Ce que le jour doit a la nuit - 7,5/10

Un film de Alexandre Arcady (2012 - France) avec Fu'ad Ait Aattou, Nora Arnezeder, Anne Parillaud, Anne Consigny, Mohamed Fellag, Vincent Perez, Marine Vacth, Nicolas Giraud, Olivier Barthélémy, Matthieu Boujenak, Matthias Van Khache

Un peu lent, un peu mélo, mais beaucoup de charme

L'histoire : Algérie française, Oran, années 40. Younès, dix ans, dont la famille ne peut subvenir aux besoins, est recueilli par son oncle Mohamed, pharmacien, qui a épousé une Française, Madeleine. Entre ces deux cultures, l'enfant se sent bien mais souvent, et tout au long de sa vie, on lui rappellera qu'il est "l'Arabe". Sa meilleure amie est Emilie, qui prend des leçons de piano avec Madeleine. La tension monte dans le pays entre les deux communautés. Certains Algériens radicaux commencent à se manifester et Mohammed est bientôt arrêté, accusé de "mauvaises" fréquentations. Libéré, il décide de quitter Oran, car il passe désormais pour un traître, qui a vendu ses compatriotes pour continuer de se faire bien voir des Français. La famille s'installe dans une petite ville plus retirée et Mohammed ouvre une nouvelle pharmacie. Loin de l'agitation des grandes villes, la vie est douce sous le soleil...

Mon avis : La presse a un peu boudé, normal ; Arcady fait partie des réalisateurs dont on se moque, quoi qu'ils fassent. Je ne sais pas pourquoi. Il a bien eu quelques ratés, c'est vrai, mais aussi de vraies réussites et même les plus grands connaissent des hauts et des bas. Je suppose qu'il est un peu trop sentimental et qu'il fatigue certains, toujours avides de sensations fortes. C'est un tendre, Arcady. Il n'oubliera jamais l'Algérie de son enfance, il n'a de cesse de nous la peindre, de nous la dépeindre, à travers mille histoires, et des paysages ensoleillés, à faire tomber d'envie ; il aime les histoires d'amour un peu compliquées et les amitiés entre juifs et arabes. Et ben moi j'aime ça !

Dans ce film, on suit toute la vie d'un homme, depuis son enfance jusqu'à la vieillesse, un Algérien qui est né pendant l'occupation des Français, qui a grandi et joué avec eux, qui a connu l'amitié mais aussi le racisme, puis qui a vu les uns et les autres se déchirer puis se tuer... C'est en fait rare qu'un film nous raconte quasiment toute l'Algérie française, des débuts (enfin presque) jusqu'à l'indépendance ; j'ai aimé revisiter toute cette période en continu, et pas seulement la guerre, les morts et les départs.

C'est aussi une grande histoire d'amour, terrible et bouleversante, dont on ne peut parler sans spoiler... alors je vous laisse juges.

Je dirais que c'est un excellent film, une belle fresque historique et romantique, pleine d'émotions et de sentiments. Le hic, c'est la prestation des acteurs... Quel dommage ! Le seul qui s'en tire, c'est Vincent Perez. Mais il a un petit rôle. De même que la bande de copains. Ce sont curieusement les rôles principaux qui sont mal joués : même Anne Consigny, d'habitude si subtile, en fait trop... Ait Aattou est à côté de la plaque, Parillaud a une drôle de tête (botox) et articule très mal, Arnezeder et Vacth récitent, pas trop mal, mais ça reste théâtral... J'ai vraiment été déçue de ce côté.

Mais dans l'ensemble, le film est plutôt joli.

C'est une adaptation du roman de Yasmina Khadra (que je vais m'acheter !). On a reproché à Arcady trop de lourdeur et d'emphase, de mélodrame, et une romance si contrariée qu'elle paraît ridicule (je suis un peu d'accord)... mais là, c'est à Khadra qu'il faudrait s'en prendre ! A moins qu'il n'ait changé l'histoire... L'inteprétation est également mise en question (je suis d'accord)... ainsi que le format (2h40). 

Mais certains critiques et l'ensemble du public ont beaucoup aimé cette oeuvre, faisant fi de ses quelques maladresses.