Magazine Culture
Elles œuvrent la nuit quand nous sommes dans les bras de Morphée, ou le jour, en toute discrétion.
Certains les ignorent, d’autres les méprisent. Pourtant, elles contribuent toujours et inlassablement à notre bien être.
Elles, se sont des agents de propreté, plus communément connues sous l'expression de " femmes de ménage ".
Grâce à son très beau récit autobiographique intitulé Le quai de Ouistreham, Florence Aubenas les éclaire sous un nouveau jour.
Pendant 6 mois (jusqu’à ce qu’on lui propose un CDI), la journaliste (et célèbre otage en Irak) a enquêté à Caen.
Elle a répondu à des petites annonces, et trouvé un travail d’agent d’entretien, ce qui lui a permis d’écrire ce livre-reportage.
Extraits :
« comment vous y prenez-vous pour nettoyer cette table ? Vous voulez la revendre ou quoi ? On ne fait pas comme ça, voyons ». Il lui prend brusquement le chiffon des mains, le plie en quatre à quelques centimètres du visage de Roland, comme s’il s’apprêtait à le débarbouiller avec. Puis, dans un mouvement de gondolier, mais à une allure frénétique, M. Mathieu se met à frotter la table lui-même, tout en criant : « il faut faire des gestes amples, énergiques. Allons, réveillez-vous bon sang ». Il ressort.
J’ai aimé deux choses dans ce livre :
La qualité de cette enquête qui démontre un réel investissement de son auteure.
Employée en tant qu'agent d'entretien dans un ferry, dans un camping ou encore chez des particuliers durant plusieurs mois, elle a su retranscrire parfaitement cet univers.
J’ai également apprécié ce récit plein d’humanité qui décrit à quel point ce travail peut être ingrat, mais également la solidarité entre ces femmes (car il s’agit d’un monde essentiellement féminin) face à la précarité, à la dureté des tâches, à des conditions de travail scandaleuses, et à la mesquinerie de leurs employeurs, ou pire des employés des sociétés dans lesquelles elles interviennent.