Le temps passe et rien ne
se passe, voilà ce que doivent penser beaucoup de Français en cette période de
flottement entre les belles paroles de Janvier et les décisions
concrètes.
Le discours de François Hollande lors de ses vœux en décembre dernier, puis
à l’occasion de sa conférence de presse de fin Janvier nous a abreuvé de bonnes
intentions dont la teneur a globalement été appréciée.
Au cœur du discours il y avait bien évidemment le pacte de responsabilité et
plus généralement la reconnaissance que ce sont les entreprises qui créent
l’emploi. Il y a la nécessaire baisse des dépenses publiques, le dispendieux
millefeuille territorial et même la fraude sociale, c’est pour dire.
Il y avait même, au moins en creux, une certaine idée d’urgence à faire les
économies destinées à nous permettre à la fois de financer le pacte de
responsabilité prévu pour 2014 et de ramener notre déficit à moins de 3% d’ici
2 ans.
Parfait, certes on aurait pu se dire que ce discours il aurait pu le tenir
il y a 2 ans, mais ne faisons pas la fine bouche, c’est mieux que rien. Par
contre, plus on a tardé, plus il faut faire vite.
Dans ces conditions quasi extrêmes, il faut directement passer des paroles
aux actes sans passer par la case atermoiements. Il faut balancer un plan
précis et imposer sa mise en œuvre dans un calendrier réaliste mais néanmoins
hyper serré.
Or, rien de tout cela !
Au lieu de ça, on joue la concertation à fond et on demande à tel ou tel
organisme, à telle ou telle personnalité de nous pondre un rapport qui servira
de base de discussion avec tout ce que la France compte d’intéressés.
En attendant que tout ce petit monde se mette d’accord, on évoque ici et là,
plus ou moins en vrac, quelques grandes et petites pistes, rarement très
précises, et on attend de voir quelles seront les réactions.
Bien évidemment, la moindre fuite provoque une réaction véhémente de la part
de ceux qui se sentent à tort ou à raison lésés. Et bien évidemment, le
Gouvernement s’empresse de rassurer tout ce petit monde en jurant ses grands
dieux qu’il n’a rien décidé et surtout pas de s’engager dans cette voie
absurde.
Evidemment encore, à chaque fois c’est une option en moins dans un stock de
possibilités pourtant déjà bien maigrichon.
Parce qu’il s’agit quand même de trouver au minimum 50 milliards d’euros
d’économies et 50 milliards ça ne se trouve pas sous les sabots d’un
cheval.
Et manifestement pour le moment, François Hollande et son gouvernement n’ont
aucune idée sur la manière de les trouver. Tout ce qu’ils savent c’est là ou on
ne peut pas les trouver: « On va regarder politique par politique,
avec le souci de ne pas toucher à la protection sociale. » (sic
François Hollande conférence de Presse).
Autant dire qu’ils sont dans le brouillard le plus total.
Pire encore, les quelques idées les plus souvent évoquées commencent à être
sinon écartées du moins rognées.
Le millefeuille territorial en est un premier exemple.
François Hollande lui-même, lors de sa conférence de presse nous parle du
coûteux millefeuille et nous explique qu’il faut lui faire subir une drastique
cure d’amaigrissement. Parfait ! Il précise même qu’il faudra en finir
avec ce peu efficient principe de compétences générales. Très bien ! Et
alors que l’on attendait qu’il nous indique un mode opératoire clair et à peu
près précis, rien ! à l’exception d’une très maigre incitation financière
pour tous ceux qui spontanément accepteraient de se faire déposséder de leurs
prérogatives locales. Pire encore, il écarte d’entrée la suppression des
départements qui aurait pu être une option, peut-être radicale mais peut-être
également efficace.
En clair, rien ne se fera, à l’exception peut-être d’un symbolique
rapprochement de Paris et de quelques départements limitrophes dont le seul
tort aura été de ne pas avoir à leur tête une personnalité politique de premier
plan.
Idem avec le gel de l’avancement des fonctionnaires et des augmentations de
salaire qui vont avec. D’après les meilleures estimations l’économie pourrait
être d’environ 1 milliard d’euros par an.
Plus la peine d’y songer, la piste est enterrée avant même d’avoir été mise
officiellement sur la table.
Tout cela grâce à Peillon qui lâche en off et sans que personne lui ait rien
demandé, que ça serait une super idée. Résultat, tollé général et aussi sec
Ayrault s’empresse de rassurer ses électeurs les syndicats de
fonctionnaire en jurant son grand dieu que lui vivant une telle hérésie ne
verrait jamais le jour.
Si Peillon avait voulu saborder l’idée il ne s’y serait pas pris
autrement.
Par charité ne revenons pas sur la question du couteux régime des
intermittents sanctuarisé par
Filippetti et Sapin avant même que le MEDEF ne le prenne pour
cible.
Qu’est-ce qu’il nous reste comme idées lumineuses pour économiser des
sous.
Ah oui, les collectivités locales qui ont embauché à tire larigot et dépensé
sans compter.
Sauf que là encore, il ne sert pas à grand chose de faire des plans sur une
comète sur laquelle le Gouvernement a peu de prise.
Et on sait comment ça se passe dans ces situations ou une multitude
d’acteurs doivent faire des efforts pour arriver à un résultat significatif.
Chacun se prend pour une exception et trouve toujours un bon prétexte pour
continuer à dépenser. Il serait d’ailleurs intéressant de vérifier si en ces
temps d’élections municipales, les candidats ont bien intégrés dans leurs
programmes une baisse des dépenses !
Là encore rien de précis, rien d’imposé.
Pour nous faire patienter on nous dit que Michel Sapin s’occupe de rabioter
à droite et à gauche dans les budgets de l’Etat. Or, la Cour des Comptes dans
son dernier rapport
le dit clairement, il n’y a plus rien de conséquent à attendre de ce genre de
méthode. Et en tout cas certainement pas 50 milliards. Pire encore, demander
des efforts supplémentaires à certaines administrations risque même d’être
contreproductif.
Tout cela pour dire qu’autant les objectifs affichés du Gouvernements sont à peu près clairs, autant les moyens à mettre en œuvre pour y arriver sont tout à fait flous. Or comme dirait Martine, quand c’est flou c’est qu’il y a un loup. Et le loup c’est le manque de courage politique de François Hollande. Il n’y a plus de temps à perdre, il doit imposer ses solutions, l’heure n’est plus aux discussions sans fins, aux concertations interminables et inefficaces ou aux finasseries en tous genre. Il est déjà trop tard pour tenir l’engagement des 3% en 2015, presque trop tard pour ne pas basculer au dessus de 100% de déficit, essayons de faire en sorte qu’il ne soit pas trop tard pour redresser la France.