69, avenue du Général Leclerc 93500 Pantin
Mardi-Samedi, 10h-19h
+33 (0)1 55 89 01 10
GRATUIT
Au-delà de tous les poncifs qu’on a pu relever dans les nombreuses coupures de presse qui ont étayé l’ouverture de la galerie Thaddaeus Ropac à Pantin (sa confrontation avec la succursale Gagosian au Bourget, l’insécurieté qui gangrène la Seine Saint Denis ou le discours portant sur une potentielle brooklynisation de Pantin), il faut admettre que l’ambition et l’initiative qui habite ce galeriste autrichien impose le respect. L’écriture d’un article consacré aux lieux qui prouvent que Paris tient toujours son rang en matière d’art contemporain se devait donc d’y faire référence.
Lors de la rénovation de cette jolie usine aux briques rouges, jadis consacrée à la production de chaudrons et classée au titre des monuments historiques, qui pouvait prédire si la greffe Ropac allait prendre à Pantin ? En créant un espace de 4 000 m² ouvert au public depuis octobre 2012, le pari était risqué.
Le bâtiment principal, véritable écrin industriel, à deux pas du canal de l’Ourcq, est composé de 4 nefs, dont la plus imposante culmine à une dizaine de mètres de hauteur. Lors de son ouverture, il a accueilli une exposition consacrée aux peintures d’Anselm Kieffer. Au printemps 2013, une première exposition collective intitulée "Disaster" s'y est tenue et à la rentrée de septembre dernier on pouvait y admirer une superbe exposition intitulée "Le côté sombre" du célèbre peintre et sculpteur allemand Georg Baselitz. Actuellement, et ce, jusqu’au 15 février prochain on peut y visiter une nouvelle exposition collective, conçue comme un large panorama de la scène New yorkaise actuelle : Empire State, New York Art Now. Cette dernière laissera place en mars à une rétrospective consacrée au portraitiste américain Alex Katz.
© courtesy Galerie Thaddaeus Ropac
Dans un même temps, un autre bâtiment (qui compte aussi en son sein un petit restaurant appelé le Café bleu), est consacré quant à lui à la performance. Iphigénie de Joseph Beuys y a été donné à l’ouverture en 2012 et depuis lui ont succédé tour à tour : Erwin Wurm (mars-juin 2013), Matali Crasset (juin-juillet 2013) et Oliver Beer (octobre 2013).
Si ce lieu se prête aussi bien à des expositions de type monumental, c’est qu’il s’inscrit parfaitement dans les clous délimités depuis quelques années par les caciques de la production artistique contemporaine : voir toujours plus gros, toujours plus grand. On pourra admirer (ou non) au printemps, une œuvre monumentale du couple Kabakov, représenté par la Galerie Thaddaeus Ropac.
En quittant cette incroyable galerie mastodonte aux portes de Paris, on se souvient de la frontière qui existait mais qui tend à disparaître complètement aujourd’hui entre musée et galerie. En considérant l’offre proposée aujourd’hui par les musées d’art contemporain, qui eux, cherchent par tous moyens à développer leur audience commerciale, en observant le rapprochement qui s’opère entre les différentes programmations, en admettant que la superficie de la surface d’exposition n’est donc plus un critère de distinction, cela nous conduit à s’interroger sur les différences profondes qui subsistent entre de telles initiatives privées et le monde des musées.
Si les superlatifs ne manquent pas lorsqu’on évoque cette gigantesque galerie, la question centrale demeure de savoir quel public vient s’aventurer jusque dans ce lieu si particulier. A ce sujet, bonne surprise : on y croise aussi bien des conservateurs de musée, des pantinois ravis de voir leur ville accueillir une telle initiative, quelques people en goguette, des touristes, des collectionneurs français et étrangers et bien sûr de nombreux parisiens bravant l’interdit séculaire les confinant ad vitam aeternam dans ce paris intramuros dont il s’agit désormais de s’émanciper.