La douceur des lèvres - on peut retourner la question dans tous les sens - ne se justifie que pour donner des baisers.
[...] Quand Libert l'a embrassée pour la première fois, les lèvres de Thérèse sont parties toutes seules à la rencontre des siennes. Sûrement, elles cherchaient d'elles-mêmes la place qui est la leur, comme le poussin se glisse, à peine éclos, sous l'aile de sa mère.
Et une fois arrivées à destination, quel étrange délice ! Cela ne ressemblait à rien de connu. Les lèvres, inutiles de le dire, étaient ravies, mais surtout, elles tenaient absolument à le faire savoir au reste du corps. De lointaines extrémités, qui jusqu'alors avaient mené une existence paisible et effacée, s'ébrouaient, se dressaient, réclamaient, un peu affolées, qu'on s'intéresse à elles. Et pour les rassurer, Thérèse ne trouvait d'autre ruse que de les confier aux mains vigoureuses de Libert.
Armel Job, Baigneuse nue sur un rocher