Aujourd'hui, grâce à Dieu et aux banksters, c'est fini. Il n'y a plus d'exploité(e)s. Chansons et galipettes! Ritournelles! Heureuse époque! que celle de l'égalité des chances.
Liquidons l'expression avec les armes du Kapital. Le concept n'est pas... opérant. Figurez-vous, quand on nous montre des "exploité(e)s", notre sang ne fait qu'un tour : "Comment? des exploité(e)s! les malheureux! mais qui ose les exploiter?"; et, ça peut même se poursuivre en : "sortez les fourches et les piques!" Bref, l'exploitation? un processus contre lequel on a envie de penser et d'agir.
Et "l'égalité des chances"? Le refrain est différent, un peu. "Hé mon vieux, t'as pas eu de bol, c'est dommage pour toi" (version de gauche) complété par "T'aurais pu faire un peu plus d'effort, on a tous eu les mêmes chances" (version de droite). L'essentiel : on va pas faire! ni même penser! la révolution pour des gusses qui manquent de chance et/ou de courage.
Il est là le génie de l'expression : il renverse la chaîne de responsabilités. La société est organisée de telle manière à ce qu'il y ait un ordre social... Avant, on pensait l'organisation sociale responsable et il fallait donc en changer. Aujourd'hui, ce sont les victimes de l'ordre social qui en sont responsables et : eux doivent changer.
Et maintenant, avec nos armes!...
L'égalité des chances? Bug! Avant, on appelait ça un oxymore. Vous avez constaté, j'imagine avec effroi ou irritation, que je ne cesse de revenir en arrière. Je préfère oxymore à bug, je l'avoue. Revenons à nos moutons. Soit c'est l'égalité, soit c'est les chances. L'autre annule l'un. L'égalité des chances, c'est l'Aveu! l'aveu de l'idéologie capitaliste, la Valeurs. Et je rappelle : valeurs du capitalisme = valeurs du sport.
Avant, le sport n'avait pas de valeurs (de valeur). Soyons plus précis : il y avait deux types de sport - les tournois et la soule. Les tournois, ça c'est du sérieux, c'était pour les Chevaliers, les Grands Féodaux, règles! cérémonies! élite! pré-Coubertinisme à 100%. Mais la soule, ça c'était pour la canaille, la piétaille, les gueux, les manants quoi... un vulgaire estomac de vache plus ou moins rond posé entre deux villages, les brutes épaisses dégénérées des temps obscurs (ils n'ont pas lu Voltaire) doivent le déposer quelque part. Pas vraiment de règles, tous les coups sont parfois permis, ça pouvait durer plusieurs jours, enfin n'importe quoi vous voyez bien... Par la Grâce de la Modernité, la vie toute entière s'est éclairée, rationalisée, normalisée, et pacifiée. C'est-à-dire que l'exploitation féodale a été remplacée par l'exploitation capitaliste, laquelle a le désavantage de concentrer désormais les manants-ouvriers dans les villes quand les manants-paysans étaient équitablement répartis sur le pays... Ah! Oh! manants regroupés égale problème! Achtung! Troubles! Révoltes! et la discipline, bordel?! Alors, dans les collèges anglais du XIXe siècle, on a une idée. Les gamins de manants y deviennent irrévérencieux (si, si!) et voilà qui pourrait faire trembler les bases de la société (les banquiers en haut, la populace en bas). Une solution! Et là, l'idée de génie!... plutôt que les gamins de manants passent leurs nerfs sur leurs professeurs, il faut qu'ils se battent entre eux. Il y avait dans les temps obscurs des jeux qui plaisaient aux gueux (la soule), il faut les faire jouer à ça, mais en normalisant le jeu. Le football et le rugby étaient nés. D'une pierre deux coups! On détourne l'énergie populaire vers quelque chose d'inoffensif socialement... et on inculque aux manants les règles et les valeurs de la société moderne. Les valeurs du sport? Les valeurs du capitalisme!... Un semblant d'égalité (pour le lièvre comme pour la tortue, la ligne de départ est la même)... idéologie du Progrès... propagande méritocrate... univers normalisé rationalisé mécanisé standardisé robotisé... etc. Arrive là-dessus le Baron - le Baron! pour placer le dix de der : l'Olympe! Le triptyque de "l'éducation du peuple" est depuis bien en place : compétition sportive, mérite scolaire, concurrence capitaliste. Il faut donc à la fois supprimer le BAC et le chronomètre du Tour de France. Voilà qui ne ferait pas plaisir à l'oligarchie, mais à nous non plus, qui avons appris le BAC et le chronomètre comme notre univers. Évidemment... On en redemande, même!Ah! mais on veut du PSG! Hystorique! On l'aime le "marché des transferts"! Croyez-moi si vous voulez, voilà ce que j'ai lu dans L'Equipe :
L’Émir du Qatar recrute Bamboula pour 420 millions d'euros, dont l'agent nous a raconté l'entretien d'embauche. - Émir du Qatar : là! un Bamboula! attrapez-le!- son conseiller : vous faites erreur... c'est un singe... (® D)- Émir du Qatar : autant pour moi... et là bas derrière le talus?- son conseiller : cette fois vous avez raison!Je sais... vous allez dire... j'abuse... c'est pas de l'esclavagisme... Bamboula est payé très cher... Ferari (je sais pas l'écrire, mettez les ® où il convient)... champagne... boîtes de nuit... i-phone gratuit peut-être?!... Byzance quoi! va pas se plaindre le Bamboula. Alors je réplique. L'argent du capitalisme est ni plus ni moins de la fausse monnaie. Du vent! que dalle... Si ce n'est : le sang du pauvre (Léon Bloy). Si ce n'est... et ce n'est pas grand'chose, dans l'esprit du capitaliste, le sang du pauvre... L’Émir du Qatar, il débourse 420 millions le lundi, il ne le sait même plus le mardi en se réveillant. Cet argent n'existe pas! pétrodollars virtuels. Dépense : zéro. Profit : énorme! Kolossal! privilèges et tranquillité sociale. Ça n'a pas de prix. La valeurs du sport. Hystorique.
au Bamboula : ksss ksss toi venir ici ksss ksss toi vouloir banane?- Émir du Qatar : finissons-en!- son conseiller : tiens Bamboula! toi voir ballon? toi taper dedans! noix de coco! pareil!- Bamboula : ?- Émir du Qatar : bienvenue au PSG, nous nous félicitons de notre collaboration