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Tea toi

Par Almiragulsh @DBEDF

Je ne garde pas un très bon souvenir de mes premières tasses de thé. Un breuvage à la fois fade et amer, que j’aimais noyer dans le sucre et le lait. Je ne trouvais pas spécialement bon, mais j’adorais que ma mère m’en propose une tasse. Pour moi, le thé, ça faisait partie de ses boissons franchement pas bonnes, mais qui faisaient de celui qui en boit une grande personne. Un peu comme le café, la prune de mon grand oncle ou le Pastis.

Le thé a toujours été une boisson distinguée, mais que j’ai mis longtemps à traiter avec respect. Il faut dire que pour moi, le thé, ça a longtemps été un mug réchauffé au micro-ondes, dans lequel je faisais trempouiller trop longtemps d’infects sachets de thé noir Leader Price saveur fruits rouges.

beatles cup of tea

La naissance de mon amour pour le thé, je la dois à ce garçon, à qui je dois beaucoup de choses, qui, alors que je n’étais qu’une lycéene ignorante, m’a servi ma première tasse de Russian Earl Grey, à 17h pétantes en me parlant de Paul Auster et de Philippe Roth. Je me rappelle de son cache théière, et de la tête qu’il faisait, sa Craven A au bec, quand je rajoutais des pelles de sucre dans mon mug.

Je me rappelle également de la première fois ou j’ai plongé mon nez dans une boite de thé en vrac chez un revendeur. Ça sentait tellement bon que je me suis juré deux choses : que le Lipton ne passerait plus par moi, et que sucrer son thé était idiot. C’est plus ou moins à ce moment là que j’ai également été prise d’une envie frénétique de collectionner les théières. Je dois en avoir une vingtaine, certaines étant au comble de la kitcherie.

Mais ce n’est que plus tard que j’ai eu mon premier orgasme provoqué par un thé. A l’époque, je commençais à avoir quelques bases : thé noir, thé vert, thé rouge, thé blanc. J’avais déjà bu mon premier Marco Polo (qui reste mon thé Mariage Frère préféré) mais je gardais une préférence pour ses thés au goût un peu lourd de gâteau. Jusqu’au jour ou une de mes collègues (j’étais stagiaire à l’époque) est arrivée au bureau avec un colis en provenance du Japon, rempli de thé.

ceci irait très bien dans ma cuisine

Je me rappelle très bien du petit paquet qu’elle m’a collé sous le nez. Une odeur très particulière, un mélange d’herbe, de pop corn et… d’iode. Je me rappelle aussi très bien de ma surprise, quand j’ai vu ces grains de riz, grillés et soufflés, flotter à la surface de ma tasse. Puis de ma première gorgée. Un goût qui ressemble à aucun autre : une saveur légère et presque salée, familière et en même temps totalement inconnue. Je suis tombée amoureuse du Genmaicha, et je pourrais vendre ma mère pour du matcha-iri genmaicha (la version genmaicha avec du matcha, thé vert japonnais en poudre utilisé pour la cérémonie du thé, et aussi en cuisine).

Depuis, le thé me sert à  à peu près tout. A me réveiller le matin, à faire taire mon estomac, quand invariablement, il se met à hurler quand approche 11 h, à 15 h pour faire passer le petit coup de pompe de l’après midi, et à 17 h par amour pour nos amis anglais.

Et vous, votre rapport au thé, c’est quoi ?



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