L’épargne solidaire, apparue dans les années 1980 face à la montée du chômage, suscite aujourd’hui un intérêt grandissant.
Celle-ci se caractérise notamment par un engagement fort : sélectionner les projets et entreprises financés en fonction de leur utilité dans les domaines de la lutte contre l’exclusion, de leur action dans le développement durable, et de leur valeur éthique, sociale et environnementale. L’épargne solidaire se distingue de l’investissement socialement responsable (ISR) par l’absence d’impératif de performance financière dans la sélection des actifs cotés.
Plusieurs types de produits d’épargne solidaire
L’épargne de partage
Les produits d’épargne de partage (Livrets, FCP, SICAV ou assurance vie) reversent à des organismes reconnus d’intérêt général une partie des revenus de placement. La part des intérêts reversés varie entre 25% et 100%, le profit résiduel étant souvent symbolique. Au regard de la fiscalité, les fonds reversés aux associations sont assimilés à des dons, donnant lieu à une réduction d’impôt sur le revenu. Fin 2012, les livrets et les fonds de partage représentaient respectivement 8,90% et 4,20% de l’encours de l’épargne solidaire[1].
L’investissement solidaire
L’investissement solidaire désigne des produits de placement investis dans des entreprises solidaires ou servant à financer des projets dont la valeur sociale ou environnementale est prouvée. La forme la plus répandue est le fonds 90/10. Sur ce type de produit, 90% des fonds placés sont investis sur des valeurs cotées selon les principes de l’ISR, et les 10% résiduel servent à financer des entreprises ou des projets solidaires. Les fonds 90/10 représentent 13,5% des encours de l’épargne solidaire à fin 2012[1].
L’épargne salariale solidaire
Les salariés disposant d’un PEE ont la possibilité de donner une dimension éthique à leur épargne en investissant dans un FCPES (Fonds commun de placement Entreprise solidaire) finançant des entreprises solidaires. Depuis 2010 et dans le cadre la Loi de Modernisation de l’Economie, les PEE et PERCO ont l’obligation légale d’offrir la possibilité d’investir sur au moins un FCPES. De fait, cette incitation légale a permis à l’épargne salariale solidaire de devenir le principal canal de collecte, représentant près de 55% des encours de l’épargne solidaire à fin 2012[1].
L’actionnariat social
Dans le cadre d’un actionnariat social, l’épargnant fait le choix d’investir directement dans des sociétés et des projets répondant aux critères éthiques, environnementaux et sociaux de l’épargne solidaire.
Les circuits à disposition des épargnants
Les épargnants qui font le choix de l’épargne solidaire peuvent passer par plusieurs circuits et modalités d’investissement :
Il existe en outre deux labels qui permettent de garantir l’utilité sociale et environnementale des produits d’épargne. Créé en 1997, le label Finansol est attribué par un comité d’experts indépendants, et repose sur des critères de solidarité et de transparence. A ce jour, 122 produits d’épargne solidaire bénéficient de ce label. Par ailleurs, depuis 2013, Novethic a mis en place un label « Fonds Vert » pour les fonds d’investissement qui financent des entreprises dont l’objectif est de trouver des solutions aux problématiques environnementales. Outre ces labels qui offrent visibilité et transparence aux épargnants, il est possible de souscrire à des produits d’épargne solidaire non labélisés.
Tendance et acteurs de l’épargne solidaire
Parmi les gestionnaires de l’épargne solidaire on retrouve les groupes bancaires traditionnels français, dont BPCE fait figure de leader en consolidant une part de marché de 47,1% (avec notamment, Natixis AM qui arrive en tête de ce classement, et le Crédit Coopératif, acteur pionnier dans ce domaine).
La crise économique ainsi que le niveau historiquement bas des livrets d’épargne ne semblent pas décourager les épargnants solidaires, dont les dépôts représentaient à fin 2012 près de 4,7 milliards d’euros. Les encours d’épargne solidaire sont en forte progression avec un taux de croissance annuel moyen de 19% sur la période 2008-2012.
Bien que sur une trajectoire de croissance certaine, l’épargne solidaire reste pour l’instant relativement anecdotique représentant seulement 0,123% du patrimoine des français (hors immobilier). Les principaux acteurs se sont fixés comme objectif que cette part atteigne 1% du patrimoine des français d’ici 2026.
D’ailleurs, les évolutions anticipées des comportements des consommateurs, dans un contexte de crise de confiance et de défiance relative vis-à-vis du secteur financier laissent présager une augmentation de la demande pour ce type de produits. Les banques de détail seront donc amenées à proposer de manière plus visible ces produits au sein de leur réseau pour répondre à la demande et contenir une éventuelle fuite des clients vers des établissements spécialisés (La Nef, Crédit Coopératif…).
Le déploiement d’une offre d’épargne solidaire au sein d’un réseau traditionnel doit répondre à une double exigence. D’une part un enjeu marketing, qui consiste à trouver un positionnement pertinent pour les produits d’épargne solidaire au sein de l’offre bancaire classique et véhiculer le bon message auprès des clients. D’autre part un enjeu financier, qui consiste à intégrer d’avantage de critères extra financiers dans le suivi des investissements et nouer des partenariats avec des associations et des entreprises solidaires.
Cette tendance pourra contribuer à étendre les pratiques de développement durable au sein des établissements. Non pas celles qui consistent à réduire la consommation d’énergie au sein des locaux ou à dématérialiser les documents clients (qui incombent à toute entreprise), mais celles qui s’intéressent véritablement à l’activité bancaire, via les produits. Cette tendance dépasse d’ailleurs le seul cadre de l’épargne solidaire et devrait être appelée à se développer à moyen terme.
[1] : Source : Finansol
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