Vendredi, ce fut donc la journée de la femme. Ce fut l’occasion pour certains hommes blancs occidentaux de se mettre du rouge-à-lèvres, pour montrer ainsi comment lutter efficacement contre les problèmes de femmes ni blanches et ni occidentales (le pouvoir du rouge-à-lèvres est finalement très sous-estimé, semble-t-il), et pour des douzaines d’artistes zengagés de faire parler un peu d’eux en balançant deux ou trois platitudes de circonstance. Quelques uns, cependant, ont hissé la barre fort haut. C’est le cas de Lisa Azuelos.
Lisa, c’est l’autrice, pardon, l’auteure (j’ai failli commettre un boulette, ce serait dommage une impair avec le bel égalité qui s’insinue enfin partout) de ces films puissants et devenus cultes que sont « LOL » ou « Comme t’y es belle » et qui a tiré sur toutes les ficelles de son art pour produire un nouveau court-métrage poignant pour dénoncer le mariage forcé, fléau moderne qui concerne 14 millions de femmes dans le monde.
Et pour dénoncer cette calamité, Lisa a courageusement choisi de stigmatiser un bon coup l’une de ces répugnantes communautés qui usent et abusent de ces cérémonies honteuses bien qu’officielles où de jeunes filles à peine pubères sont ainsi liées à de vieux sexagénaires aussi libidineux que fortunés. C’est audacieux, en France de stigmatiser, parce que normalement, on n’a plus le droit. À l’exception des riches blancs occidentaux, bien sûr ; là, c’est open-bar, on a le droit, c’est sans risque et aucune association lucrative sans but de lutte contre les discriminations, le racisme, les stigmatisations et le réel qui pique n’ira lancer une procédure pénible pour les défendre (d’t'façon, ils sont méprisables, non ?)…
Bref, on l’aura compris, le but de ce court métrage consistait à faire parler de lui, tant par le choix judicieux de son paradigme que par le choix malin de ses acteurs dont le nom a fait l’actualité récente, c’est commode. Et pour que les choses soient bien claires, la réalisatrice, pardon, réalisateure (oups, encore un gaffe, un bévue qui peu coûter cher en ces temps d’égalité parfaite !) explique pourquoi elle a si subtilement choisi de camper son histoire en France : c’est tout simplement pour créer un décalage et sensibiliser ces gros amorphes de Français un peu trop mous devant le drame qui touche 14 millions de filles tous les ans dans le monde (c’est-à-dire en dehors des frontières françaises) notamment en Afrique et en Asie. Lisa le répète :
« Ce film est mon cri à moi pour que l’on puisse entendre le leur. Et que cesse l’idée que cela puisse être une normalité »
Rassurez-vous. C’est parfaitement voulu : Lisa explique qu’elle n’est pas là pour « braquer la lumière sur une population et dire ‘Regardez ce qu’ils font à leur femme’ », surtout si la ou les populations concernées pourraient en prendre ombrage, et faire un peu de vent dans les voiles, voire la poursuivre pour l’un ou l’autre motif pratique qu’une association de lutte contre les stigmatisations trouvera. Non, non non. Il s’agit ici d’un besoin d’identification, pour être en empathie :
Quand les gens vont voir ce film, ils vont ressentir quelque chose qu’ils ne pourraient pas ressentir si cela ne les concernait pas.
Eh oui : lorsqu’on a montré les images de tsunamis, les gens (trop bêtes) ne se sentaient pas concernés parce que ce n’étaient pas des blancs qui flottaient le ventre à l’air dans les débris de leurs maisons aux Philippines ou au Japon. Les gens, ces gros mollassons, ne se sont pas du tout identifiés aux massacres rwandais parce que les paquets de cadavres découpés étaient noirs, et pas blancs, voyons. Et toutes les images de guerres, de catastrophes, tous les documentaires crus qui montrent des gens, blancs ou pas, qui subissent des atrocités diverses et variées ne déclenchent, en réalité, rien de bien palpable dans les cœurs et les âmes de ces gros blancs vautrés devant leurs téloches et leurs canapés. Et peu importe que ces riches blancs occidentaux donnent chaque année toujours plus en dons aux charités planétaires pour venir en aide à tous ces non-riches non-blancs non-occidentaux auxquels ils n’arrivent décidément pas à s’identifier.
Et puis, c’est vrai qu’il n’y a rien de plus efficace que d’insulter un gros peu Pierre lorsque c’est pas mal Paul qui commet un crime, n’est-ce pas (les prénoms ont été changés pour préserver patati patata) : d’une part, cela permet de bien mobiliser la communauté autour de Pierre qui n’y est pour rien, et d’autre part, ça permet de bien conscientiser Paul à distance avec une métaphore pratique qui ne le choquera pas, lui. D’autant qu’il y a finalement peu de chance qu’il en entende parler. Sacré Paul.
Vraiment, avec tous ces arguments, on ne peut arriver qu’à une seule conclusion : il n’y avait aucun autre moyen de faire passer ce message si délicat, si important. Aucun. Impossible.
Franchement, moi, je dis, Bien Joué Lisa. Carton plein !
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