créée par Kiton, du chantier naval Arcadia Yachts au chocolatier Gay-Odin, c’est une partie de l’esprit de Naples que l’article de Monocle met en lumière : respect de la tradition, recherche de la qualité coûte que coûte, fierté à la limite du chauvinisme. Peu importent la bureaucratie, les taxes, la pollution : on travaille à Naples parce qu’on a le sentiment qu’ailleurs, on ne travaillerait pas aussi bien.
Le passage de relais entre maître et apprenti dans l’usine de Santoni dans les Marche
Présent dans 70 pays, développant un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros, Santoni est un curieux mélange de tradition et de modernité, d’efficacité et de lenteur. Une lenteur nécessaire dès qu’il s’agit de transmettre un savoir-faire artisanal, comme c’est le cas ici entre Silvano Sollini, 53 ans de métier, et Matteo Valle, apprenti depuis seulement neuf mois (photo © Monocle). Instructif à plus d’un titre.