Il y a quelques jours, à la veille de mon anniversaire, une délicieuse odeur douce et sucrée m’a accueillie sur le pas de la porte. Ayant très vite repéré le sachet vide de levure chimique dans la poubelle, j’ai tout de suite compris mais, étonnée et tout sourire, j’ai quand même posé la question à Monsieur –peu friand de pâtisserie (je l’évoquais ici) et qui, il y a un an à peine, n’avait jamais touché à un four.
Avec un adorable sourire gêné –il a peut-être même un peu rougi– il m’a dit qu’il avait voulu apporter un gâteau au repas de famille prévu le lendemain, mais qu’il avait complètement raté. Et il m’a raconté son long récit semé d’embûches… Sensible à tous les obstacles qu’il avait dû surmonter, honorée par le temps et les efforts investis et attendrie par cette manifeste persévérance soldée d’une forte déception, les petits bouts de trucs carbonisés et/ou déformés qu’il m’a montré n’ont pu que m’enchanter.
Nota-Bene : Ces (més)aventures sont longues. La recette est loin. Lecteurs pressés, n’hésitez pas à scroller !! =)
Sachant que j’aime beaucoup le gingembre, il avait longuement pensé à des associations intéressantes. Il s’était alors arrêté sur le citron, puis avait allumé son ordinateur pour chercher puis décortiquer des recettes bien notées. Il lui fallait trouver des instructions précises et accessibles pour un débutant, des techniques basiques, pas d’ingrédients compliqués et surtout des commentaires positifs et conseils utiles de la part des internautes.
Son choix s’était finalement porté sur une contribution de Magali sur Marmiton : "Cake au citron et au gingembre". Un titre sans détours, une recette sans photo, une note moyenne de 4 sur 5 et 12 commentaires encourageants. Parfait ! Allez hop, il avait recopié le tout sur un bout de papier.
Une fois les ingrédients achetés –le citron bio et le gingembre, en réalité, car tout le reste était disponible dans nos placards–, prêt à se lancer, il s’était aperçu qu’il ne retrouvait pas mon moule à cake vert. Il avait fouillé partout, téléphoné à mes complices culinaires habituelles pour savoir si elles ne l’avaient pas emprunté, en vain. (Et pour cause : je n’ai jamais eu de moule à cake… –je ne peux m’empêcher de sourire en l’écrivant.)
Résigné, il s’était dit qu’il utiliserait le moule en silicone pour 6 muffins/cupcakes qu’il avait trouvé. Ensuite, il avait procédé à doser minutieusement tous les ingrédients –en respectant à la lettre les quantités indiquées… Avant de pré-chauffer le four, il avait eu le temps de prendre une photo de son exemplaire mise en place.
Eh oui, la bière est l’accessoire indispensable lorsqu’on est un homme et qu’on porte un joli tablier à fleurs pour faire de jolis petits gâteaux !
Quelques minutes plus tard, après avoir incorporé tous les ingrédients à l’appareil et bien rempli les 6 moules, une pensée lui était venue à l’esprit : "Euh… C’est normal qu’il me reste autant de pâte ??"… Il avait donc fini par verser, tant bien que mal, le reste dans un autre moule pour 12 financiers –que, soit dit en passant, je n’utilise que chez les autres car il ne rentre pas dans mon mini-four– qu’il réserverait pour une deuxième fournée.
Après presque 40 minutes –puisqu’il n’a pas pensé à réduire le temps de cuisson en portant son choix sur un format réduit– les pauvres “muffins” avaient débordé de partout, leur croûte (de 5 bons millimètres) était bien dure et brûlée, et l’intérieur complètement desséché.
Grosse déception, suivie d’une inquiétude concernant l’odeur de brûlé dans l’appartement, mais aucun relâchement : le deuxième essai serait le bon !
Pas facile de faire rentrer un moule trop grand pour un four trop petit… Il avait alors squeezé le silicone, fait tomber de la pâte un peu partout, puis plus ou moins réussi à accommoder la chose, dont il avait cette fois l’intention d’observer la cuisson de près.
Dommage qu’il n’ait pas photographié sa deuxième fournée –le pauvre devait être trop découragé– parce que même si ses micro-cakes étaient tous cabossés, ils avaient une jolie couleur dorée et, bien que trop secs, ils étaient très bons. J’ai dû le lui répéter maintes fois et en avaler presque la moitié pour arriver à le convaincre que, contrairement à ce qu’il affirmait, il n’avait pas complètement raté sa surprise. Nous avons apporté le reste au repas de famille du lendemain, et tout le monde a terminé son café gourmand avec le même avis : trop secs, mais très bons. D’ailleurs, ils ont tous été mangés !
À la suite de ça nous avons fait un deal : nous allions refaire cette recette ensemble, j’allais lui apprendre les bases qui lui manquaient et lui, me montrer les doses d’épices qu’il avait eu la bonne idée d’ajouter. Ainsi, nous allions pâtisser ensemble pour la première fois –yeah!– et je pourrais publier un petit rapport sur notre travail en binôme dans le cadre du “Maxi tour" organisé par Un tour en cuisine.
