Loin de ces considérations futiles, pour la Caisse d'Épargne, l'arrivée des plates-formes de « crowdfunding » sur la toile se révèle plutôt être l'occasion de repenser ses produits historiques, en appliquant les bonnes recettes des acteurs émergents. C'est ainsi que la banque vient d'annoncer sa nouvelle famille de « Comptes sur Livret Régionaux » (« CSLR », pour les intimes), qui ajoute à la fois une dimension locale et une transparence inédite (me semble-t-il) à l'épargne bancaire classique.
Le premier aspect original de ces comptes est que les fonds collectés sont utilisés exclusivement pour financer l'économie locale (un principe déjà adopté par quelques autres établissements, notamment au Crédit Agricole). Plus intéressant pour les épargnants soucieux de savoir à quoi sert leur argent, une information régulière sera transmise aux clients – s'ils le souhaitent – sur l'affectation de leurs économies, et donc sur les entreprises et autres organismes bénéficiaires des prêts qu'ils ont permis.
Autre caractéristique particulière de l'offre, elle est déclinée de manière unique pour chacune des 17 Caisses d'Épargne, avec des thématiques adaptées à leurs territoires respectifs. Celles-ci sont choisies parmi une palette large (du développement durable aux services à la personne, en passant par la santé, le logement, l'économie numérique…). Pour le reste, le fonctionnement est assez standard, similaire aux comptes sur livrets habituels, avec, bien entendu, une garantie sur le capital.
Le produit a été lancé en avant-première en Bourgogne et en Franche-Comté à la fin du mois de janvier, sur 3 thèmes : impulsion économique du territoire (création d'entreprise, création d'emplois, activités spécifiquement locales…), innovation technologique et innovation environnementale. Les résultats sont prometteurs, avec 22 millions d'euros collectés pour les 2 livrets en 1 mois, et démontrent l'appétence des consommateurs pour une finance plus transparente et plus proche d'eux.
Il n'y a en réalité rien là de très surprenant et ces qualités sont aussi parmi celles qui séduisent les aficionados du crowdfunding. Bien sûr, les détenteurs des livrets de la Caisse d'Épargne ne pourront pas directement choisir les projets qu'ils soutiennent (encore que les sociétaires aient probablement la possibilité de faire entendre leur voix) mais la sécurité offerte à leur épargne peut compenser cette limitation. Finalement, il s'agit bien d'une offre intermédiaire entre les produits classiques et la finance participative, éclairant parfaitement la complémentarité des différentes approches.