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357ème semaine politique: Sarkozy et l'UMP en vrille

Publié le 08 mars 2014 par Juan
357ème semaine politique: Sarkozy et l'UMP en vrille

Il y a 357 semaines, Nicolas Sarkozy entrait à l'Elysée, le pas agile, le sourire aux lèvres et les Ray-Ban sur le front. Il était le Kennedy français.

357 semaines plus tard, l'homme ressemble à un parrain déchu, entouré de quelques Pieds Nickelés à la morale finalement variable. 

Surfacturation de frais de campagne, écoutes clandestines au coeur de l'Elysée, trafic d'influence, l'ex-Sarkofrance part en vrille sans crier gare.

Copé soufrant

Lundi, Jean-François est tremblant, presque gris et amaigri devant les caméras d'UMP.fr qui enregistrent sa déclaration. Depuis 4 jours, on accuse une agence de communication fondée par deux de ses plus proches d'avoir surfacturé pour 8 millions de frais de campagne présidentielle en 2012. Copé accuse le coup, ce lundi. Un député UMP, Lionel Tardy. Il récuse et accuse. Il propose deux mesures, par ailleurs déjà en place: une plus grande transparence dans les comptes de campagne. On sourit, on devrait pleurer. Il a la voix qui tremble. La droite règle toujours ses comptes avec violence.
Jean-François Copé se débat en fait contre lui-même.  "Ceux qui parlent de moi à l'imparfait font une grosse erreur" lance-t-il ce lundi. Il paye son passé récent: la lutte fratricide et truquée contre Fillon pour la présidence du parti, mais aussi, et surtout, sa désinvolture vis-à-vis de l'Argent : qui a oublié les invitations de Ziad Takeddine, l'ami trafiquant d'armes qui ne paye aucun impôt à la République quand il était ministre du budget ? Les voyages tous frais payés ? Son job d'avocat d'affaires quand il était député-maire ? Sa riposte n'est plus crédible.
Il y a quelques jours, l'ancien monarque nous envoyait une carte postale d'Allemagne. Il visitait son amie Angela, et livrait un discours de leçons sur l'Europe devant quelques caméras de télévision évidemment françaises. Nicolas Sarkozy aurait mieux fait de se faire discret.

Stupéfaction...


