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« Se battre », un art du documentaire citoyen

Publié le 07 mars 2014 par Jean-Pierre Jusselme

scene se battre 1 Se battre, un art du documentaire citoyen

Le documentaire Se battre a été tourné à Givors  Projeté en avant première au Ciné Chaplin à Rive de Gier e au Méliès à Saint-Etienne, le film est sorti  le 5 mars 2014 en France.

scene se battre 1 300x225 Se battre, un art du documentaire citoyenCachez cette misère que l’on ne saurait voir ! Les tartuffes ont fait école. Heureusement, les intellectuels et les artistes ont encore des yeux et des oreilles. Les invisibles de Rosanvallon et maintenant combattants de Jean-Pierre Duret et Andréa Santana nous rappellent qu’ils sont bien là, à nos portes. Aujourd’hui, pour 13 millions de Français, la vie se joue chaque mois à 50 euros près. Derrière ces statistiques, se livrent au quotidien des combats singuliers menés par des hommes et des femmes porteurs de rêves, d’une rage de s’en sortir, d’un désir de révolte, et des mots pour le dire. À leurs côtés, des bénévoles se donnent sans compter pour faire exister un monde plus solidaire et plus juste.

Givors « Une ville représentative de la France d’aujourd’hui, qui a perdu en quelques années tous ses emplois industriels, où tout est à reconstruire. » est le théâtre de ce documentaire sans concessions ans L’équipe du film est allé à la rencontre  des gens du Cercle italien, du Cercle portugais, du Cercle espagnol, des Jardins de Lucie, entreprise de réinsertion par le travail, une boucherie Hallal – Au bon gigot – , les Restos du cœur de Givors,  le Secours populaire. Ils ont apprivoisé ces vrais gens pour « établir une relation de confiance avec eux ». Un  travail de proche en proche qui a duré trois mois et débouché sur cent-dix heures de rushs au total, puis cinq mois de travail acharné avec la monteuse. « Tout un peuple, qui se bat pour vivre et qu’on essaye de gommer par tous les moyens. »

La France est en train de s’enfoncer très rapidement dans une société à deux vitesses. Quinze millions de personnes mises à l’écart, des travailleurs pauvres, des retraités, des étudiants, des chômeurs plus ou moins jeunes, des femmes seules avec enfant… Non seulement ces personnes portent le poids de la culpabilité d’être pauvres, non seulement elles sont mises au bord de la route, mais, en plus, il faudrait que ce soit de leur faute ! Un Français sur cinq obligé de vivre tout ça, tout seul, dans son coin, et dont la parole n’est ni entendue ni reconnue. On plaque sur eux des mots terribles, des mots qui font mal comme déclassés, assistés et, en plus, on voudrait nous faire croire que ces personnes n’ont rien à nous apporter.

Jean-Pierre Duret

scene se battre 2 300x225 Se battre, un art du documentaire citoyen

 Ce beau documentaire de Jean-Pierre Duret et Andrea Santana est une photographie, avec le son d’une certaine France à la lisière, chargée par la désindustrialisation et le chômage de masse mais qui continue de se battre pour assurer l’avenir. Le réseau de solidarité leur permet de tenir encore bon. Les auteurs ont filmé  les bénévoles pour témoigner de l’existence d’un être collectif et d’un tissu social dans ce pays qu’on dit atomisé.

Avec la voix, on ne peut pas tricher. Quand on essaye de cacher des choses, la voix fait transparaître ce que l’on est. Parce qu’elle reflète ce que l’on a de plus intime, elle doit être très bien traitée. A condition d’être patient et d’inspirer confiance, viendront les mots les plus enfouis, ceux dont la charge émotive est la plus forte. En plus, la langue sera belle, tout le contraire de la télévision avec ses mots hachés, interrompus, qui ne représentent rien de la personne que l’on voit.

Jean-Pierre Duret

Un jeune champion de kickboxing et sa mère vivant en HLM, une ex-directrice commerciale qui coupe sa chasse d’eau pour la facture, une mère séparée de son fils jardine pour se réinsérer, une famille roumaine compressée dans un gourbi, le casting est proche de films comme ceux des frères Dardenne avec lesquels Jean Pierre Duret a travaillé comme ingénieur du son.  La morale de la fable est impeccable :  il serait urgent qu’on permette à des jeunes gens comme eux d’espérer en leur pays.

C’est un constat : les personnes que nous avons rencontrées n’ont pas de rancœur, elles ne sont pas dans la plainte. Une approche rapide de ces mêmes personnes aurait peut-être conduit à une rengaine superficielle, à des paroles convenues entendues sans cesse à la télé. Je sais très bien qu’un certain discours politique, consistant à monter les classes populaires les unes contre les autres, a fait mouche. Par exemple, entre ceux qui touchent le RSA et ceux qui travaillent moyennant de tout petits salaires. Même s’ils ont une grande colère en eux, les gens que nous avons rencontrés ont comme ambition de continuer à se tenir debout.

SE BATTRE

Un film de Jean-Pierre Duret et Andrea Santana

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Se battre
Se battre Bande-annonce VF

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