Le phénomène « Happy » se propage sur Youtube. Des centaines de videos copient à l’infini le clip de Pharrell Williams. Pourquoi toutes les villes françaises participent à ce projet à la con ? La Grande Dépression a regardé toutes les videos jusqu’à l’overdose. Je suis flapi.
En décembre dernier, Pharrell Williams sort un clip de 24h de son morceau « qui file la pêche le matin » tourné dans les rues de Los Angeles.
Dans la foulée, un parisien a voulu montrer que Paris était aussi cool que L.A. LOL ! Il a donc réalisé une vidéo un peu pourrie « Happy From Paris ». Bien mal lui en a pris. Tous les connards du monde entier possédant un Canon Mark II ou même un camescope VHS, se sont dit « ah bah tiens je vais faire pareil avec ma ville. » Et c’est alors que le phénomène « Happy » a proliféré aussi vite que le SIDA dans les milieux artistiques new-yorkais des années 80.
Attention, le phénomène est mondial ! En quelques clics, tu voyages. Naples, Dakar, Hong Kong, Vilnius, Gstaad. Il y a même Kiev où les manifestants de Maïdan donnent leur définition du mot Heureux. Très émouvant !
Et puis tu commences à tomber sur des villes françaises : Angers, Rennes, Bastia, Melun…Passer de Los Angeles à Melun c’est un peu comme de zapper de Breaking Bad à Louis La Brocante. Le coté déprimant en plus. Pourtant, toutes ces vidéos tentent de vendre du rêve en clamant que l’on peut être heureux en Province dans des villes comme Dunkerque, Saint Etienne ou Le Havre. Forcément ça fait marrer. Surtout que c’est le grand concours entre les villes : c’est à celle qui produira la vidéo qui fait le plus tièp’.
Parfois c’est carrément des publicités déguisé en vidéo amateur. We are Happy from Tahiti a été faite par l’office du tourisme pour nous vanter les charmes de l’ile. Bien sûr qu’ils sont happy les tahitiens… avec leur 20 % de chômage ! Un petit malin a même réalisé une video pour la ville de Laval alors que tout ce qu’il veut vendre, c’est son entreprise Réseau Maison et Services. Je n’ai pas bien compris dans quel domaine il travaillait mais ça ne doit pas être le marketing parce que se filmer partant bosser dans les brouillards de l’aube, ça fait flipper ! On dirait un film de zombie avec des cadres commerciaux.
A noter que Clermont-Ferrand n’a pas fait de video “Happy From”. Un beau moment de lucidité pour cette ville qui n’a pas dessaoulé depuis la création de Michelin.
Je dénigre mais quand même, grâce à Happy, j’ai découvert des villes. Je ne connaissais pas Dole par exemple. Et maintenant que j’ai vu la vidéo, je sais pourquoi.
« Le fameux déhanché dolois »
Nous sommes nombreux à dire que la plaisanterie a assez duré. Arrêtons le massacre. Si l’idée vous prend de vouloir faire une vidéo « Happy » pour n’importe quelle raison, classer cette idée au rayon « idée de merde » et posez-vous cette question : qui ça intéresse de regarder des videos pourris avec des gens qui dansent comme des myopathes un soir de Téléthon ? Parce que si le phénomène continue, on n’est pas à l’abri d’un nouveau Lip Dub de l’UMP. Et là ce serait la porte ouverte aux dérapages ! Imaginez que Anders Breivik fasse une version de « Happy » fusil d’assaut à l’épaule pour promouvoir l’ile de d’Utoya ! C’est ça que vous voulez ?