Inévitablement, le disque s'ouvre sur "Howl", le morceau de bravoure de son auteur, et l'un des poèmes anglo-saxons les plus lus et étudiés dans le monde. Comme "Howl" est extrêmement long, l'interprète Gianfranca Montedoro se contente de scander les 3 ou 4 premiers vers de chacune des trois parties, plus un extrait du "Footnote To Howl", sur fond de jazz-funk. L'adaptation est réussie, mais pas autant que celle de "Lysergic Acid", pour moi le plus beau morceau du disque, où la diction théâtrale et mélodieuse de Gianfranca entre en harmonie parfaite avec la guitare, le vibraphone, les
chœurs et la ligne de basse nonchalante. On sait à quel point Ginsberg et son oeuvre ont toujours frayé avec la musique et les musiciens. On sait que le phrasé de la poésie beat est en grande partie inspiré du phrasé bop de Charlie Parker, Miles Davis et consorts. On connaît aussi l'influence du fameux barbu sur Bob Dylan et tous les songwriters protestataires des années 60 et 70. Il est donc parfaitement légitime de tenter de mettre en musique son oeuvre.Avec une équipe de très bons instrumentistes, dont certains apparaissent sur de nombreux enregistrements de library music italienne, Living Music est parvenu à en faire un bel album, qui va bien au-delà du simple hommage. Entre les envolées jazzy, les trips hindouisants bercés par le bourdon du tampura, et les folk songs joliment ouvragées, To Allen Ginsberg peut tout à fait s'apprécier indépendamment de son concept et de son background littéraire. A noter : le disque, dont l'original est très cher et compliqué à dénicher, a été réédité en vinyle par le label The Roundtable fin 2013.En bref : une bande de hippies italiens rend hommage au grand poète barbu américain et met en musique quelques-uns de ses textes, entre folk psychédélique et jazz avant-gardiste. Toute une époque.Magazine Culture
Cet hommage à l'un des plus grands poètes américains est l'oeuvre d'un collectif Italien, qui réunissait musiciens, hommes de lettres, artistes et activistes romains au début des seventies. Même si elle se produisait souvent en concert, la troupe n'a enregistré qu'un disque, ce To Allen Ginsberg qui est en quelque sorte l'archétype du disque de hippie. Acid folk, jazz aérien et psychédélique, drones et mantras indiens y rencontrent la prose poétique extasiée et faussement désordonnée de Ginsberg. Quatre des huit morceaux reprennent en effet des textes du célèbre beatnick.