On ne la présente plus ! C'est une petite ville de la Côte d'Azur célèbre dans le monde entier grâce à son renommée Festival du Cinéma. Mais la côte fut déjà appréciée bien avant pour la douceur de son climat et la beauté de ses paysages. Outre la fameuse Croisette, balade agréable le long de la mer, il ne faut pas oulier d'aller visiter le vieux Cannes, dans le quartier du Suquet, en hauteur. Une promenade sportive mais charmante !
L'origine de la ville est le piton du Suquet, un excellent promontoire pour surveiller les environs et un site défensif naturel efficace pour répondre aux attaques. D'après la tradition locale, les premiers hommes à avoir occupé le site semblent être les Ligures. Ils sont censés avoir bâti un oppidum au sommet de la colline. Aucun vestige archéologique n'a cependant jamais été découvert sur le site venant attester cette légende.
Ce sont les îles de Lérins qui ont intéressé plus particulièrement les auteurs antiques. Ce minuscule archipel au carrefour des routes maritimes offrait quelques atouts remarquables. Pour les navigateurs à voiles en provenance de l’ouest, les îles constituaient un mouillage sûr avant Antipolis (Antibes), la seule véritable ville de la région après Fréjus. L'archipel est évoqué comme une étape importante dans les circuits maritimes de l’époque. Strabon, voyageur et géographe grec, évoque le nom de la plus grande des îles sous le nom de Lero (d’où les îles de Lérins). Il fait mention d'un sanctuaire où on vouait un culte à un demi-dieu que les Grecs nommaient Heros. L'auteur romain Pline l'Ancien mentionne aussi dans ses écrits le nom des deux îles et ainsi que celui de la fortification sur la falaise. L'archéologie, les textes antiques ainsi que le nom du lieu témoignent de l'importance accordée par les communautés ligures à ce site. Cette colonie maritime, doublée d’un lieu de culte réputé était probablement très animée. Cette position géostratégique suscita l'intérêt des Romains qui, dès l’époque républicaine, s'emparent de l'île et fortifient l'agglomération qui se trouve actuellement sous le fort royal.
L'ensemble du littoral est fortement occupé à l'époque romaine, notamment autour de la via Julia Augusta construite durant la période augustéenne qui longe la côte depuis l'Italie jusqu'au Var en passant par Antibes et Saint-Cassien notamment. Quelques traces d'occupation antiques ont été identifiées sur le territoire de la commune de Cannes.
Durant la Pax Romana, l’Église chrétienne étend son évangélisation en Europe. On assiste à l'apparition et l'organisation d'évêchés ainsi qu'au développement de monastères. La plus petite île de l'archipel (l'île Saint-Honorat) voit la fondation du monastère de Lérins par le moine Honorat. En compagnie de son ami Macaire, il choisit la vie d'ermite mais son aura est telle que de nombreux autres moines, de tous les coins de l'Occident, vienent les rejoindre et ce, durant près de deux siècles. Il y bâtit sept chapelles entourées de quelques cellules. En 426, Saint Honorat accepte l'archevêché d'Arles. L’abbaye devient un centre spirituel chrétien qui forme de nombreux prélats partis évangéliser l'Occident chrétien, et administrer l'Église naissante, dont certains deviendront des saints (dont,selon certains chroniqueurs, Saint Patrick).
Avec la chute de l'Empire romain, la Provence, passe sous la domination relative des Wisigoths, de l'Empire byzantin, des Francs et connaît une certaine prospérité entre le Ve et le VIIe siècles.
Au début du VIIe siècle, les moines investissent la butte Saint-Cassien. D'après la tradition lérinienne, saint Nazaire y édifie un couvent dédié à saint Étienne après y avoir détruit un temple païen. Ce couvent devient le centre d'une agglomération liée au monastère de Saint-Honorat, Arluc. Le site prospère jusqu'au XIe siècle malgré un incendie au VIIIe siècle et la mise à sac par les Sarrazins au Xe siècle.
Arluc possédait un port important, mais l'ensablement progressif de la rade va déplacer le littoral de plus d'un kilomètre. La disparition du port permettra ainsi le développement d'un concurrent à Arluc en privilégiant le très modeste castrum du Suquet et son extension, Cannes. Au XIIIe siècle le village d'Arluc semble avoir disparu...
Au Moyen Age, le pouvoir des comtes de Provence a du mal à s'imposer, face aux populations et à la noblesse locale, peu enclines à accepter l'ordre féodal... Vers l’an 1030, Guillaume-Gruette, entre dans les ordres et cède une partie de ses terres à l’abbaye de Lérins. L'acte de donation est en même temps l'acte de création du territoire qui deviendra la commune de Cannes. Il fait mention d'un château sur la colline du Suquet, au centre d'une nouvelle agglomération qui se développe. L'acte de 1030 fait encore référence à un port qui n’était en réalité qu’une plage. On peut lire : De Portu Canue, provenant du mot ligure canoa signifiant hauteur ou piton et se rapportant au lieu antique d’occupation humaine sur la colline du Suquet.Vers 1080, l'abbé de Lérins Aldebert II entreprend la construction de la grande tour du Suquet pour mettre le site à l'abri des attaques des corsaires et des sarrasins. Elle ne sera terminée que trois siècles plus tard en 1365.
On voit se développer un véritable habitat féodal avec un château, des maisons, un hôpital, des églises... Les activités du village sont l’agriculture (blé, olivier) et la pêche. Le dynamisme commercial est étroitement lié à l'activité portuaire et à la riche et commerçante ville de Grasse qui y exporte ses tissus et ses cuirs.
