La photographe Geraldine Jacques s’indigne et le fait savoir dans une série intitulée « Rhizome ». Elle y dénonce avec humour la volonté de censure de certaines oeuvres, comme « Tomboy » ou « Tous à poil » qui ont récemment suscité une polémique absurde en France. Elle y invite des anonymes et d’autres, qui le sont moins, à prendre la pause pour s’indigner à leur tour.
Geraldine Jacques est photographe bruxelloise. Et c’est bien cela qui m’énerve dans cette manifestation car, ce n’est toujours pas un élan français que l’on peut applaudir. Cela me fait penser aux centaines de belges qui prenaient le Thalys pour aller soutenir la manifestation pour le Mariage pour Tous. N’y a-t-il donc plus personne pour s’indigner en France ?
C’est donc depuis le Belgique que Géraldine Jacques regarde la France et d’autres se débattre dans un bousier rétrograde teinté d’homophobie, de racisme ou encore d’obscurantisme. Comme pas mal de monde, elle observe d’un œil tantôt consterné, tantôt amusé cet alignement d’absurdités.
Après la polémique de censure du livre pour enfants « Tous à poils », Géraldine a vu « Tomboy », le superbe film de Céline Sciamma. Un film sensible et intelligent sur l’identité et le genre, que des milliers de français souhaitent éradiquer du programme Ecole et Cinéma. Un film qui a, une fois de plus, provoqué une polémique absurde et a généré, comme le livre « Tous à poils », de nombreux amalgames. C’était la fois de trop et au moment du générique final, Géraldine a senti des larmes de rage et de peur lui monter aux yeux.
D’instinct, elle a empoigné son appareil photo pour proposer les deux premiers clichés de la série Rhizome, une série-boutade sous forme de diptyques où la même personne s’adonne d’une part au travestissement et d’autre part à la nudité, avec sous chaque image un sous-titre faisant référence à une oeuvre qui serait potentiellement censurable pour les mêmes raisons que « Tomboy » et « Tous à poil ».
Rhizome tourne en dérision le discours simpliste et extrémiste qui diffuse l’idée que l’accès à une oeuvre artistique va nous «pervertir», changer nos valeurs et nos convictions profondes, sans tenir compte de notre libre arbitre et de l’aspect informatif ou onirique de l’oeuvre. Ne faut-il pas laisser à l’art cette part de liberté qui permet de susciter la réflexion et le questionnement ?
Diffusés sur les réseaux sociaux, les clichés ont rapidement suscité des centaines de réactions positives et ont amené d’autres dyptiques. De nombreuses personnes ont voulu rejoindre le projet mais la pose n’est pas suffisante, l’implication est nécessaire et la colère fait partie du jeu. Géraldine l’exige et invite ses modèles volontaires à amener leur propres références culturelles, celles qui aurait pu, ont été ou pourraient être censurées si l’on a un esprit trop étriqué. Le projet est en cours, d’inspiration révolutionnaire ou contre-révolutionnaire, selon le point de vue où l’on se place.
Pour ma part, je ne peux qu’encourager les nombreux internautes français qui lisent ce site à réagir en participant à cette action artistique et citoyenne.