Ce samedi soir, j'ai couru le trail des 1000 marches, entre Saint-Benoit et Poitiers, dans la Vienne. 1000 marches, c'est le nom de cette belle course qui parcourt les chemins en surplomb du Clain, l'une des rivières qui coule ici, puis sillonne les escaliers et les pentes de la ville, et Poitiers n'en manque pas! Construit sur une éminence, on appelle le centre-ville le Plateau, la cité recèle un nombre conséquent de rampes et de grimpettes que les organisateurs, mes amis de l'Ultramicale, se sont fait fort de faire découvrir. 1000 marches enfin bien plus (2750 à la montée et 1900 à la descente!), et donc pas mal de dénivelé (800 mètres pour 38 kilomètres), des relances incessantes et un parcours bien physique. En prime, le tout est à parcourir de nuit et en autonomie, car il n'y a pas un seul ravitaillement.
Nous partons, avec mes amis Alexandre et Widy, vers 18h30 pour nous rendre au lieu de départ (et d'arrivée), à Saint-Benoit, un beau village tout près de Poitiers. Pour moi, cette course viendra conclure un séjour chez mes parents qui m'aura fait du bien et permis, je pense, de récupérer un peu de la fatigue accumulée et de mon gros coup de barre de ce dernier mois. Un entraînement léger puis convenable, partagé avec mes deux copains de Poitiers, un quotidien moins agité, les miens, j'en avais sans doute besoin. Pour une fois, je me suis un peu "posé". Ces milles marches, qui annoncent donc un programme tout de même pas facile, vont être un bon test. Après les 20 kilomètres de Mirebeau qui se sont plutôt bien passés, je suis certes plus confiant, mais tout de même, mes récents déboires restent dans mon esprit. Je suis motivé pour faire une bonne course et surtout j'espère être capable de boucler le parcours sans grande souffrance ni grosse fatigue.
Après avoir dit bonjour à pas mal d'amis, s'être un peu échauffé aussi, nous nous installons donc sur la ligne de départ. 450 coureurs, individuels et relayeurs, sont là. Les frontales s'éclairent, la nuit vient de tomber. Nous allons d'abords nous élancer à travers les petits sentiers qui bordent le Clain.
Curieusement, je trouve, alors que la distance proposée est bien plus longue, que ça part plus vite que la semaine dernière. Le niveau est certes bien plus dense. Mais après un instant de mise en route, je relance pour me recaler pas trop loin des leaders. Ca va vite, mais je ne me sens pas si mal. Les premiers chemins sont assez roulants, nous ramenant vite vers le village de Saint-Benoit.
Là, à l'assaut des tous premiers escaliers du parcours, nous sommes un petit nombre à nous tromper une première fois de chemin. Il est vrai que les changements de direction demandent une grande attention dans la nuit. Mais nous ne perdons pas beaucoup de temps et j'essaie de ne pas trop perdre de mon sang froid. Un peu plus loin, je rejoins Widy, je ne dois donc pas être bien loin du groupe de tête à nouveau.
Nous quittons Saint-Benoit par un grand pont qui enjambe la route et le Clain, qui à ma grand surprise est presque noir (c'est normal il fait nuit)... de monde! La course sera ainsi animée par un bon nombre de spectateurs. Les sentiers se font un peu plus techniques à cet endroit là puisque nous parcourons les pentes qui surplombent la vallée du Clain. J'essaie de rester attentif mais j'avoue que courir ainsi assez vite de nuit sur les chemins n'est pas trop mon truc. Enfin je ne perds pas de terrain et suis sans gros soucis le petit groupe que nous formons avec quelques coureurs.
Parvenus en bas, sur des sentiers que j'emprunte souvent à l'entraînement, nous nous mouillons un peu les pieds, et même les mollets, à deux ou trois reprises car le Clain est tout de même encore en crue malgré le beau temps qui vient de s'installer dans la région.
Poitiers se rapproche bien vite et juste en franchissant à nouveau la rivière, j'apprends qu'il n'y a qu'un seul coureur devant nous, mais il a déjà creusé un bel écart (et il remportera la course avec une large avance). A partir de là, les escaliers, que je connais bien pour la plupart, vont s'enchaîner. Nous passons aussi dans des petites ruelles en pentes et même dans des chemins bien cachés dans la ville. Enfin le clou du spectacle tient dans les passages inédits à l'intérieur même des enceintes de certains monuments de la ville, qui abritent bien évidemment quelques marches supplémentaires! Une belle visite mais qui demande bien des efforts.
Je me sens plutôt bien mais mon ventre me fait assez vite souffrir. Décidément mon système digestif a un peu de mal en ce moment. Après la mi-course, et un beau passage dans l'hôtel de ville, où la foule est vraiment bien dense, j'ai toutefois un bon moment qui me permet de rejoindre les deux coureurs qui viennent alors de nous lâcher, Widy et moi. Je ne reverrai d'ailleurs plus Widy qui, pressentant une hypoglycémie lorsque nous escaladons les fameux escaliers du diable, doit jeter l'éponge malgré de bonnes sensations. Mais ce regain de forme ne dure pas trop longtemps et quelques kilomètres plus loin je dois ralentir puis m'arrêter un instant...
Je perds donc quelques places et du temps mais rien de catastrophique. Après un détour dans les hauteurs de Poitiers, nous repiquons vers le centre-ville: le théâtre, puis le palais de justice nous offrent aussi leurs escaliers. Je serre les dents car si mes soucis digestifs sont passés, je commence tout de même à être un peu plus fatigué.
Nous repassons vers le parc de Blossac, puis le Clain. Il ne reste que trois ou quatre kilomètres, je n'ai plus qu'à m'accrocher. Une dernière descente un peu raide au-dessus de la rivière, une bonne remontée, puis un dernier kilomètre sur des chemins plats et boueux qui me semble durer bien longtemps.
Enfin j'aperçois la salle où est jugée l'arrivée. Juste le temps de m'apercevoir que les loupiottes derrière moi ne sont pas bien loin, et j'escalade puis dévalé une dernière volée de marche à l'intérieur même de la salle.
C'est fini, j'ai bouclé cette belle balade au clair de lune en 3h20, à la 7e place. Ca aurait pu être pire et je suis plutôt content de ce résultat et surtout d'avoir ainsi pu courir jusqu'au bout. La forme n'est pas encore parfaite, mais ça va mieux.
Il est tard mais nous restons longtemps, Alexandre (qui a terminé un petit quart d'heure après moi) et moi pour nous restaurer (la faim n'est pas trop là mais bon...) et discuter.
Les organisateurs, Guy, Thierry, Michel, Stéphane et Nathalie notamment, ont vraiment offert une belle nuit aux coureurs. Cependant, leur investissement pour cette organisation, malgré le succès, leur pèse un peu et ils ne sont pas tout à fait sûr de reconduire l'évènement l'an prochain. Je l'espère bien car cette course loin des normes et vraiment belle mérite bien de nouvelles éditions!
Photos: Michel Eugène et Patrick Waine.
Aux 1000 marches, tout le monde court avec le T-Shirt de l'organisation, un joli Raidlight rose! Pratique pour voir ses concurrents la nuit!
Sur la deuxième photo, je grimpe le chemin de la Caguouillère, qui remonte du Clain vers le parc de Blossac et le centre-ville. Une bonne pente!