De l'art brut à Paris !

Publié le 19 février 2014 par Marcel & Simone @MarceletSimone

Joe Coleman, ‘Portrait of Professor Mombooze’, détail, 1986 / © Collection particulière

Cet hiver, l’art brut envahit Paris et c’est le moment de se mettre à la page !

En 1945, l’artiste Jean Dubuffet, à la recherche de nouvelles sources d’inspiration, se penche vers des productions de créateurs inconscients, hors de toute scène culturelle, n’ayant reçu aucune éducation artistique. Il collectionne toutes sortes de sculptures et de dessins fous et nomme cela « art brut ». Ces nouveaux artistes, qu’il appelle « les irréguliers de l’art » ne s’embarrassent pas des codes, du goût actuel et réinventent les règles de l’art.

Dubuffet ayant interdit à plusieurs collectionneurs d'utiliser le terme d'"art brut", on trouve aujourd'hui d'autres expressions comme art singulier, art hors normes, art spontané... tout ça pour nous embrouiller!

Depuis 20 ans, la Halle saint Pierre, à Montmartre, présente dans un ancien marché de tissus du XIXe siècle, des expositions consacrées à cet art singulier. Cette année, elle fête les 25 ans de la Revue Raw Vision, référence pointue de l’art hors normes. Fondée en 1989, elle est la première à défendre cette création.

Avec 80 artistes et plus de 400 œuvres, cette exposition extraordinaire nous plonge dans ce monde visionnaire des génies méconnus. Le choix des œuvres est très complet, on admire dessins, sculptures et autres conceptions d’artistes de tous pays, du Congo jusqu’à la Finlande. Certains noms sont déjà familiers aux amoureux de l’art brut, des célébrités comme Dalton Ghetti et Henry Darger avec ses fillettes aux sexes masculins. Ils ont été récemment présentés à Paris, à l’exposition Hey de la Halle Saint-Pierre ou encore au Museum of Everything, événement éphémère et burlesque de l’hiver dernier.

Henry Darger, At Calmanrina, 1930-1972, Collection de l'Art brut, Lausanne © Halle Saint-Pierre

Le bizarre et la folie règnent dans ce lieu, chaque œuvre est plus étrange que la précédente. On croise des projets fous, démesurés ou minuscules mais l’on retrouve ce goût commun de la minutie. Dalton Ghetti sculpte dans des mines de crayon, Pradeep Kumar dans des cures-dents, Tom Duncan reproduit Coney Island avec de petits jouets en plastique.

Dalton Ghetti, série de mines de crayons sculptées. Collection de l’artiste / Coney Island de Tom Duncan

Les artistes rencontrés sont des originaux, de l'asile à la contrée reculée, leur propre personne est souvent "hors normes". L'exposition porte une grande attention aux biographies de ces créateurs. Alexander Lobanov, par exemple a 6 ans lorsqu'il devient sourd et muet. Interné en hôpital psychiatrique, il y finit sa vie, peignant notamment des autoportraits où les armes à feu abondent. Rappelons le manifeste du célèbre Facteur Cheval: « Fils de paysan, paysan, je veux vivre et mourir pour prouver que dans ma catégorie, il y a aussi des hommes de génie et d’énergie ».

On ne peut pas tout vous expliquer mais rendez-vous à la Halle Saint-Pierre, ouvrez les yeux et émerveillez-vous!

Chéri Samba, L'Attachement aux racines, collection particulière © Halle Saint-Pierre

RAW VISION 25 ans d'art brut

du 18/09/2013 au 22/08/2014

Halle Saint Pierre
2, rue Ronsard -75018 Paris
ouvert tous les jours : en semaine de 11h à 18h
samedi de 11h à 19h / dimanche de 12h à 18h

TARIF: 8 euros / réduit: 6,50 euros

Si vous êtes de grands amateurs, je vous conseille également :

- La collection Bourbonnais, grand collectionneur d'art hors normes, exposée au Centre hospitalier de Sainte-Anne.
Musée Singer-Polignac, Centre d’Etude de l’Expression. Hôpital Sainte Anne
1, rue Cabanis 75014 Paris

Gratuit

- «Le Lointain», exposition à la Galerie Christian Berst

3-5, Passage des Gravilliers, 75003. Jusqu’au 1er mars.

Gratuit