Je me rappelle cette fois où tu me dis te sentir inférieure à moi. Tu me confias : Dodo, moi, je ne suis qu’une simple fonctionnaire. Toi, tu possèdes un diplôme universitaire. La poitrine serrée, je m’empressai de te rassurer.
Que dis-tu là? Les études ne font pas de nous des gens intelligents. De bons perroquets, peut-être, mais pas des esprits indépendants. Toi, tu détiens un savoir qui ne s’enseigne nulle part. Tu as l’intelligence du cœur. Ce qui est très rare. Tu étudies à l’école de la vie. Celle qui cultive les vrais génies.
Ton sourire rayonnait d’un tel éclat. Il était plus brillant qu’un baccalauréat!
Pour comprendre ta situation, je me posai quelques questions. Par exemple, qu’est-ce que la mémoire? Est-ce de notre être l’unique reposoir? Est-ce de nos souvenirs le vulgaire dépotoir? Voyons voir.
Il y a la mémoire factuelle. Celle qui enregistre les faits tels qu’ils se produisent et répertorie les informations que nous collectionnons. Elle est objective.
Il y a la mémoire émotionnelle. Celle qui enregistre les émotions dont nous chargeons les faits et colorie nos perceptions. Elle est positive et négative.
L’une et l’autre composent nos souvenirs et nos projections.
Elles teintent le passé de désespoir et l’avenir d’espoir. Alors, qui est le héros de l’histoire? Une individualité qui se limite à des fichiers bien classés? Une entité qui se résume aux archives de sa réalité?