Je vous parle d’un pays où les hommes politiques sont incapables de prendre des mesures efficaces sur le long terme car uniquement préoccupés par leur prochaine ré-élection. Où les syndicats de salariés, dont les préoccupations sont essentiellement corporatistes pour cause d’élection, refusent tout changement de société et qui confondent obligation de moyens et obligation de résultats, figeant le pays dans l’âge glacière de la lutte des classes. Ce sont des syndicats qui considèrent l’entrepreneur comme l’ennemi absolu. Je vous parle d’un pays où les syndicats patronaux sont incapables d’encadrer les exigences démesurées de leurs actionnaires au détriment des entreprises. Dont les citoyens votent pour les politiques les plus démagogiques, c’est-à-dire ceux qui leur promettent de régler leurs petits problèmes personnels au lieu de servir l’intérêt général. Les électeurs de ce pays, véritables girouettes de conviction, changent systématiquement d’opinion à peine un an après leur vote et se prélassent dans l’invective du « tous pourris ». C’est un pays où le monde de la finance se moque totalement de l’économie réelle du pays et cherche par tous les moyens, même illégaux, d’engranger le maximum d’argent et où la richesse des fainéants se construit sur la dépouille des gens utiles. Un pays où les salariés n’ont aucune mobilité, attachés au petit pavillon de banlieue et qui préfèrent le chômage plutôt que de changer d’entreprise. Ses partis politiques, gangrénés par la guerre de médiocres sous-chefs, restent campés dans une attitude caricaturale d’affrontement et sans aucune efficacité, où la satisfaction des ego supprime la réflexion constructive. Son gouvernement est un gouvernement de la parole qui repousse constamment les décisions opérationnelles urgentes et se cache derrière des slogans et la langue de bois. C’est le seul pays où le Président de la République et le Premier ministre ont pris leur fonction sans avoir la moindre expérience gouvernementale préalable. C’est aussi un pays où le précédent Président de la République a été espionné par son plus proche conseiller et mis sur écoute par la magistrature, où les bureaux de celle-ci sont ornés par un « mur des cons ». C’est un pays où l’industrie est en ruine, l’agriculture en dépérissement et les jeunes sans espoir d’avenir (no future). C’est un pays où de nombreuses communes n’ont aucun candidat pour les prochaines élections municipales. Les média de ce pays s’amusent à une course à l’échalote pour être celui qui sortira le dernier scandale à la mode politique. Ces média sont, en permanence, encombrées par des soi-disant politologues ou experts dont la logorrhée est systématiquement contredite par les faits. C’est un pays dont les dépenses, en pourcentage du PIB, sont aussi importantes qu’en Suède et en Norvège, mais où la pauvreté a pris des proportions considérables et dont les trottoirs sont envahis par les SDF dont 450 sont morts dans la rue l’année dernière et où plus de dix millions de personnes ont renoncé aux soins, pendant que les patrons de banques s’octroient des salaires considérables. C’est un pays où les banques, les grandes entreprises, les professionnels du sport et du spectacle, les citoyens les plus riches se bousculent pour camoufler leur richesse dans les paradis fiscaux et changent de nationalité, pendant que la très grande majorité des citoyens souffre d’une pression fiscale constamment en hausse et d’un marché de l’emploi en constante dégradation. C’est un pays en lent mais inexorable déclin. Quel est ce pays ? Mais c’est la France !