Elzo – Le malaise des chercheurs – Le Monde
Il illustre quelques disques du label rock Born Bad Records, il crache des pochettes à tomber pour des artistes que j’adore : Jack Of Heart, Scorpion Violente…
Elzo Durt n’est plus à présenter ! Et pourtant, j’ai cherché à en savoir plus sur cet artiste belge aux dessins complètement zinzins.
Plongée dans l’univers bariolé et haut en couleurs du plus rock des artistes à jamais présenté sur Union Street :
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ELZO, artiste Bruxellois !
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Union Street : Salut Elzo, peux-tu te présenter à nos lecteurs, depuis quand dessines-tu à peu près ?
Elzo : Je viens et je vis à Bruxelles. J’ai 33 ans. Ca fait une grosse dizaine d’années que j’ai commencé à diffuser mes images. J’ai terminé mes études de graphisme en 2003 et j’ai fait ma première expo en 2004. Avant ça , j’avais déjà réalisé pas mal de flyers pour des soirées et concerts.
US : Beaucoup ont basculé du graff au graphisme, quel a été ton parcours de ton côté ? J’imagine qu’il a été très différent ?
E : A l’école j’ai beaucoup regardé de graff, mais très vite ça m’a saoulé autant graphiquement que l’attitude qui allait avec le mouvement.
Quand je suis rentré à l’école pour étudier le graphisme, j’ai évidemment regardé les graphistes à la mode de l’époque : Tomato/David Carson, etc, qui m’ont très vite fait chier d’ailleurs !
En même temps, on voyait les premiers trucs de Obey et des magazines comme LODOWN qui m’excitaient déjà beaucoup plus !
Très vite je suis tombé sur les livres du Dernier Cri et tout ce qui s’en suit, plein de sérigraphies, les fanzines, Bon Gout, etc, ce qui m’influença énormément, je m’y retrouvais beaucoup plus.
Depuis tout petit, je regarde beaucoup les pochettes de disques, les affiches de films. Ma mère avait pas mal de posters soviétiques que j’aimais beaucoup, du coup j’ai toujours été curieux et intéressé par les constructivistes, les affiches de films soviétiques ou polonais.
Mon père lui est architecte, très tôt il m’a emmené voir des expos et ouvert à l’art nouveau, l’art déco et puis il collectionnait les disques et les BD ! Donc j’ai toujours été baigné dans les Metal Hurlant/Fluide Glacial, etc !
US : Où puises-tu tes influences ?
E : Un peu partout, je fouine pas mal sur le net, je chine aussi beaucoup pour trouver des vieux bouquins de gravures, mais aussi des BD, comix ! Comme mon travail est du collage, j’ai perpétuellement besoin d’avoir de la nouvelle matière pour pouvoir bosser, donc je cherche toutes sortes d’images différentes… Aujourd’hui je sais mieux ce que je vais pouvoir employer ou pas, car je connais mieux mon travail qu’au début, normal !Et puis quand je travaille sur un thème précis, je cherche des documents plus précis… Par exemple, là je dois bosser sur une pochette de disque pour de la musique africaine, du coup je suis plus en recherche de motifs africains, masques, etc. C’est bien, ça étoffe ma collection et je vais pouvoir de plus en plus mélanger les styles, les époques, il n’y a aucune limite.
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Rock et techno !
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US : Si je ne me trompe pas (et j’en doute) tu affectionnes particulièrement l’univers rock ? Tu as fait la dernière couv’ du magazine Gonzai, celle de Born Bad Records, une affiche annonçant Thee Oh See.
E : Oui , j’écoute beaucoup de rock, mais aussi beaucoup de techno. En rock il y a eu beaucoup d’images intéressantes qui ont été faites à travers les époques (50-60-70-80-90-2000…) beaucoup plus qu’en techno, déjà juste à travers les pochettes. Très souvent les disques de techno ont une pochette noir et basta, tandis que dans le rock, à travers les pochettes, on peut presque dire le style de musique.
Je travaille beaucoup pour l’univers du rock, parce qu’à force d’organiser des concerts, de faire des expos, je rencontre plus de monde dans ce milieu, ce qui crée des liens d’amitiés et après nous avons envie de bosser ensemble. Et puis je pense que mon style correspond bien à cet univers !
US : D’ailleurs, ton travail me rappelle les meilleures heures de l’esthétique psychédélique, c’est un univers que tu apprécies par dessus tout ?
E : Oui évidement, ils avaient un sens de la compo, des couleurs, de la typo qui était absolument génial.
US : Tu as également crée la couverture d’un bouquin, tu aimes toucher à tout ? J’imagine d’ailleurs que ce doit être complètement différent de répondre à ce genre de commandes ? C’est plus éprouvant qu’une autre ?
E : Oui je n’ai pas envie de m’enfermer dans un style, ni de travailler pour un style de musique… J’ai envie de faire plein de choses différentes, sur des supports différents, avec des esthétiques différentes et surtout qui s’adressent à des gens différents… Je pense que la pire chose est de s’enfermer dans quelque chose qu’on sait faire et de se répéter (bien évidemment ça arrive, parce qu’il faut travailler rapidement pour faire du pognon et qu’on a pas toujours le temps de prendre le temps pour créer quelque chose de complètement nouveau.)
Je tiens à ce qu’on reconnaisse mon travail, mais j’essaye quand même de toujours apporter quelque chose de neuf et de raconter quelque chose à travers mes images, que ça ne soit pas juste esthétique.
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Des images percutantes !
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US : Qu’est ce que tu réponds à ceux qui qualifieraient ton travail de « glauque », ou « noir » ?
E : Je ne suis pas du tout d’accord ! C’est vrai que je peux travailler des thèmes un peu durs ou violents, mais il ne faut pas en faire une généralité… Et puis souvent avec les couleurs, j’essaye de rendre le thème violent beaucoup plus accessible et pop ! Mon but n’est pas de choquer à tout prix, j’essaye de faire des images qui sont percutantes et que l’on va retenir.
US : Si tu devais ne me citer qu’une de tes références artistiques, laquelle serait-elle ?
E : Tadanori Yokoo : un artiste japonais qui a commencé dans les années 60 et qui à travers toutes les époques aura fait des boulots formidables !
US : Et enfin, pour définir ton travail, quel adjectif choisirais-tu ?
E : Du collage pop/punk/psychédélique ????
Union Street remercie ainsi Elzo Durt, véritable bible de savoir, et s’adresse désormais à tous les amoureux punk et psyché : pour en découvrir plus, rendez-vous sur la page Facebook du monsieur et même sur son site Internet ! Attention aux yeux…
Elzo Durt – Cover de la revue Hey numéro 4
Elzo Durt et Born Bad Records
Elzo Durt – Concert du Label Teenage Menopause
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