Présentation de l’éditeur :
Après le succès de La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi…
Rachel Joyce livre un deuxième roman bouleversant, d’une grande délicatesse.
Angleterre, 1972. Byron Hemmings, onze ans, apprend de la bouche de son meilleur ami que deux secondes vont être ajoutées au temps, afin de faire coïncider l’heure officielle avec la rotation réelle de la Terre. Cela le terrifie. Toucher au temps n’est-il pas extrêmement dangereux ? En petit garçon responsable, il écrit à la BBC, à la Nasa, à son député… Mais personne ne semble prendre la mesure du danger. Lorsqu’il voit l’aiguille des secondes de sa montre reculer, il se jette sur sa mère, Diana, pour qu’elle en soit témoin. Celle-ci, au volant, a un instant d’inattention. Et l’irréparable se produit… La vie parfaite construite par Diana s’effondre peu à peu. Qui en est le véritable responsable ? La fatalité ? Le hasard ? Ou ces deux secondes qui n’auraient jamais dû exister ?
Fragilité des êtres, de l’existence, mais aussi rédemption par l’amitié et l’amour, tels sont les thèmes abordés dans ce texte tendre et poétique.
Effectivement, après le succès qu’a reçu La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry…, on pouvait se demander de quoi allait nous parler Rachel Joyce. J’avoue que je suis un peu surprise de ne pas lire plus de billet sur ce deuxième opus, les blogueurs (ou blogueuses) ont-ils boudé la proposition de XO ? Toujours est-il que je n’ai pas boudé mon plaisir, même si j’ai quelques bémols.
Il m’a fallu un peu de temps pour entrer dans ce roman (c’était sûrement un peu de fatigue), il n’est pas aussi linéaire que Harold parce que, en parallèle avec l’histoire de Byron et de sa mère et avec ce point de départ original que sont ces deux secondes ajoutées au temps, on suit aussi Jim, employé subalterne dans un café, bourré de TOC. Et comme l’histoire de Jim se passe en hiver et celle de Byron par un été caniculaire, il m’a fallu un certain temps avant de capter que les deux ne se passaient pas à la même époque (je vous l’ai dit, j’étais un peu à la masse – quoique l’auteur est assez habile pour ne pas donner trop d’indices sur les années où elle situe son intrigue). Je me suis quand même rendu compte assez vite qu’entre Byron et Jim, il y avait un lien évident qui allait se dévoiler au fil du livre, mais là aussi j’ai été surprise par Rachel Joyce car j’imaginais un autre personnage.
Un magnifique point de départ, disais-je, deux secondes ajoutées pendant lesquelles va se produire un événement absurde, dont on se demande tout au long du livre s’il s’est vraiment passé, mais il aura des conséquences dramatiques. La couverture du livre est à la fois jolie et parlante à ce sujet. Ces deux secondes vont révéler tout ce qui se cache derrière les apparences : dans la belle maison de Cranham House où habitent Diana et ses deux enfants, tandis que son mari est absent physiquement mais d’une totale emprise morale et mentale, dans la personnalité de Diana, dans les intentions de la trouble Beverly, dans les mères de l’école chic qui ne font que s’épier socialement. Et Rachel Joyce est très forte là aussi parce qu’elle ne nous livre pas toutes les réponses, toutes les explications détaillées. Normal puisqu’elle se place du point de vue de Byron qui déclenche des choses, observe, essaie de comprendre, de changer le cours des choses avec "l’aide" de son ami James et qui assiste impuissant à la catastrophe. "Le temps était un trou sauvage au fond duquel les éléments tombaient et changeaient de forme." (p. 325)
Avec Byron et Diana, Rachel Joyce nous offre le récit de l’amour inconditionnel d’un garçon envers sa mère, l’histoire de deux êtres fragiles, sensibles, noyés dans une aventure qu’ils ne contrôlent pas. Une réflexion sur le temps qui passe, sur les choses enfuies que l’on ne peut rattraper et qui vous poursuivent inexorablement. Avec Jim et son lot d’angoisses et de souffrances, la romancière nous montre non sans humour que les larmes peuvent laisser place à la douceur, à l’apaisement. Des valeurs auxquelles l’auteure tient, on le sentait déjà avec Harold Fry.
Quelques petites choses m’ont gênée : quelques lenteurs et répétitions, les clichés de potiche dans lesquels Rachel Joyce enferme Diana (qui correspondaient sans doute à une certaine vision de la femme dans les années 1950-60 mais comme il y a quelques petites allusions à Margaret Thatcher, ces stéréotypes paraissent un peu hallucinants). Mais cela ne m’a pas empêchée de dévorer le bouquin, une fois que j’ai été happée. Une bonne lecture de détente et d’émotions.
Rachel JOYCE, Deux secondes de trop, traduit de l’anglais par Edith Walter, XO éditions, 2014
Un grand merci à Mélanie et aux éditions XO pour l’envoi de ce livre !
Classé dans:Des Mots au féminin, Des Mots britanniques Tagged: Deux secondes de trop, Rachel Joyce