Il est revenu, c'était prévu. Malgré les polémiques, Nicolas Sarkozy n'a pas changé ses plans. Il s'est montré à Nice pour inaugurer un centre d’accueil et de recherche anti-Alzheimer. Cela ne s'invente pas.
A Paris, ses proches relayent les éléments de langage. Les Sarko-fans ont lancé l'offensive. Il y a pourtant quelques faits, simples, et déjà terrifiants, qui appellent à autre chose que de la diversion.
Sarkozy à Nice
Rares ont été ceux à s'interroger sur le sens politique d'un déplacement de Nicolas Sarkozy à Nice, deux semaines à peine avant le premier tour des élections municipales. Si Christian Estrosi soutient le félon Fillon, la démarche n'est assurément pas neutre. Nicolas Sarkozy travaille au corps chacun des soutiens de ses rivaux.Il était donc là, ce lundi 10 mars, avec Bernadette Chirac, second symbole politique.
A son arrivée, et sans surprise, il s'est offert un "bain de foule" avec les 200 militants UMP invités pour l'occasion. « Nicolas reviens ! », « Nicolas, tiens bon ! » ... Il y flottait comme un parfum de nostalgie. C'était retour vers le futur, version 2007.
Une question nous brûlait les lèvres: pourquoi donc Nicolas Sarkozy avait-il remplacé Marisol Touraine, la ministre de la Santé, ce lundi à Nice ?
Quelques minutes plus tard, il était sur une estrade qui ressemblait en tous points à celles que l'Elysée dressait quand il était président. Il était "crispé" a dit un participant. Il est resté muet sur ses affaires. "Personne n'oubliera Claude Pompidou", fut l'une de ses premières phrases. Il était beaucoup question d'oubli, décidément. "Non pas parce qu'elle était première dame... je ne sais pas ce que cela signifie exactement..." Des rires commencent à fuser dans la salle... Il les interrompt de la main... "Je ne rentre dans aucune polémique, vous l'avez bien compris...".
Distractions sarkozystes
A Paris, un autre procès médiatique avait débuté. Dès potron-minet, quelques avocats et politiques continuaient d'instruire l'accusation contre les écoutes judiciaires dont avait fait les frais l'ancien monarque. Thierry Herzog avait rameuté des confrères, et pas des moindres. Sur France Inter, un peu avant 8 heures, l'avocat Henri Leclerc tentait d'expliquer combien il fallait faire attention en matière d'écoute. Toutes les règles en la matière semblaient pourtant été respectées, à en croire tous les comptes-rendus publiés depuis l'éclatement de l'affaire.Dimanche, le Bâtonnier de Paris s'inscrivait en faux. Pourtant, son prédécesseur avait bel été bien prévenu comme la loi l'exige (article 100-7 du Code de procédure pénale): "Aucune interception ne peut avoir lieu sur une ligne dépendant du cabinet d'un avocat ou de son domicile sans que le bâtonnier en soit informé par le juge d'instruction."
On avait surtout quelques Sarkozystes qui tentaient de rameuter à leur cause tout ce que compte la France de défenseurs de libertés bafouées... par les lois LOPPSI de leur ancien patron.
Confirmons leur notre appui: oui, les écoutes clandestines, furent-elles légalisées, sont l'un des instruments les plus désagréables et dangereux de notre arsenal judiciaire. Que ces chantres de l'ultra-sécuritaire se réveillent aujourd'hui a quelque chose de cocasse et d'hypocrite.
Le summum fut atteint par Brice Hortefeux. L'ancien ministre de l'intérieur, lui-même condamné pour avoir menacé l'avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi, osa nié toute affaire: " Il n’y a pas d’affaires, il y a un feuilleton (...) Plus Nicolas Sarkozy incarne un espoir aux yeux des Français, plus il est la cible exclusive de quelques-uns ."
Plus sérieusement, cette agitation n'avait qu'un but. Elle visait à masquer l'essentiel: à en croire le Monde, Sarkozy est soupçonné de violation du secret de l'instruction. On imagine que la seconde accusation - le trafic d'influence - sera plus mal aisée à prouver puisque "l'influence" a échoué.