Depuis 2005, la prépondérance des crédits accordés au secteur privé a été amorcée pour encourager l’investissement productif. Néanmoins, le constat confirme une tendance pour le financement des opérations de commerce extérieur au détriment des projets d’investissements, d’où l’option relevée chez une grande partie des opérateurs d’aller vers l’importation, un créneau qui comporte moins de charges et de contraintes.
Le délégué général de l’ABEF déclarait, il ya quelques mois, que, « cela signifie qu’il ya plus de difficultés à aller vers des activités d’investissement que d’aller vers des activités de négoce ou d’importations ». M. Abderrazak Trabelsi avait suggéré alors qu’il faille « créer les conditions pour que l’investissement productif trouve l’environnement utile et nécessaire pour son développement ». Il admettra que tout « l’arsenal financier mis sur le marché a besoin d’améliorer sa performance ». Bien que l’Etat ait mis en place des instruments et mécanismes, ainsi que d’autres mesures pour faciliter aux entreprises de production l’accès aux crédits, la problématique du financement de l’entreprise continue de susciter les débats, à tous les niveaux de la sphère économique. La journée d’étude sur la relation banque-entreprise organisée mardi dernier, par la commission des finances et du budget de l’APN en présence d’institutionnels, d’experts, d’opérateurs économiques, aura permis de cerner les éléments susceptibles de concourir à une meilleure appréciation des actions à engager à ce niveau. M. Abdelhak Lamiri relève, dans son analyse, « l’absence d’une vision d’ensemble de l’économie nationale, une culture économique collectiviste » et une persistance des « relents de l’économie planifiée ». Selon lui, la problématique de l’allocation des ressources se pose avec insistance. En fait, « nous avons un système financier, à 90% public qui consacre l’essentiel de ses activités à l’importation et un volume important de ses crédits à financer les entreprises publiques déstructurées » qui n’ont pas les moyens de leur efficacité ni les capacités pour rembourser leurs crédits.
De 1990 à ce jour, le montant des crédits non remboursés et des opérations d’assainissement atteindrait entre 140 et 60 milliards de dollars. Il était question de
sauver 400 000 emplois et une production de 13 à 15 milliards de dollars/an. En inversant la tendance, 60 milliards de dollars auraient contribué à la création de 4 millions d’emplois et une
capacité de production de lus de 35 milliards de dollars. Il s’agira, par conséquent de revoir les priorités, selon M. Lamiri. A ce titre, les recommandations formulées par cet expert portent sur
la nécessité de création de banques d’investissement par rapport au financement global, une économique à base de financements spécifiques et à long terme, l’institution d’un taux de financement
plus adéquat, un fonds de restructuration des entreprises qui agirait sur la base d’expertises, un fonds de financement de l’expertise de l’industrie, et de l’économie du savoir et de la
connaissance. Il serait également opportun, de déléguer le financement des activités liées à l’importation en l’état aux banques privées, de transformer plus de la moitié des banques commerciales
publiques en banques d’investissement, d’orienter le financement vers les entreprises publiques et privées qui réussissent, et de traiter définitivement le problème des entreprises déstructurées
en récupérant l’outil de production sous d’autres formes dans un souci de rentabilisation. En fait, il y a lieu de mettre en place une ingénierie managériale pour aborder ce dossier, propose M.
Abdelhak Lamiri. Le président du FCE estime, pour sa part, que la garantie demeure la principale contrainte. « Des efforts ont été déployés ces dernières années mais on est loin du compte.
En matière de financement, l’Algérie est à la traîne par rapport aux pays de la région. Et pour cause, « plus de 80% des entreprises privées n’ont pas recours à la banque pour effectuer le
financement de leurs projets et utilisent leurs propres ressources. Selon M. Réda Hamiani, président du forum des chefs d’entreprises, la principale contrainte réside dans le fait
que « les banques restent très attachées à la culture de la garantie car « celui qui n’a pas d’hypothèque à engager est quasiment exclu ». Aussi, « tous les
instruments sont là mais il ya une mauvaise articulation entre les différents institutions ». Le président du FCE reconnaît qu’il y a « plus de répondant de la part des banques, mais
que le problème reste entier ». Selon lui, « le montage institutionnel est complet » mais il reste caractérisé par « un manque de fluidité, de coordination, de synergie entre
les différentes institutions ». Sur 240 000 entreprises crées chaque année en Algérie, 60 000 disparaissent par la cause du financement essentiellement, arguera M. Réda Hamiani.
Aussi, sur les 680 000 entreprises, plus de 80% PME/PMI recourent à leur propres fonds pour se refinancer, et n’entretiennent aucune relation avec les banques. Aussi, le déficit dans la
création d’entreprises confirme « le rôle capital du financement » bancaire dans l’économie nationale. Sachant que 95% des entreprises sont des TPE, a-t-il dit, une politique plus
active de financement avec un rôle plus actif pour le Fonds de garantie (FGAR). Le président du FCE évoquera, un « engagement tacite entre les banques publiques qui s’intéressent à
l’investissement, et les banques privées qui s’occupent du commerce ». M. Réda Hamiani a également déploré les lenteurs dans le traitement des demandes de financement, et l’absence d’outils
pour l’évaluation des pertes de changes.
D. Akila
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