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Mon édito au Journal 128 de l'ADMD

Publié le 07 mars 2014 par Jeanlucromero

Ca ne peut plus durer !
Combien de temps Vincent Lambert va-t-il devoir encore attendre sa délivrance, cloué dans son lit de douleurs, retenu contre son gré par le rythme régulier, incessant et angoissant de machines qui, contre toute évidence naturelle et raisonnable, le maintiennent dans un état de survie artificielle qu’il avait toujours, de son vivant, refusé ? Notre association n’intervient pas dans ce drame familial où la mort côtoie le fanatisme et le sectarisme. Pourtant, quel exemple de l’échec total de la loi Leonetti  que nous dénonçons depuis de très nombreuses années. Jean Leonetti qui disait fièrement, il n’y a pas si longtemps encore, que sa loi était la meilleure du monde… Vincent Lambert, ou l’alternative entre acharnement thérapeutique, sous assistance totale pour les prochaines décennies, et sédation ainsi que privation d’alimentation et d’hydratation dans le cadre de la loi du 22 avril 2005 et du décret du 29 janvier 2010. Le choix entre la vie coûte que coûte et la mort de faim et de soif. Et pourtant, une loi qui aurait été votée depuis de nombreuses années aurait permis de sauvegarder la dignité de Vincent en lui permettant, conformément à sa volonté, de bénéficier d’un geste actif qui l’aurait mis à l’abri de cette agonie. Après Vincent Humbert, après Hervé Pierra, après Chantal Sébire, après Rémy Salvat, après tous ces anonymes devenus des ombres, nos disparus, voici Vincent Lambert dont le corps martyrisé est exposé en place publique par la faute d’une loi mal foutue.
Le drame de Vincent Lambert doit faire comprendre au président de la République qu’il est plus que temps pour notre pays de quitter la barbarie, les décisions imposées, pour accepter la démocratie sanitaire, y compris à la fin de la vie. La ministre de la santé devra(it) proposer un texte de loi dans le courant de cette année 2014. Et gageons que les sénateurs, si rien ne se fait, prendront eux-mêmes l’initiative. Ce fut le sens de la démarche effectuée le 13 février avec la discussion, en séance publique, d’une proposition de loi visant à autoriser l’assistance médicalisée pour une fin de vie digne. Autour de ce texte, plusieurs sénateurs de différentes aspirations politiques se sont regroupés. Une mobilisation en forme de mise en garde du gouvernement. « Légiférez ou nous le ferons nous-mêmes… »
Cette année 2014 sera encore une année riche en mobilisation. Du 3 au 9 mars, nos bénévoles sont allés à la rencontre des Français pour les informer de ce que nous demandons, de ce que nous craignons et de ce qui se fait aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg. Ils sont allés vers les Français pour rappeler que la loi de liberté que nous voulons sera une loi respectueuse des consciences en permettant à chacun de décider pour lui et pour lui seul de ce que sera sa mort, lorsque la fin de vie est là. Une loi d’ultime liberté car nul n’a le droit de nous imposer ses choix.
Nous devons obtenir ce droit d’éteindre nous-mêmes la lumière.

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