C’est la prouesse de chercheurs de l’Université de Pennsylvanie, en collaboration avec des collègues l’Albert Einstein College of Medicine et des scientifiques de Sangamo BioSciences, la biotech qui a développé cette technologie, nommée « SB-728 » ou ZFN technology qui a permis de modifier les cellules immunitaires de ces 12 patients séropositifs. Car le concept est de modifier des cellules T d’un patient infecté par le VIH en leur apportant une résistance naturelle au virus, lui réinjecter ces cellules modifiées et lui permettre ainsi de contrôler sa charge virale sans avoir besoin de médicaments.
Le chercheur principal, le Dr Carl H. June, professeur d’immunothérapie à l’École Perelman de Médecine de Penn est convaincu que les cellules T modifiées sont la clé pour éliminer la nécessité d’un traitement à vie, voire parvenir à traiter le sida.
La technologie ZFN, utilisée pour modifier les cellules T chez les patients est une sorte de "ciseaux moléculaires » qui va permettre d’imiter une mutation rare sur le gène CCR5 (la mutation delta-32), qui a la précieuse particularité d’apporter une résistance naturelle au virus. Cette résistance naturelle au virus est retrouvée chez seulement 1% de la population générale. Or CCR5 est le co-récepteur majeur utilisé par le VIH pour infecter les cellules du système immunitaire. L’équipe a ainsi injecté aux patients environ 10 milliards de lymphocytes T modifiés, sur 3 ans environ.
6 des patients traités ont pu arrêter leur thérapie antirétrovirale pour un maximum de 12 semaines, seulement 4 semaines après la perfusion, 6 autres patients sont restés sous traitement.
Globalement la thérapie a été bien tolérée, écrivent les auteurs et les lymphocytes T modifiés persistent chez les patients, y compris dans les sites connus pour être des réservoirs du virus.
L’approche apparaît ainsi également prometteuse dans sa capacité à supprimer le virus.
Ce n’est pas la première thérapie basée sur la mutation de CCR5 : En 2010, un patient qui vivait avec le sida depuis 10 ans était considéré comme « guéri », 3 ans après une greffe de cellules souches, provenant d’un donneur porteur de la précieuse mutation génétique.
Enfin, cette approche, qui consiste à protéger du VIH les cellules T doit faire l’objet d’autres essais cliniques sur un plus grand nombre de lymphocytes T modifiés et sur un plus grand nombre de patients, mais elle ouvre une toute nouvelle stratégie thérapeutique, très prometteuse.
Source: New England Journal of Medicine 6 March 2014 DOI: 10.1056/NEJMoa1300662 Gene Editing of CCR5 in Autologous CD4 T Cells of Persons Infected with HIV et Penn Medicine Personalized Gene Therapy Locks Out HIV, Paving the Way to Control Virus Without Antiretroviral Drugs (Visuel Sangamo BioSciences)