Au XIVe siècle et au XVe siècle, Cannes est touchée par les épidémies de peste, les guerres et les mauvaises conditions climatiques. Cannes est aussi affectée par les conflits entre les seigneurs locaux et les guerres entre les royaumes. Lorsque Cannes passe sous l'autorité de la dynastie des comtes Catalans elle connaît une période de paix et d’expansion. Peu après, les Angevins, branche cadette des rois de France, récupèrent la Provence et Cannes se retrouve au milieu du conflit. Après une série de guerres, le Comté de Nice devient possession du duc de Savoie en 1388. En 1481 la Provence est intégrée au royaume de France.
Durant l'Ancien Régime, Cannes continue de souffrir des conflits entre les puissances monarchiques et impériales européennes : guerres entre François Ier et Charles Quint, le duc de Savoie lors de la guerre de Trente Ans, le prince Eugène et le roi Victor-Amédée II de Sardaigne au XVIIe siècle, la guerre de succession d’Autriche au XVIIIe siècle, le maréchal Brown et ses Croates. Les Anglais en profitent pour occuper les îles mais ils y restent peu de temps : le chevalier de Belle-Isle rétablit l'ordre en les chassant. La ville est également exposée aux rafles des pirates et corsaires de toutes nationalités qui vendent leurs prises sur les marchés aux esclaves. En 1635, les Espagnols prennent possession des îles de Lérins. Ils y édifient une fortification et s'y installent. Une bataille éclate sur les îles entre Français et Espagnols et la flotte française chasse les occupants par la force des canons. Vauban fait fortifier l'île Sainte-Marguerite. Le fort devient une prison d’État utilisée par tous les régimes. Plusieurs « illustres » prisonniers y séjournent, dont en 1687, le mystérieux masque de fer (il y resta onze ans).
La période révolutionnaire commence. Les biens ecclésiastiques de la municipalité de Cannes sont liquidés en 1791. L’abbaye est acquise par Jean-Honoré Alziary qui la rétrocède à sa fille, une célèbre comédienne connue sous le pseudonyme de Mademoiselle de Sainval. Elle s'y installe tout en apportant une décoration personnelle profane bien éloignée des codes artistiques de l'Église. L'évêque de Fréjus racheta l'abbaye en 1859. La vente de la chapelle Saint-Cassien provoque un violent élan contestataire de la part de la population qui s'oppose vigoureusement à la vente et réussit à conserver ce bien ecclésiastique convoité par un notable de Grasse.
En décembre 1834, Lord Henry Brougham and Vaux, grand Chancelier d’Angleterre, décide d'emmener sa fille Éléonore-Louise visiter l’Italie. Cependant, le roi du Piémont ayant fait fermer sa frontière avec la France en raison d’une épidémie de choléra, obligé de faire demi-tour, lord Brougham décide de se diriger vers Grasse. Sur le chemin, il s’arrête à l’auberge de maître Pinchinat, à Cannes. Charmé par le site, l’accueil, la bouillabaisse et le vin de maître Pinchinat, Lord Brougham décide de se faire bâtir une résidence dans ce village. Deux ans plus tard, toute la haute société londonienne se presse à Cannes pour l’inauguration d'une vaste et superbe demeure, la villa Éléonore-Louise.
En quelques années, le petit port de pêche se transforme, les nouveaux quartiers se construisent avec villas et châteaux et Cannes apparaît alors comme « la ville aristocratique par excellence ». On élargit le sentier qui serpentait le long du littoral. Baptisé « Chemin de la Petite Croix », il deviendra ensuite la célébrissime Croisette. En 1848, Alexandra Feodorovna Skrypitzine, la femme du consul de France à Moscou Eugène Tripet tombe amoureuse de Cannes et entraîne à sa suite l’aristocratie russe.
À la fin du XIXe, on voit apparaître le célèbre hôtel Carlton, pour accueillir la riche clientèle d’hiver ; on édifie le Casino municipal. Ces établissements sont le cœur des soirées mondaines à Cannes, il s'y déroule toutes les manifestations de prestige. Le début du XXe accueille de nouveaux palaces comme le Miramar ou le Martinez. Durant cette période, le village devient ville et s’agrandit vers l’ouest au quartier de La Bocca. Sa population passe de 3000 habitants en 1814 à 30.000 en 1914 pour atteindre aujourd'hui environ 72.400.
Après la guerre, c'est le temps des années folles. Tout ce que compte l'Europe de gloires mondaines et de majestés en exil, ou simplement en villégiature, s'y côtoient amicalement : roi de Suède, roi de Portugal, shah de Perse et une multitude de princes russes. Les beautés tapageuses du Tout-Paris font cortège aux rois pour égayer les nuits blanches et susciter quelques scandales dont s'alimente la presse parisienne. Les artistes sont aussi présents pour fixer les traits à la mode. Parallèlement, au milieu de tout ce faste, Cannes, station d’hiver, développe sa vocation de station d’été avec la vogue des bains de mer et la mode du bronzage.
Grâce aux « congés payés de 1936 », les touristes « populaires » viennent s’ajouter aux vacanciers aisés au sein de la station balnéaire, ce qui n'est pas sans susciter des mécontentements...
En 1939, le gouvernement français décide de créer un festival international du film. La ville de Cannes est choisie pour « son ensoleillement et son cadre enchanteur ». La guerre diffère le projet. À l’exception de 1948 et 1950, le festival devient un rendez-vous annuel, d’abord en septembre puis, à partir de 1951, en mai. S’affirmant comme le lieu de rencontre privilégié du cinéma mondial, la manifestation acquiert une notoriété se fondant sur l’équilibre entre la qualité artistique des films et leur impact commercial. Elle est très fréquentée par une clientèle française et étrangère fascinée par son aura de ville de stars. De cette intense activité touristique, les secteurs ultra développés de l’hôtellerie, de la restauration et des commerces de luxe fournissent une vitrine prestigieuse au luxe français.
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D'après Wikipédia