Quelques jours plus tard, tandis que l'Ukraine était démembrée par son ancien ami Poutine, Le Canard Enchaîné révélait le contenu d'une écoute clandestine. Le site Atlantico, classé à droite, en publie la version audio.
Patrick Buisson le conseiller ès extrême-droite de Nicolas Sarkozy et de bien d'autres encore, l'homme qui hérita d'une mirifique commande de 1,5 million d'euros de prestations de sondages signée de la main d'un sbire de Sarkozy sur une feuille volante en 2007, ce "mentor" de la Droite forte et décomplexée décoré d'une Légion d'honneur par Sarkozy lui-même un jour de septembre 2007, cet homme, donc, enregistrait tout avec un dictaphone caché dans ses vêtements.
Quand la chose fut révélée, il nia. Quand un premier extrait, un parmi quelques centaines à venir, confirme l'espionnage, Buisson attaque pour vol... des bandes.
Donc il y avait espionnage. L'avocat dudit Buisson, Gilles-William Goldnadel, par ailleurs chroniqueur néo-conservateur sur le site Atlantico, affirme que Sarkozy était au courant de ces enregistrements... Quel vaudeville...
Le vaudeville était croustillant. Il y avait trois extraits: l'un où l'on entend Buisson et un autre conseiller critiquer le gouvernement; un second où Nicolas et Carla discutent d'anti-rides et d'immobilier ("on ne va pas faire vendre de l'anti-ride à une fille de 22 ans"); un troisième où Sarkozy commente un énième remaniement ("remplacer Fillon par Borloo, c'est grotesque").
Buisson avait tout enregistré, et pire encore. Son fils, interrogé par la presse, confirme: son paternel enregistre tout et depuis longtemps. 
Ces gens sans loi ont la foi aléatoire.
Jeudi, Carla Sarkozy porte plainte, en référé. On craint le pire, il y aurait des centaines d'heures enregistrées. Se débarrasser de l'encombrant Buisson, voilà l'urgence.
Vendredi, nouveau rebondissement. C'est un feuilleton. Le Monde balance l'incroyable: Nicolas Sarkozy, depuis avril 2013, comme Brice Hortefeux et Claude Guéant, était sur écoute non pas de Buisson mais de la Justice. Car la police enquête encore sur les soupçons de financement illicite de sa campagne en 2007. Et pendant cette enquête, les policiers sont tombés sur plus croustillant.
L'ancien monarque échangeait avec son avocat Thierry Herzog, via un ligne téléphonique ouverte sous un nom d'emprunt c'est-à-dire fictif. A en croire les révélations du Monde, il se cherchait des informations sur l'affaire Bettencourt, dont un nouveau jugement est attendu ce 11 mars, auprès d'un haut magistrat, Gilbert Azibert. Pire encore, sarkozy aurait intercédé, en vain, pour que le magistrat soit ensuite nommé à Monaco. Le Monde évoque un trafic d'influence.
Quel parrain est Nicolas Sarkozy ?
A droite, certains s'indignent de cette mise sur écoute, ils oublient qu'elle est pourtant totalement légale, que les conditions d'espionnage légal furent même assouplies par un certain ministre de l'Intérieur dans les années 2002-2012. On crie au complot, on accuse un "cabinet noir" à l'Elysée. Les sarkozystes crient trop fort, inaudibles.
La droite peut-elle enfin survivre au sarkozysme ?
Pas très loin de cet univers buissonien, au Front national, le dépôt des listes municipales est éloquent. A Orléans, une enquête est ouverte pour abus de faiblesse. Le FN aurait forcé quelques mains. A Nevers, une candidate frontiste se photographie devant un drapeau nazi.
Ne traitez pas Marine Le Pen de fasciste, vous risqueriez le procès.
Dans l'Essonne, le candidat Nicolas Dupont-Aignan voudrait se faire passer pour a-politique.
Austérité?
Quelques syndicats signent les prémisses du Pacte de Responsabilité avec le Medef. Un accord qui promet, sans engagement, des embauches si les 30 milliards de réduction de cotisations sociales sont bien là. La CFDT justifie. La CGT s'indigne. Pire, on nous livre quelques estimations des créations d'emplois éventuelles réalisées par le ministère des finances: entre 100 et 300.000 pour 10 milliards de réduction de charges... 

Le Pacte de Responsabilité est mort-né.
Un ministre, Benoit Hamon, évoque enfin la nécessaire baisse du coût du ... capital.
L'économie va mieux. La presse conservatrice nous promet que les grandes entreprises croient en la reprise. Le chômage, d'après l'INSEE, a bien reculé - r-e-c-u-l-é - à la fin de l'année dernière. Mais de rien, un zéro virgule de pourcentage de quelque chose de moins ... C'est statistiquement quelque chose, et humainement ... rien. 
Mercredi, on s'effraie. La Commission européenne place la France sous "surveillance renforcée". Il ne reste que quelques semaines avant que cette équipe ne soit remplacée par une autre. Pas sûr que la prochaine soit plus aimable.  Pour l'heure, la Commission (pré)voit un déficit budgétaire français encore à 3,9% en 2015. "L'étau se resserre sur la France", menace l'éditorialiste des Echos ce 6 mars. La France ne s'engage pas assez dans l'austérité souhaitée par certains néolibéraux. A Paris, la ministre de la Santé promet quelques améliorations insuffisantes aux sages-femmes en colère contre le statut depuis deux ans déjà.
Plus loin en Europe, l'Ukraine se débat avec son printemps. Vladimir Poutine, le "surhomme" du Caucase, envoie ses troupes en Crimée, le Parlement local vote le rattachement à la Russie voisine. Des miliciens pro-russes expulsent les diplomates onusiens. La négociation multi-latérale a fait long feu.
En France, la gauche de la gauche réclame l'abstention. Jean-Luc Mélenchon assimile l'opposition ukrainienne à des nazis et/ou des corrompus. Il préférait le statu quo. L'un des trois dirigeants de l'opposition victorieuse est bel et bien un néo-nazi.  Mais il est loin d'être seul à la manoeuvre.
Faut-il s'abstenir d'applaudir l'organisation de nouvelles élections ?
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L'espace d'une semaine, nous avions presque oublié François Hollande.
Presque.
Ami sarkozyste, n'en fais pas trop.
Cela ne te réussit pas.
Crédit illustration: DoZone Parody

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