Le thème était tellement vaste que je n’étais pas vraiment convaincue par mes quelques idées : notre plat ou dessert préféré –impossible pour moi de n’en choisir qu’un–, ou alors la recette la plus représentative du concept du site. Je n’ai pour l’instant participé qu’à deux tours –qui m’ont permis de réaliser une délicieuse Tarte coco carotte et de magnifiques Pommes duchesse– mais pour moi, Un tour en cuisine est synonyme de partage, de lien, d’écoute, de découverte. Cette petite expérience à deux, qui nous permettrait d’apprendre l’un de l’autre, et de passer un bon moment derrière les fourneaux (pour du sucré, cette fois), m’avait semblée idéale. Avec cette recette, donc, je participe au maxi tour en cuisine.
Bref. Quelques jours après les essais de Monsieur, je suis passée chez Hema pour acheter, tout spécialement pour l’occasion, ce moule à cake. Lui s’est chargé du citron, il a nettoyé le four comme je lui ai demandé et nous avons préparé notre premier cake à 4 mains. Au début, il a moyennement apprécié que je lui indique comment bien tenir et agiter le fouet, comment cuisiner sans utiliser trois tonnes de vaisselle –parce que Monsieur n’aime pas qu’on lui dise ce qu’il a à faire– mais il a finalement accepté mes conseils, il m’a montré la quantité d’épices à incorporer, je lui ai proposé de réserver 3 tranches de citron pour la déco et tout s’est passé à merveille –voyez plutôt :
Après dégustation puis comparaison, voici mes conclusions.
Malgré la double dose d’huile dans la version grand format (de 100 ml, je suis passée à 200 ml), le gâteau reste un peu trop sec à mon goût. Sur Marmiton, Hélène suggère de le remplacer par du beurre, mais je pense qu’il faut plutôt réduire –voire supprimer– la Maïzena et mettre l’équivalent en farine classique.
Il y a aussi la possibilité d’ajouter un glaçage, soit à base de sucre glace et de quelques gouttes de citron, soit avec, en plus de ça, un peu de cream cheese battu (Saint-Morêt ou Philadelphia, par exemple). L’option au beurre existe aussi, mais personnellement je trouve ça un peu trop écoeurant. Autre idée : une marmelade d’agrume(s), mmmh… !
En tous cas, lorsque la pulpe des petits morceaux de citron frais explose en bouche, c’est une très belle surprise pétillante et acidulée. Dommage qu’il n’y en ait pas eu assez dans la version grand format. Deux citrons, ça aurait été mieux ! En fait, je crois bien qu’à la place des morceaux entiers, un sirop serait une bonne alternative : à base de sucre et de jus tiède, on pourrait le verser sur le cake à la sortie du four pour l’imbiber.
Enfin –temps de cuisson oblige–, le goût des épices s’est malheureusement un peu atténué dans le grand format. Je suggère donc de multiplier leurs quantités par 1,5 voire 2. Après, ça dépend des goûts : saveurs subtiles ou plus prononcées, à vous de doser selon vos envies ou les habitudes de vos convives.
Voici donc la recette telle que nous la suivrons la prochaine fois.
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Cake au citron et épices
- 1 à 2 citrons non traités
- 1 à 2 càs de gingembre râpé
- 3 oeufs
- 160 ml d’huile neutre
- 150 g de sucre
- 150 g de farine
- 30 g de Maïzena
- 1 sachet de levure chimique
- 1 pincée de sel
- 2 à 4 tours de moulin à poivre (Monsieur a choisi le mélange 5 baies de Ducros)
- entre 1 pointe de couteau et 1/3 de càc de poudre de piment pili-pili (nous utilisons du Albert Ménès)
1. Nettoyer le gingembre, le peler et le hacher. Réserver.
2. Laver, sécher et zester le(s) citron(s). Le(s) peler à vif et réserver éventuellement quelques tranches pour la décoration. Lever les suprêmes et les tailler en petits morceaux. Réserver.
3. Préchauffer le four à 180ºC et beurrer/chemiser le(s) moule(s) si nécessaire.
4. Blanchir les oeufs avec le sucre.
5. Mélanger dans un récipient tous les ingrédients secs (farines, levure, condiments) et les intégrer petit à petit aux oeufs.
6. Ajouter l’huile, les zestes et le gingembre puis bien incorporer.
7. Verser la pâte dans le(s) moule(s), poser délicatement les morceaux de citron puis les enfouir à peine.
8. Enfourner à mi-hauteur pendant 40 minutes environ (temps pour un moule à cake de taille standard, à réduire selon la taille des moules choisis). Déposer les éventuelles rondelles de citron à mi-cuisson, avant de saupoudrer l’ensemble de cassonade (facultatif aussi).
9. Vérifier la cuisson avec un cure-dent ou la pointe d’un couteau, attendre que le cake refroidisse avant de le démouler et déguster de préférence avec un thé, à l`heure du goûter au même au petit-déjeuner.
À l’heure où je relis cet article, je suis en train de savourer la dernière part de ce cake qui représente beaucoup pour moi. Merci à Magali (de Marmiton), à Aurélie (d’Un tour en cuisine), à mes lecteurs bien sûr, et pour son attention, sa patience, son enthousiasme et sa créativité, merci à Monsieur. J’ai hâte à notre prochaine aventure sucrée !
Et sinon, pour vous ce sera plutôt nature, glaçage, sirop ou confiture ?