Le voilà enfin! Après avoir teasé un bon nombre de morceaux de l’album (Blind Threats, Break the Bank, Collard Greens, Man of the Year, Yay Yay) Oxymoron est arrivé. Désormais signé sur Interscope Records, l’opus marque le début sur une major pour Schoolboy Q (même si la galette demeure également distribuée par Top Dawg Entertainment, maison d’origine de l’artiste). Après « Setbacks » en 2011, « Habits & Contradictions » en 2012, Oxymoron témoigne de la productivité débordante dont fait preuve l’artiste mais également du recul pris sur son travail, un dur labeur de deux ans, lui qui aurait pu se contenter de sortir mixtape sur mixtape. Pour le freshman de l’année 2013 (source XXL), Oxymoron est l’album de la confirmation, son classique à lui. Alors verdict ?
Hello…. Hello ? Fuck rap my daddy is a gangster,
Gangsta, gangsta, gangsta
Il aura suffit d’un hook sur l’introduction d’Oxymoron (« Gangsta ») pour nous le faire comprendre… On ne rigole pas avec Schoolboy Q ou du moins avec son rap. S’il est ici aujourd’hui, c’est bien dans le but de ramener le gangsta rap sur le devant de la scène (à l’origine le gangsta rap est un genre particulier du hip-hop né à la fin des années 80 – début 90, visant à décrire de façon réaliste et cru, son « quotidien » souvent en lien avec la violence. Exemples d’artistes de ce type : NWA, 2Pac, Notorious Big, Westside Connection, Mobb Deep, M.O.P). Dans l’idée, on est plutôt partant puis comme il s’avère que le protagoniste a fait partie d’un gang dès l’âge de 12 ans, ça enlève toute question d’illégitimité de nos têtes.
Dans Oxymoron, le rappeur nous immerge dans son passé. De son affiliation à un gang, à la vente et consommation de drogues mais aussi (surprise) à son éducation (Gangsta). Une histoire, dont on avait pu voir l’ombre se dessiner dans Habits & Contradiction,qui est cette fois abordée de manière bien plus profonde et également plus sombre. Un véritable plongeon dans le passé de Schoolboy Q s’effectue sur plusieurs titres : « Hoover Street » en référence à sa rue d’enfance, « Prescription-Oxymoron » parlant ouvertement de ses ventes d’oxycodone ou encore »Lyrical Swords (ft. Raekwon) » où ce dernier explique comment devoir voler et tuer (avec des rimes aiguisées) pour survivre et ainsi aider sa famille. Une remise en perspective de sa vie, de ses actes, mais sans regret. Cette dualité entre le bien et le mal façonne ainsi l’ensemble d’Oxymoron comme il l’expliquait au site hiphopdx.
« I’m doing all this bad to do good for my daughter. That’s why I’m robbin’. That’s why I’m stealin’. …Whatever it is that I’m talking about in my album [that's] negative, it’s always for a good cause, for my daughter. »
Cependant, là où Kendrick Lamar avait fortement joué sur cet aspect narratif avec Good Kid, M.A.A.D City, Schoolboy Q n’a pas cette revendication et procède à un subtil mélange entre titres narratifs et véritable coupe-gorge (Gangsta, Hell Of The Night). Qui plus est Schoolboy Q s’avère aidé par l’évolution de sa voix et de son flow depuis son dernier opus. Des changements qui lui permettent de s’associer à tous types de productions en passant de ses compatriotes Digi+Phonics et THC de chez TDE, à Pharrell Williams, Tyler The Creator, The Alchemist, etc. Une production bien maitrisée, ainsi que d’excellents featurings permettent à Oxymoron de proposer une formule étonnamment entraînante pour un rappeur de sa trempe.
Même si cet LP n’est pas le plus consensuel ni le plus profond, Oxymoron possède de fantastiques et très fort moments personnels, encadrés par une set-list solide. Avec son flow parfois nonchalant, parfois rapide, Schoolboy Q évite le piège de la répétition facile et s’attaque à la difficile tâche d’attirer de nouveaux fans, sans dévier trop loin de la formule qui l’a fait connaître. À coup sur l’un des (meilleurs ?) albums hip-hop de cette année.