Rencontre avec le festival F.A.M.E
Interview d’Olivier Forest, programmateur du festival F.A.M.E – Film and Music experience.
Nous avons rencontré Olivier Forest, un des deux programmateurs du festival F.A.M.E qui se tient du 13 au 16 mars 2014 à la Gaîté Lyrique.
Pendant 4 jours, ce nouveau festival explorera le monde et lancera des passerelles entre la musique, le cinéma et les cultures « pop » et urbaines.
Des coulisses de l’industrie K-Pop aux gangs de “dirt-bikers” de Baltimore, des nuits de Sextoy, pionnière des DJ parisiennes en passant par les aventures d’un skater en fin de course, du Memphis de Big Star au Voguing réinventé, F.A.M.E – Film & Music Experience plonge résolument dans les cultures pop et urbaines : play it loud !
Une séance d’ouverture exclusive, des projections de films inédits, une nuit électro, des pop’ conférences, des rencontres avec les réalisateurs… Evènement immersif, parisien et international, F.A.M.E – Film & Music Experience sera un festival vivant et décloisonné.
- Où t’est venue l’idée de rassembler les cultures urbaines alternatives autour du film et de la musique ?
Olivier: Je me suis occupé du festival Filmer la Musique de 2007 à 2011. Benoît Hické programme le cycle Musiquepointdoc à la Gaîté Lyrique depuis 3 ans. On voit tous les deux beaucoup de films, liés à la musique évidemment, mais aussi beaucoup de films liés à ces cultures alternatives. Il y avait une sorte de glissement naturel dans le fait de présenter ces films et une volonté d’élargir le spectre. C’est un vrai positionnement du festival: un noyau de films musicaux, et des extensions vers les pop cultures.
- Comment se sont construits la programmation, le choix des œuvres diffusées et du jury ?
Olivier: On a visionné plus de 250 films, et on a sélectionné ceux qui nous paraissaient raconter quelque chose de plus, ceux qui ont une véritable ambition dans leur forme, et qui ne se contentent pas d’appliquer la sempiternelle grille archives/interviews/archives/interviews … Des films qui racontent tous quelque chose du monde, de notre société contemporaine.
Et on a décidé de rassembler un jury à l’image du festival, de son esprit: un musicien, Ivan Smagghe, une réalisatrice, HInd Meddeb, une artiste, Dorothée Smith, un programmateur de festival, Olivier Pierre, et le programmateur du Centre Phi de Montreal, Danny Lennon. Le palmarès du festival sera d’ailleurs repris au Centre Phi.
Monter un jury et un prix, c’est un vrai engagement envers ces films – une volonté de leur créer un véritable espace.
- Tout le monde s’accorde à dire que la culture « street » s’anoblit peu à peu, qu’elle quitte la rue pour investir les lieux culturels. Que penses-tu de cette évolution ?
Olivier: Les pop cultures et les cultures underground se sont construites en opposition à la culture dominante – qui les méprisait et les rejetait. On était habitué à ce que ces cultures, ces phénomènes existent et se développent en dehors de tout cadre institutionnel.
On peut considérer aujourd’hui qu’elles ont gagné la bataille – avec tout ce que cela implique.
C’est vrai qu’on frôle parfois l’overdose de pop culture, de street culture. On a l’impression que les institutions, l’université se jettent avec une certaine voracité sur tous ces sujets, et ça amène forcément à se poser des questions.
Maintenant elles ont à peine le temps d’émerger qu’elles suscitent déjà du discours, des expositions. Tous les mouvements du passé engendrent des coffee table books.
Ce n’est pas uniquement le fait des institutions et des lieux culturels. Internet est une formidable machine à « Retromania » – tout ressurgi, tout est classé en listes. Chaque micro mouvement est dévoré, analysé …
Mais je crois aussi que c’est le principe de ces cultures de circuler – beaucoup reposent sur un principe viral, du street art aux vidéos youtube des dirt-bikers.
On a quitté les champs prédéfinis de l’underground et du mainstream – peut-être avec une certaine nostalgie pour ceux qui ont connu des époques plus « clivées », où la distinction était nette, entre culture « noble » et culture pop/street/underground.
Mais quitter les zones de confort, c’est important et c’est nécessaire.
Et le principe de ces cultures, c’est de se réinventer en permanence en fonction de l’environnement.
Les gifs, par exemple, sont une pop culture du net, un art brut 2.0.
Donc bientôt au musée !