Lorsque Tiphaine et Laetitia sont tombées enceinte presque en même temps, leur bonheur a été presque total. Il faut dire que les deux familles sont déjà voisines, très amies, et partagent tout. Alors très vite, elles partagent aussi la joie de voir grandir Milo et Maxime. Pourtant, derrière ce bonheur parfait, tout ne fonctionne pas si bien. Sylvain, le mari de Tiphaine, a quelques secrets, qu’il aimerait bien ne pas voir arriver à l’oreille de son épouse. David, le mari de Laetitia, jette un froid le jour où il refuse d’installer un portail dans la haie qui sépare les deux maisons. Mais dans l’ensemble, l’entente est parfaite. Jusqu’à ce jour terrible où, depuis sa terrasse, Laetitia aperçoit, dans la maison voisine, le petit Maxime se pencher dangereusement à la fenêtre. Elle n’a que le temps de se précipiter pour sonner à la porte, mais le drame est déjà arrivé. Tiphaine et Sylvain sont détruits. Laetitia et David, mortifiés, ne savent comment annoncer à leur petit Milo qu’il ne reverra jamais son meilleur ami. Mais lorsqu’ils veulent aller apporter leur soutien à leurs amis, ceux-ci les rejettent violemment. Tiphaine semble même tenir Laetitia responsable du drame. La fêlure est là. Et commence alors une escalade de culpabilité, de peur et de haine.
Avant toute chose, un immense merci à Anne Sophie qui m’a offert avec ce livre un moment de lecture palpitant dont j’avais bien besoin après pas mal de déceptions. Car malgré quelques facilités attendues, ce roman a su me surprendre et me tenir jusqu’au bout.
La structure est particulièrement efficace. Un prologue nous montre un clash entre Tiphaine et Laetitia, où l’une supplie l’autre de l’écouter, où l’autre menace l’une de porter plainte si elle s’approche encore. Immédiatement, on languit de savoir quels événements ont pu provoquer une telle animosité, surtout que l’on enchaîne immédiatement sur un retour en arrière de six ans, à l’époque où les deux voisines étaient inséparables, savourant le bonheur de vivre leur grossesse en même temps. Un long tiers du roman nous raconte cette vie quotidienne, et malgré les jalons judicieusement posés par-ci par-là, l’histoire du portail par exemple, elle souffre de quelques longueurs dûes essentiellement à l’impatience du lecteur.
Passé le drame, on est très vite pris dans la spirale de la folie des protagonistes. Laetitia perd-elle la tête en pensant son fils en danger avec son amie? Tiphaine veut-elle réellement du mal à Milo, comme elle le croit? Je n’ai pas cessé de me demander ce que manigançait réellement la mère endeuillée, pour trois pages plus loin me dire que c’était en fait Leatitia qui se laissait submerger par la peur. Bref: ça a marché, je n’ai pas vu venir la chute une seule seconde et celle-ci non seulement m’a prise de plein fouet mais en plus m’a laissée sur une impression amère du crime parfait. Chapeau!
La note de Mélu:
Un roman qui tient toutes ses promesses!
Un mot sur l’auteur: Barbara Abel (née en 1969) est une auteure belge spécialisée dans les romans policiers.
catégorie “lieu”