Le récit invite à suivre les pas d’Elliot Friedman, le fils particulièrement cultivé d’un épicier qui vient de s’installer dans un quartier peu reluisant de Baltimore et qui se lie progressivement d’amitié avec les jeunes dealers du coin. Au fil des pages, Ducoudray intègre d’autres personnages charismatiques à ce décor riche en graffitis et en impacts de balles. Il y a tout d’abord cet ex-militaire qui revient d’Irak dans un avion rempli de cercueils de soldats morts au combat, mais également Ellis One, un ancien caïd de retour de prison après avoir survécu à la chaise électrique.
Mais, en filigrane du parcours initiatique de ce gamin sur fond de guerre des gangs, ce premier tome propose également une chronique sociale plus profonde qu’escomptée. Entre les gunfights, l’auteur pointe en effet du doigt les lacunes de ce pays qui abandonne ses anciens combattants une fois revenus du front et qui n’hésite pas à expulser les citoyens victimes de la crise des subprimes de leurs maisons.
Visuellement, le trait nerveux de Guillaume Singelin accompagne avec brio ce scénario percutant. Proposant des planches fourmillantes de détails et des personnages particulièrement expressifs, il insuffle énormément de dynamisme aux scènes d’action et installe une ambiance aux petits oignons tout au long de cette saga à la fois délirante et intelligente.
Une excellente surprise, disponible dans toutes les bonnes épiceries !