À la base, on lui demandait juste à la championne du monde 1999 d’heptathlon si elle avait choisi de s’aligner, à Pékin, sur le saut en longueur ou bien, sur son premier amour. Déclarant qu’elle travaillait « spécifiquement sur la longueur », sa réponse devrait intervenir autour du mois de juin. Jusque là, tout allait bien. Mais en fait on lui a demandé quelques secondes après si elle comptait porter le badge cher à David Douillet : « pour un monde meilleur ». L’heptathlonienne est alors sortie de ses gongs s’opposant au boycott des J.O et contre le badge, annonçant que « ce ne sont pas les affaires des athlètes. Il faut boycotter quand on signe des contrats de millions d'euros pour le business. J'ai un avis dur là-dessus, je ne porterai pas le badge. Humanitairement, ce n'est pas la France qui va donner des leçons à la Chine. Il y a tellement de Noirs et d'Arabes qui se font incendier en France. Là, les humanitaires ne se lèvent pas. » Barber n’aurait donc toujours pas digéré son interpellation à proximité du Stade de France en 2006 pour avoir roulé avec son véhicule dans une zone interdite à la circulation, pour avoir opposé de la résistance et même mordu un policier (selon la version officielle). D’ailleurs, son procès devrait intervenir au cours de l’été prochain. Forcément sous l’influence de Ségolène Royale (voire photo), Barber a déclaré admirer les Chinois : « ils sont en train de se développer. J’aimerais que les Noirs soient un peu comme les Chinois, qu’ils se développent, qu’ils achètent tout ce qu’ils peuvent acheter. Il ne font que du business. C’est ainsi qu’on respecte les gens et les Chinois on les respecte car économiquement ils sont bien. J’ai envie qu’on leur donne leur chance. »
Une fissure dans le plâtre.
Licencié au même club de Reims, le marcheur Yohann Diniz (l’une deux seules médailles des championnats du monde d’Osaka en 2007) est le seul à voir un début de circonstance atténuante à l’athlète déclarant : « Elle a des arguments à faire valoir. Avec tout ce qui se passe dans les cités, la France n'est sans doute pas un très beau modèle d'intégration mais les droits de l'homme n'y sont pas bafoués comme elle le dit». Parce que si dans l’absolue on essaie d’éteindre un incendie qui officiellement n’existe pas, beaucoup de gens se sont présenté devant micros et caméras pour commenter la sortie d’une athlète naturalisé française, née au Sierra-Leone. Attention pincettes et gants de soie de rigueur ! À Commencer par Tony Estanguet, le capitaine de la délégation française à Pékin, qui connaît déjà la langue de bois : « Cela reste son avis. Je n’ai ni envie de le critiquer, ni envie que cela se généralise.» Le seul double champion Olympique qu’on a sous la main n’a pas d’avis, mais son (pas d’) avis est que ça ne serait pas cool si l’avis de Barber se généraliserait… David Douillet avait déclaré tout en incompréhensibilité : «Les athlètes sont libres de faire ce qu'ils veulent et le badge sera porté par ceux qui le veulent. Mais si Eunice pense que le message du badge est politique, elle se trompe.» Il manque la fameuse préposition « à partir de là » et on a un sans faute diplomatico-médiatique. Une fois de plus, il semble qu’un athlète se soit mis à polémiquer sur un sujet hors stade et comme souvent, l’athlète passe pour un con.
À moins de 100 jours de la cérémonie d’ouverture, la belle unité derrière David Douillet vient d’afficher une première fissure. Sera-t-elle la seule ?