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"Discours de la servitude volontaire" d'Etienne de La Boétie

Publié le 11 mars 2014 par Francisrichard @francisrichard
"Discours servitude volontaire" d'Etienne Boétie

Selon son ami Michel de Montaigne, plus jeune que lui de quelque deux ans, Etienne de La Boétie aurait eu seize ans quand il écrivit son Discours de la servitude volontaire. Il ne semble pas que l'on ait jamais trouvé de quoi contredire cette assertion.

Quoi qu'il en soit, Etienne de La Boétie fait partie de ces comètes qui illuminent le ciel de la pensée française et disparaissent très vite après. Il est mort en effet à l'âge de 32 ans.

Dans ce discours, qui le fit remarquer par Montaigne, La Boétie s'interroge sur les raisons qui poussent les gens à accepter volontairement de servir des tyrans et à être asservis par eux.

Pour La Boétie il semble naturel que l'homme soit libre et qu'il veuille l'être. Il est donc d'autant plus curieux qu'il prenne un autre pli.

Qu'importe l'origine du pouvoir étatique - élection du peuple, force des armes ou succession de race -, un tyran reste un tyran. Et qu'il tienne son pouvoir du peuple ne le rend pas davantage supportable. Au contraire.

La Boétie voit deux raisons à la servitude volontaire à l'égard du tyran:

"La première raison de la servitude volontaire, c'est l'habitude."

"De cette première raison découle cette autre que, sous les tyrans, les gens deviennent aisément lâches et efféminés."

Par tyran, La Boétie entendait le pouvoir d'un seul. Aujourd'hui le tyran, dans nos pays démocratiques, a pris la figure d'un Etat dont le périmètre n'a cessé de s'étendre. Les Etats étant plus ou moins tyranniques en proportion de leur étendue.

Comme du temps de La Boétie, qui avait étudié l'histoire de l'antiquité grecque et latine, la servitude volontaire à cette nouvelle forme de tyrannie qu'est devenue l'Etat provient de la force de l'habitude. Petit à petit, on pourrait dire furtivement, les gens se sont laissés déposséder de leur liberté et l'Etat est devenu tellement puissant qu'ils n'ont même plus la force de lui résister.

Comme du temps de La Boétie, un grand nombre de gens, quand ils recouvrent une part de leur bien que l'Etat leur a confisquée par l'impôt, ne s'avisent pas "que cette part même qu'ils en [recouvrent], le tyran n'aurait pas pu la leur donner si, auparavant, il ne la leur avait enlevée"...

Au final, le résultat de l'actuelle servitude volontaire n'est pas si différent que cela, aujourd'hui, de celui que pouvait décrire La Boétie en 1546:

"Par les gains et les faveurs qu'on reçoit des tyrans, on en arrive à ce point qu'ils se trouvent presque aussi nombreux, ceux auxquels la tyrannie profite, que ceux auxquels la liberté plairait."

Sauf que, dans des pays comme la France, ceux qui profitent de l'Etat, devenu Etat-providence, sont maintenant plus nombreux que ceux auxquels la liberté plairait...

Francis Richard

Discours de la servitude volontaire, La Boétie, 64 pages, Mille et une nuits


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