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Rafael Reig : Ce qui n'est pas écrit

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Ce qui n'est pas écrit de Rafael Reig 3/5 (19-02-2014)

Ce qui n'est pas écrit  (238 pages) est paru le 16 Janvier 2014 aux Editions Métailié Noir dans la collection Bibliothèque hispanique.

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L’histoire (éditeur mais tronqué volontairement par mes soins) :

Carlos emmène son fils Jorge en montagne pour un week-end entre hommes, c'est sa mère qui l'élève et il le voit très peu. Il le trouve étrange, trop rond, trop bébé pour ses quatorze ans, bref il est déçu par cet ado renfermé et maladroit dont il veut faire un homme, un vrai. Mais dès le début de la balade c'est Carlos qui découvre ses limites physiques et son incapacité à communiquer avec son enfant. (…) Carmen restée en ville tombe sur un manuscrit laissé chez elle par Carlos, un polar scabreux et terriblement efficace ; peu à peu elle y voit de drôles de ressemblances avec la réalité, des prémonitions macabres, des menaces à peine voilées contre elle ou contre son fils. L'angoisse monte, les sous-entendus se multiplient…

Mon avis :

Premier titre que le lis de Rafael Reig (et pour cause, c’est le premier publié en France), j’avoue être assez mitigée. L’histoire m’a tenue en haleine, car sa construction particulière est très appréciable et donne envie d’en savoir plus. En nous faisant progresser dans deux intrigues en une, l’auteur arrive à créer un fort besoin de comprendre les liens entre elles.

La première est l’histoire de Jorge parti en week-end dans la forêt montagneuse avec son père Carlos. Ce dernier, divorcé de Carmen depuis 7 ans, tente de reprendre en main son rôle de père (suite à restriction très rude mise en place dans la garde de l’enfant dans les premières années du divorce) et de faire de son fils un homme. En effet, Jorge 14 ans est un ado un peu peureux, angoissé et timide, qui ne se fait en plus pas vraiment à sa belle-mère et qui persiste à ressentir une certaine angoisse en présence de son père. A côté, Carmen trouve, après le départ de son garçon, un manuscrit laissé par Carlos. Ce derniers l’invite à lire son premier roman, sur le point d’être publié, et dont la dédicace la laisse  perplexe, voir même agacée. Alors pendant ce week-end où elle est seule elle en profite pour faire un brin de lecture. Ce qui nous amène à  la seconde intrigue qui correspond au livre de Carlos, l’histoire de Toni Riquelsme, un homme étrange et paumé qui choisit de se lancer dans l’enlèvement d’une jeune femme, histoire de se faire de l’argent. A la lecture de ce texte, Carmen trouve très vite pas mal de similitudes avec leur histoire et leur vie, qui la pousse à faire quelques parallèles et se rappeler leur rencontre. L’angoisse monte inévitablement en suivant cette étrange lecture, sachant son fils seul avec son ex-mari…

Le récit alterne de façon régulière entre ces trois fils narratifs. Las chapitres  ne sont pas trop longs et poussent à ne pas vouloir arrêter la lecture. On rentre dans ces trois (voir 4) vies et apprend à connaitre les personnages, que l’auteur nous dépeint avec une certaine justesse. Par contre, je n’ai pas réussi à m’attacher à l’un d’eux. Les relations difficiles entre eux sont bien décrites et alourdissent le récit.  En dégageant une menace, le roman dans le roman accentue encore plus ces difficultés, comme un message laissé à Carmen, une sorte d’avertissement inquiétant, et tend à mettre en avant la culpabilité qui l’habite déjà énormément.

Impossible de vraiment savoir où nous mène l’auteur. La tension est présente (pas non plus culminante) et l’univers extrêmement noir. Entre rancœur, violence (souvent gratuite et incompréhensible), névrose (les personnages ont tous une bonne part de souci personnels qui pèsent) et pulsion sexuelle (à la limite du scabreux) on vacille entre malaise et mystère, laissant notre imaginaire combler les trous et les ombres. Tout cela aurait pu rendre un très bon polar si l’écriture (qui-du fait de la traduction ou pas- passe du présent au passé de manière inexpliquée) n’était pas autant portée sur la réflexion et les états d’âme des protagonistes qui se limitent à l’insatisfaction et au mal être. Le texte, déjà assez lent, en devient lourd et même étouffant.

En deux mots : Ce qui n’est pas écrit est un roman psychologique réussi grâce à une trame originale qui fait monter la tension et qui accroche bien le lecteur, mais qui possède quelques défauts dans le style, et qui (entre autres) n’a pas réussi à éveiller la moindre empathie pour l’un des personnages et qui me laissent du coup sur une impression partagée.

Un conseil : pour ne rien gâcher de la lecture, ne lisez surtout pas la quatrième de couverture qui ne laisse pas de surprise jusqu’à la moitié du livre.


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