Pour se rendre malheureux, il suffit d'ouvrir le journal du jour, mais pour être heureux, de s'offrir une visite au Louvre.
Régis DEBRAY
Par amour de l'art. Une éducation intellectuelle
Paris, Gallimard, Folio 3352,
p. 89 de mon édition de 2000
Avec les quelques monuments non officiellement identifiés déposés au pied de la première partie de la vitrine 6 de la salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre qui nous ont offert de bien intéressants échanges de commentaires, sans oublier,juste avant le congé de carnaval belge, ce petit détour par l'appréhension de données philosophico-religieuses à propos du "sep tepy", j'ai terminé à votre intention, amis visiteurs, l'évocation des deux éléments qui constituèrent l'essentiel du repas de l'ensemble de la population égyptienne : le pain et la bière.
Souvenez-vous, le 19 novembre, nous avions une première fois rencontré trois figurines de calcaire de serviteurs attelés qui à fabriquer l'un, qui l'autre. Cette première prise de contact fut prémices à pénétrer plus avant dans la vie professionnelle, le 26 novembre suivant, de deux meunières et, le 3 décembre, du brasseur, ce dernier acquérant une certaine "célébrité" grâce à la position qui était sienne pour effectuer sa tâche ; ce qui lui permit d'être invité à se présenter sur un blog ami, très pointu : celui du docteur Richard-Alain Jean, aux pratiques thérapeutiques des Égyptiens entièrement consacré.
Les deux derniers mardis avant les vacances de fin d'année, nous envisageâmes, le 10 décembre, les sources de nos connaissances pour ce qui concerne les opérations de boulangerie et, le 17, l'approche de deux bas-reliefs qui leur étaient consacrés.
A la rentrée de janvier, je vous proposai de les détailler : E 17499, le premier mardi et E 13481 ter, la semaine suivante.
Le 21, nous fîmes connaissance avec le prince Djehoutymès se voulant respectueusement meunier du dieu Ptah, avant d'envisager, le 28 du même mois les travaux de brasserie grâce aux modèles alignés sur l'étagère vitrée supérieure.
Ainsi, quelques mois durant, avons-nous envisagé, dans leurs plus grandes lignes, tous les objets exposés qui, peu ou prou, ressortissaient au domaine de ces denrées primordiales pour les Égyptiens de l'Antiquité, tant ici-bas que dans leur éternité post-mortem.
Cette page tournée, il est temps à présent de nous acheminer vers l'autre côté de la vitrine,
vers celui où, alors que les reflets trahissent avec force la présence de grandes fenêtres grillagées donnant sur le Quai François Mitterrand, la Seine et, à l'autre extrémité de l'adorable Pont des Arts, la Coupole de l'Académie française qui veille sur notre belle langue, les Conservateurs ont choisi de nous sensibiliser, non plus à la réalité alimentaire de la grande majorité des habitants du Double Pays, mais à leurs rêves en la matière, à leurs envies, à leurs espoirs en une nourriture plus variée, plus riche aussi qui les attendrait dans un Au-delà plus clément, à l'instar de celle, ils en étaient conscients, qu'ici sur terre, s'offraient sans scrupules le Palais, les dieux, partant, le corps sacerdotal qui officiait au sein des temples, ainsi que la frange la plus aisée de la société civile aux ordres du souverain
Ceux-là, privilégiés à l'extrême, voyaient défiler sur leur table viandes, volailles, poissons, fruits et légumes divers livrés à leurs seuls goûts culinaires et préparés avec soin par une escouade de cuisiniers vraisemblablement sélectionnés selon des critères d'excellence.
Avec tous ces produits de bouche sortant franchement de son ordinaire, - et que je vous invite à découvrir en ma compagnie les mois à venir dans la seconde partie de la vitrine 6 -, que pouvait espérer de mieux le petit peuple qui, le plus souvent, s'était, vous l'avez parfaitement compris, contenté essentiellement de pain et de bière ?